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    L'Actu vue par Remaides : IST en France en 2023 : plus de dépistages = plus de diagnostics ?

    • Actualité
    • 22.10.2024

    COURBE

    © DR

    Par Fred Lebreton

     IST en France en 2023 : plus de dépistages = plus de diagnostics?

    Le 11 octobre dernier, Santé publique France (SpF) a communiqué les chiffres des infections sexuellement transmissibles (IST) en France. Qui cherche trouve ? C’est ce qu’on comprend du bulletin de SpF qui écrit : « La hausse du dépistage s’accompagne d’une hausse du nombre de diagnostics des IST ». Cependant, l’incidence de certaines IST semble dépasser le nombre de dépistages. La rédaction de Remaides fait le point.

    Trois infections sexuellement transmissibles sont plus particulièrement surveillées : les Chlamydiae trachomatis, les infections à gonocoque et la syphilis. Les données présentées par Santé publique France (SpF) concernent à la fois l’activité de dépistage, le nombre de cas, le taux d’incidence et le taux de positivité.

    Infections à Chlamydia trachomatis

    En 2023, trois millions de personnes ont été dépistées au moins une fois pour une infection à Chlamydia trachomatis. Plus des deux tiers (70 %) des personnes dépistées en 2023 sont des femmes, avec un taux de dépistage environ deux fois plus élevé chez celles-ci que chez les hommes. Le taux est encore plus important chez les femmes de 15 à 25 ans, chez lesquelles la Haute Autorité de santé (HAS) recommande un dépistage systématique, mais également chez celles de 26-49 ans. Entre 2014 et 2023, le taux de personnes dépistées au moins une fois dans l’année pour une infection à Chlamydia trachomatis a plus que doublé.

    Le nombre de personnes diagnostiquées pour une infection à Chlamydia trachomatis au moins une fois dans l’année en secteur privé a régulièrement augmenté depuis 2014. En 2023, le nombre de personnes diagnostiquées a été estimé à environ 55 500, soit une augmentation de 10 % par rapport à 2021. Cette augmentation est observée chez les hommes (+ 23 %), notamment chez ceux de 50 ans et plus (+ 39 %), mais pas chez les femmes (- 3 %). Comme les années précédentes, le taux d’incidence (nombre de nouvelles infections) en 2023 reste beaucoup plus important chez les jeunes femmes de 15-25 ans. Parmi les hommes, ceux de 26-49 ans présentaient le taux d’incidence le plus élevé. Le nombre d’infections à Chlamydia trachomatis rapporté par les Cegidd dans le cadre de la surveillance SurCegidd est d’environ 19 000 en 2023. Les infections à Chlamydia trachomatis diagnostiquées en Cegidd en 2023 ont concerné 63 % d’hommes cis, 36,7 % de femmes cis et 0,3 % de personnes trans. L’âge moyen des personnes diagnostiquées pour cette IST était de 24 ans. Parmi les personnes pour lesquelles l’information était disponible, 20 % étaient nées à l’étranger. Les hommes hétérosexuels représentaient 39 % des cas, les HSH 22 %, les femmes hétérosexuelles 37 % et les femmes ayant des relations sexuelles avec des femmes (FSF) 2 %.

    Infections à gonocoque

    En 2023, 3,3 millions de personnes ont été dépistées au moins une fois pour une recherche de gonococcie. Les trois-quarts des personnes dépistées étaient des femmes, avec un taux de dépistage près de trois fois plus élevé chez celles-ci que chez les hommes. Entre 2017 et 2023, le taux de personnes dépistées au moins une fois dans l’année pour une gonococcie a doublé, de façon plus marquée chez les hommes que chez les femmes. Sur les trois dernières années (2021-2023), le taux de dépistage des gonococcies a augmenté de 20 % (28 % chez les hommes et 18 % chez les femmes), de façon plus importante chez les femmes de 50 ans et plus. En complément des dépistages remboursés par l’Assurance maladie, environ 235 000 dépistages gratuits d’infection à gonocoque ont été déclarés par les Cegidd pour l’année 2023, dans le cadre de la surveillance SurCegidd. Ces dépistages ont concerné 63,6 % d’hommes cis, 36,0 % de femmes cis et 0,4 % de personnes trans.

