L’Actu vue par Remaides : « L'inquiétude des PVVIH face à l'impact de la Covid-19 : leçons du contexte français »
- Actualité
- 29.03.2025
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Par Fred Lebreton et Jean-François Laforgerie
L'inquiétude des personnes vivant avec le VIH face à l'impact de la
Covid-19 : leçons du contexte français
Une étude menée en France en 2020 révèle que plus de 60 % des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) craignaient que la crise sanitaire liée à la Covid-19 n’entraîne des changements durables dans leur prise en charge. L’enquête ACOVIH publiée dans la revue scientifique JIAPAC (Journal of the International Association of Providers of AIDS Care) met en lumière les profils les plus vulnérables et l’impact d’un manque de communication avec les soignants et soignantes. Explications.
En fin d’article, une autre info Santé.
Une forte inquiétude face à l'avenir des soins
La crise sanitaire de la Covid-19 a bouleversé le système de santé et suscité de nombreuses inquiétudes chez les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) en France. Une étude fondée sur l’enquête ACOVIH, menée entre juillet et septembre 2020, a mis en évidence que 61,5 % des 249 répondants-es redoutaient des changements durables dans leur prise en charge médicale.
Cette inquiétude ne touchait pas toutes les personnes de manière égale. Elle était plus marquée chez celles nées hors de France, dont la situation financière s'était dégradée pendant la pandémie ; celles ayant déjà souffert d'infections opportunistes liées au VIH, et celles sous traitement psychotrope.
Cette angoisse s’expliquait en partie par des facteurs liés au contexte de la crise : des difficultés d’accès aux soins, une communication parfois altérée avec les professionnels-les de santé et des peurs spécifiques liées à la Covid-19. Parmi ces dernières, la croyance erronée selon laquelle le traitement du VIH pouvait augmenter le risque d’infection au coronavirus a contribué à renforcer les craintes de certains-es patients-es.
Tirer les leçons de la crise pour mieux préparer l'avenir
Ces résultats mettent en lumière la nécessité de renforcer la continuité des soins pour les personnes vivant avec le VIH en période de crise sanitaire. La pandémie a montré que l'accès aux soins pouvait être fragilisé par des ruptures dans le suivi médical et un manque d’informations adaptées. Une meilleure communication avec les professionnels-les de santé est essentielle pour éviter que l’incertitude ne vienne accroître l’angoisse des patients-es.
Il est également crucial d’adapter les messages de santé publique aux besoins spécifiques des personnes vivant avec le VIH, afin de combattre les fausses croyances et de garantir un accompagnement rassurant.
À l’avenir, il est primordial de développer des stratégies de suivi plus résilientes et inclusives, capables de prendre en compte les réalités économiques, sociales et psychologiques des patients-es.
« Dans le contexte des futures épidémies, la prise en compte des profils individuels des PVVIH et la diffusion d’informations plus claires et ciblées sur la prise en charge du VIH pourraient aider à réduire l’inquiétude de cette population quant à la continuité des soins et à favoriser une communication efficace avec les professionnels de santé. » concluent les auteurs-rices de cette étude.
Pour lire l’étude (en anglais), ici.
En bref, une autre info Santé
VIH : "Face à l'oubli, l'urgence est d'agir, une France sans sida est possible
Tribune. Des figures militantes engagées de longue date dans la lutte contre le VIH/sida (dont Christophe Martet, Giovanna Rincon, Florence Thune, Jean-Luc Romero-Michel, Marc-Antoine Bartoli, Bernadette Rwegera, Inès Messaoudi, etc.) ont publié le 21 mars dans les colonnes de L’Humanité, une tribune intitulée : « VIH : "Face à l’oubli, l’urgence est d’agir, une France sans sida est possible" ». Le texte en accès libre sur le site du journal entend alerter sur « la disparition progressive de cet enjeu des priorités de santé publique en France et à l’international dans un contexte budgétaire sans précédent ». « Ces dernières années, les enjeux liés au VIH/sida disparaissent progressivement des discours institutionnels, des campagnes de communication en santé publique et des priorités de financement derrière la seule notion de santé sexuelle. Les institutions effacent jusqu’au nom du virus : le Conseil national du sida [et des hépatites virales, ndlr] devient le « Conseil national pour la santé sexuelle », les Comités de coordination régionale de lutte contre le VIH (Corevih) sont rebaptisés Comités de coordination régionale de la santé sexuelle (Coress). Derrière ces changements sémantiques se cache une réalité brutale : la lutte contre le VIH/sida n’est plus une priorité, ni en France ni à l’international », dénoncent les signataires. « Derrière les discours d’inclusion et les stratégies nationales aseptisées, c’est une politique de renoncement qui s’installe », écrivent-ils-elles. ET d’ajouter : « Le principe de Denver : « Rien pour nous, sans nous » ; est piétiné. Les personnes concernées ne sont plus écoutées et impliquées. Dans un contexte où le VIH continue de tuer, où des personnes séropositives sont encore exclues du monde du travail et où l’accès aux traitements reste inégal, le silence de l’État est inacceptable. »
Dans leur conclusion, les signataires de ce texte appellent à une « remobilisation politique et sociétale face à une épidémie qui reste une réalité pour des milliers de personnes » et font la leçon aux pouvoirs publics : « Pour le gouvernement, le temps des demi-mesures est terminé. L’éradication du VIH passe par des avancées scientifiques, mais surtout par une volonté politique et sociétale forte. Invisibiliser cet enjeu, c’est abandonner les personnes qui en subissent les conséquences au quotidien. Face à l’oubli, nous choisissons de rappeler : la lutte contre le VIH/Sida est un combat de justice, de dignité et d’égalité. Ne l’oublions pas. »