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    L’Actu vue par Remaides : « Grippe et VIH : la vaccination est importante »

    • Actualité
    • 21.10.2024

     

    têtes virus grippe

     

    Par Jean-François Laforgerie et Fred Lebreton

     

    Grippe, Covid-19 et VIH : la vaccination
    est importante

    Alors que l’épidémie de Covid-19 continue (voir ci-dessous), une autre épidémie saisonnière va faire son arrivée. L’épidémie de grippe en France métropolitaine survient chaque année au cours de l’automne et de l’hiver ; elle touche entre deux et six millions de personnes. Tous les ans, une grande campagne de vaccination est réalisée. Celle de 2024 a démarré le 15 octobre dans l’Hexagone, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane ; depuis le 10 septembre à Mayotte. Elle se poursuivra jusqu’au 31 janvier 2025. Pendant les quatre premières semaines de la campagne, jusqu’à mi-novembre environ, les vaccins sont  réservés aux personnes prioritaires, dont les personnes vivant avec le VIH. Elles ont dû recevoir un bon pour une vaccination gratuite à ce propos.

    Grippe et Covid-19 : deux épidémies, deux vaccins, une seule campagne

    Les modes de transmission et les symptômes de la grippe et du Sars-CoV-2, virus responsable de la Covid-19, sont très similaires et peuvent rendre difficiles les diagnostics et suivis des deux épidémies en même temps. La grippe est une maladie contagieuse. Comme la Covid-19, elle se transmet par voie aérienne (projection de sécrétions par les postillons quand on parle, par la toux ou les éternuements), par contact rapproché avec une personne qui a la grippe, ou par contact avec les mains ou des objets contaminés (poignées de porte, couverts, barres dans les autobus et les métros, etc.) Après la contamination par le virus de la grippe, la maladie se déclare sous 48 heures en moyenne. Les personnes infectées restent contagieuses jusqu’à cinq jours après le début des premiers signes (jusqu’à sept jours chez l’enfant).

    Habituellement, elle apparaît brutalement sous la forme d’une forte fièvre, de courbatures, de maux de tête, de fatigue intense, d’un malaise général et de symptômes respiratoires : toux sèche, nez qui coule. La maladie dure environ une semaine, mais une fatigue est fréquemment ressentie pendant les trois ou quatre semaines suivantes. Une toux sèche peut persister durant deux semaines. La grippe est souvent considérée comme une maladie peu dangereuse, ce qui est le plus souvent le cas lorsqu’elle survient chez des personnes jeunes en parfaite santé. Or, la grippe peut être grave, voire mortelle en particulier chez les personnes fragiles, comme les personnes âgées ou atteintes de certaines maladies chroniques. Des complications peuvent alors apparaître, telles qu’une infection pulmonaire grave (pneumonie) ou l’aggravation de la maladie chronique dont on est atteint-e. Le traitement de la grippe associe le repos, la réhydratation, la prise de médicaments contre la fièvre (antipyrétiques) et contre les douleurs. Le recours à un médicament antiviral spécifique contre la grippe peut être proposé par le-la médecin traitant-e dans certaines situations. Dans ce cas, le traitement est efficace s’il débute dans les deux jours après l’apparition des symptômes.

    Epidémie de grippe 2023-2024 : quel bilan ?

    En France hexagonale, l’épidémie de grippe de la saison 2023-2024 a débuté fin décembre. Elle a atteint son pic fin janvier-début février 2024 et s’est terminée fin février, soit une durée de dix semaines. À l’échelle régionale, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a été la première à entrer en phase épidémique début décembre 2023. L’épidémie s’est ensuite propagée aux autres régions, et toutes étaient en épidémie de mi-janvier à fin février. La durée totale de l’épidémie grippale de cette saison était comparable à la durée moyenne des épidémies survenues depuis la saison 2011-2012.
    L’épidémie de grippe 2023-2024 est la troisième survenue en France hexagonale depuis le début de la pandémie de Covid-19. Si les deux épidémies précédentes se sont révélées atypiques, avec une épidémie 2021-2022 excessivement tardive et une épidémie 2022-2023 précoce, marquée par une durée particulièrement longue (19 semaines) et par une sévérité importante, l’épidémie grippale a retrouvé, cette saison, une temporalité classique comme avant la pandémie de Covid-19. Dans les départements et régions Outre-mer, l’épidémie grippale est également survenue à une période habituelle aux Antilles et en Guyane, mais a été précoce à Mayotte et tardive à La Réunion.
    Pendant cette épidémie, le nombre de consultations pour syndrome grippal a été estimé à 1 540 000 avec un taux d’incidence cumulé tous âges de 2 311 pour 100 000 habitants-es selon les données du réseau Sentinelles.