    Le nombre de personnes diagnostiquées pour une infection à gonocoque au moins une fois dans l’année en secteur privé a régulièrement augmenté depuis 2014. En 2023, le nombre de personnes diagnostiquées a été estimé à environ 23 000, soit une augmentation de 55 % par rapport à 2021. Cette augmentation est observée chez les hommes (+59 %) et les femmes (+46 %), notamment dans la classe d’âge des 50 ans et plus. Comme les années précédentes, le taux d’incidence était beaucoup plus important chez les hommes de 26-49 ans. Parmi les femmes, celles de 15-25 ans présentaient le taux d’incidence le plus élevé. Le nombre de gonococcies rapporté par les Cegidd dans le cadre de la surveillance SurCegidd est d’environ 10 700 en 2023. En 2023, ces diagnostics ont concerné 84,1 % d’hommes cis, 15,1 % de femmes cis et 0,7 % de personnes trans. L’âge moyen des personnes diagnostiquées pour cette IST était de 28 ans, mais plus jeune chez les femmes cis (22 ans). Parmi les personnes pour lesquelles l’information était disponible, 23 % étaient nées à l’étranger. Les HSH représentaient 60,5 % des cas, les hommes hétérosexuels 23 %, les femmes hétérosexuelles 15 % et les FSF 1,5 %.

    Syphillis

    En 2023, 3,3 millions de personnes ont été dépistées au moins une fois pour une recherche de syphilis. Les deux tiers des personnes dépistées en 2023 étaient des femmes, une proportion élevée expliquée, en partie, par le dépistage obligatoire de la syphilis pendant la grossesse. Sur les trois dernières années (2021-2023), le taux de dépistage a augmenté de 14 %, l’augmentation ayant été plus marquée chez les hommes que chez les femmes. En complément des dépistages remboursés par l’Assurance maladie, environ 220 000 dépistages gratuits de syphilis ont été rapportés par les Cegidd en 2023, dans le cadre de la surveillance SurCegidd. Ces dépistages ont concerné 66 % d’hommes cis, 33,6 % de femmes cis et 0,4 % de personnes trans.

    Le nombre de personnes diagnostiquées pour une syphilis au moins une fois dans l’année en secteur privé a augmenté depuis 2019. En 2023, ce nombre a été estimé à environ 5 800, soit une augmentation de 20 % par rapport à 2021. Cette augmentation était plus marquée chez les femmes (+ 27 %) que chez les hommes (+ 19 %), notamment dans la classe d’âge des 50 ans et plus. Le nombre de syphilis récente rapporté par les Cegidd dans le cadre de la surveillance SurCegidd est d’environ 2 500 en 2023. Ces cas ont concerné 86 % d’hommes cis, 12 % de femmes cis et 2 % de personnes trans. L’âge moyen des personnes diagnostiquées pour cette IST était de 34 ans : 35 ans chez les hommes cis, 25 ans chez les femmes cis et 30 ans chez les personnes trans. Parmi les personnes pour lesquelles l’information était disponible, 26 % étaient nées à l’étranger. Les HSH représentaient 67 % des cas, les hommes hétérosexuels 21 %, les femmes hétérosexuelles 12 % et les FSF (femmes ayant des relations sexuelles avec d’autres femmes) 1 %.

    Une "possible" augmentation de l'incidence des IST

    Dans sa conclusion, Santé publique France indique que « les données de surveillance montrent une augmentation du nombre de personnes diagnostiquées en 2023 pour ces trois IST. Cette augmentation est le fait d’une circulation accrue de ces infections, et différenciée selon les populations. Elle s’explique également par une hausse du dépistage ». Par rapport à 2021, cette augmentation a concerné les deux sexes et toutes les classes d’âge, mais chez les femmes, plus particulièrement celles de 50 ans et plus. Pour SpF, cette augmentation du dépistage des IST est « favorable au contrôle de leur diffusion grâce à la possibilité d’un traitement précoce ».  « La hausse du dépistage s’accompagne d’une hausse du nombre de diagnostics d’infections à Chlamydia trachomatis (uniquement chez les hommes), de gonococcies (hausse la plus importante) et de syphilis, qui peut aussi être expliquée par une possible augmentation de l’incidence », souligne, avec prudence, l’agence de santé publique. « En effet, sur la période 2021-2023, les augmentations du nombre de diagnostics sont parfois supérieures aux augmentations du nombre de dépistages, ceci étant observé pour les gonococcies dans les deux sexes et quelle que soit la classe d’âge, et pour la syphilis chez les femmes de tous âges ». Et Santé publique France de conclure : « Dans un contexte d’augmentation importante des gonococcies, les professionnels de santé doivent être re-sensibilisés au risque d’émergence de souches du gonocoque résistantes aux céphalosporines de 3ème génération et aux recommandations ».

    Pour lire le bulletin « Surveillance du VIH et des IST « bactériennes en France en 2023 » de Santé publique France.

    NB : La rédaction de Remaides a publié un article consacré aux données VIH en France en 2023.