    Qui vacciner et pourquoi ?

    La vaccination contre les virus grippaux saisonniers concerne les personnes fragilisées vis-à-vis de l’infection et à risque de complications. Elle permet de réduire le risque d’être contaminé-e par la grippe et de réduire le risque de faire des formes graves de la grippe. Les souches de virus de la grippe en circulation ne sont pas les mêmes d’une année à l’autre et la durée de protection du vaccin peut s’estomper après quelques mois. C’est pourquoi : il faut se faire vacciner chaque année !
    Une vaccination, chaque année, contre la grippe est recommandée pour toutes les personnes de 65 ans et plus. Elle est également recommandée aux femmes enceintes, quel que soit le stade de la grossesse et à toute personne âgée de plus de six mois si elle présente l’une des maladies suivantes : troubles de l’immunité, maladies sanguines, cancers et autres maladies du sang, transplantation (greffe) d’organe et de moelle, déficits immunitaires, maladies inflammatoires et/ou auto-immunes traitées par immunosuppresseurs, infection par le VIH, drépanocytose, maladies respiratoires (bronchite chronique, emphysème, asthme, silicose, dilatation des bronches, mucoviscidose, malformations de la cage thoracique, etc.).
    Les personnes bénéficiaires de l’AME (Aide médicale d’État) et éligibles à la vaccination contre la grippe en raison de leur âge ou de leur état de santé (voir au-dessus) bénéficient de la gratuité du vaccin et de la prise en charge de l’injection.

    Le schéma de vaccination chez la personne adulte est le suivant : une dose annuelle. Le vaccin est pris en charge à 100 % par l’Assurance maladie pour les « personnes à risque », c’est-à-dire pour les personnes pour lesquelles il est recommandé. Il est important de rappeler qu’en aucun cas le vaccin ne peut provoquer la grippe, car il ne contient qu’une fraction inactivée du virus. Cette vaccination est recommandée dans le rapport d’experts-es sur la prise en charge des personnes vivant avec le VIH. Elle fait partie des recommandations du calendrier officiel de vaccination en France.
    Au total, plus de 18 millions de personnes sont éligibles à la vaccination gratuite contre la grippe : environ 12,3 millions de plus de 65 ans, quatre millions de malades chroniques et 70 000 médecins libéraux-les ont reçu une invitation de l’Assurance-maladie, tandis que la Mutualité sociale agricole (MSA) a adressé des invitations à 985 000 personnes de plus de 65 ans et 215 000 malades chroniques.

    Qui peut vacciner pour la grippe ?

    - Un-e médecin peut vacciner toute personne (prescription et administration) ;
    - Les infirmiers-ères peuvent prescrire le vaccin (et réaliser la vaccination) à toutes les personnes de 11 ans et plus, ciblées ou non ciblées par les recommandations ;
    - Un-e pharmacien-ne d'officine, en pharmacie à usage intérieur ou exerçant en laboratoire de biologie médicale, ayant suivi une formation à la vaccination contre la grippe ou contre la Covid-19 : prescription et administration à toutes les personnes de 11 ans et plus, ciblées ou non ciblées par les recommandations ;
    - Un-e sage-femme : Toute personne, prescription et administration ;
    - Un-e étudiant-e de troisième cycle de médecine : Toute personne, administration seulement. Sous la supervision d’un maître de stage ;
    - Un-e étudiant-e de troisième cycle de pharmacie : Toutes les personnes de 11 ans et plus, ciblées ou non par les recommandations. Sous la supervision d’un-e maître de stage et à la condition qu’il ait suivi soit les enseignements théoriques et pratiques relatifs à la vaccination dans le cadre de la formation initiale, soit la formation à l’administration du vaccin contre la grippe ou le Covid-19.

    Le vaccin en pratique

    Si vous êtes concerné-e, votre caisse d'Assurance maladie vous envoie une invitation avec un bon de prise en charge. Ce bon vous permettra de bénéficier gratuitement du vaccin antigrippal. Il comprend une partie pour le-la pharmacien-ne et une partie pour le-la professionnel-le de santé qui pratique l’injection (cela peut être la même personne). Depuis 2018, afin de faciliter l’accès à la vaccination pour les personnes pour lesquelles la vaccination est recommandée, le parcours vaccinal est simplifié : vous avez plus de 18 ans, la vaccination vous est recommandée (vous êtes dans les critères : personnes de 65 ans et plus, personnes souffrant d’une maladie chronique, etc.) et vous avez reçu un bon de prise en charge de l’Assurance Maladie. Que vous ayez été vacciné-e les années précédentes ou non, vous pouvez retirer votre vaccin à la pharmacie sur simple présentation du bon de prise en charge et vous faire vacciner par le-la professionnel-le de santé de votre  choix : médecin, sage-femme, infirmier-ère (sans prescription médicale préalable), et désormais, par les pharmaciens-nes agréés-es par les agences régionales de santé (sans prescription médicale préalable : pas besoin d’un mot de votre médecin).

    Une couverture vaccinale qui n'atteint pas les
    objectifs

    Une diminution de la couverture vaccinale contre la grippe est constatée ces dernières années en France. Elle a été estimée pour la saison 2023-2024 par Santé publique France à 54 % chez les 65 ans et plus, soit une baisse de 2,2 points par rapport à la saison précédente et à 25,4 % chez les moins de 65 ans à risque de forme grave de grippe, soit une baisse de 6,2 points par rapport à la saison précédente. Le ministère de la Santé et de l’Accès aux soins rappelle d’ailleurs que durant la saison de la grippe 2023-2024, « parmi les cas graves de grippe et de Covid-19 admis en réanimation pour lesquels le statut vaccinal était renseigné, la très grande majorité des personnes n’étaient pas vaccinées contre les virus alors qu’elles présentaient des facteurs de risque ». Selon une enquête réalisée par Santé publique France en mars 2024, la couverture vaccinale moyenne contre la grippe des résidents-es dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (ehpad) était de 83,3 % cette saison et celle des professionnels-les exerçant en ehpad de 22,4 %. Ces couvertures vaccinales étaient inférieures à celles des saisons 2022-2023 (87,5 % et 24,7 %, respectivement) et 2021-2022 (86,9 % et 27,6 %, respectivement). Et cela même alors que ce sont des établissements collectifs hébergeant des personnes fragiles.
    La couverture vaccinale contre la grippe est toujours insuffisante en France et reste loin de l’objectif des 75 % de vaccination chez les personnes à risque visé par l’Organisation mondiale de la santé. Les pouvoirs publics notent aussi une baisse des vaccinations contre la Covid-19 avec « seulement 30 % des plus de 65 ans vaccinés en 2023-2024 et à peine plus d’une sur dix de moins de 65 ans avec une maladie chronique, à la même période ».

    Lutter contre les idées reçues sur la vaccination

    Cette faible adhésion aux campagnes de vaccination peut s’expliquer en partie par de fausses croyances, souligne le ministère. « Ainsi, par exemple, selon des études BVA pour l’Assurance maladie et Santé publique France : 44 % des malades chroniques et 33 % des plus de 65 ans considèrent que les gestes barrières suffisent contre la Covid-19 ; et entre 25 et 50 % des personnes à risque redoutent les effets indésirables des vaccins. »
    « S’ils diminuent le risque, les gestes barrières ne confèrent pas pour autant une protection aussi importante que celle procurée par la vaccination », explique le ministère. « Non seulement [la personne] réduit le risque d’être contaminée par la grippe et la Covid-19, mais surtout elle constitue le geste de protection le plus efficace contre les formes graves de ces maladies. »
    « De même, la dangerosité des formes graves de la grippe et de la Covid-19 est clairement supérieure aux effets indésirables des vaccins (douleur sur le site d’injection, légère fièvre) qui sont dans la grande majorité des cas très bien tolérés. La balance bénéfice-risque est ainsi largement en faveur des vaccins », affirment clairement les autorités de santé.

    Grippe et Covid-19 : deux vaccins le même jour

    La Haute autorité de santé (HAS) avait publié (17 juin 2022) un communiqué qui reste valable. La HAS y précise les conditions d'une co-administration des vaccins contre la grippe et la Covid-19. Le communiqué de présentation de la campagne 2024 de vaccination fait par le ministère de la Santé et de l’Accès aux soins met  l’accent sur cette double vaccination. Les vaccinations contre la grippe et contre la Covid-19 peuvent être réalisées en une seule fois, sur deux sites d’injection différents (une dans chaque bras par exemple). Il n’y a pas de délai minimum à respecter entre les deux vaccinations si celles-ci ne peuvent pas être réalisées en même temps. « Avoir eu la Covid-19 (y compris la forme grave) n’est pas une contre-indication à la vaccination antigrippale si au moment de la vaccination la personne ne présente pas de symptômes ni de fièvre », explique le site Ameli de la Sécurité sociale. « Pour les personnes ayant eu une forme sévère avec des séquelles graves (insuffisance respiratoire sévère), la vaccination contre la grippe est recommandée ».

    Mesures doubles barrières

    Un des rares « bienfaits » de la crise sanitaire liée à la Covid-19 est sans doute que la généralisation des mesures barrières utilisées pour permettre de limiter la propagation du Sars-CoV-2 (lavage des mains, gel hydroalcoolique, distanciation physique…) devrait en toute logique faire également barrière à la transmission de la grippe. Le combo gagnant de cette nouvelle période hivernale que nous connaissons sera donc de bien respecter les mesures barrières et de se faire vacciner contre la grippe, de se faire vacciner contre la Covid-19. Une épidémie peut en cacher une autre, mettons tout en œuvre pour se prémunir des deux.

    Adopter les bons réflexes

    Comme on l’a vu plus haut, le virus de la grippe se transmet essentiellement par :
    - la projection de gouttelettes chargées de virus émises par les personnes infectées lorsqu’elles parlent, toussent ou éternuent ;
    - le biais des mains et d’objets contaminés par les gouttelettes émises par une personne infectée.
    Par ailleurs, la transmission est favorisée dans les lieux confinés et clos et par la promiscuité.
    Pour éviter l’infection par le virus de la grippe, il est nécessaire de mettre en place une série de mesures dont l’application conjointe avec la vaccination permet de réduire efficacement le risque de transmission du virus. Les gestes barrières sont les mêmes que ceux qui protègent de la Covid-19 et des autres virus de l’hiver (rhinovirus, virus de la bronchiolite, gastroentérites, etc.), il s’agit de gestes et comportements individuels et/ou collectifs à appliquer dès qu’on présente un signe d’infection notamment respiratoire pour protéger son entourage :
    - porter un masque quand on est malade, dans les lieux très fréquentés et en présence de personnes fragiles ;
    - se laver fréquemment les mains ;
    - aérer régulièrement les pièces de son logement et de son lieu de travail ;
    - tousser et éternuer dans son coude ;
    - se saluer sans se serrer la main ou sans s’embrasser.
    Pour en savoir plus sur les moyens de prévenir la grippe.

    Campagne de vaccination 2024-2025 contre la Covid-19

    Il est fortement recommandé aux personnes à risque de développer des formes graves de Covid-19 d'être vaccinées, afin d'être immunisées contre le virus SRAS-CoV-2. Chaque automne, une campagne vaccinale est donc lancée. En septembre 2024, une intensification de la circulation du Sars-CoV-2 semble s’amorcer en France car les indicateurs de suivi (en ville comme à l'hôpital) de la Covid-19 sont en hausse, cette hausse étant portée par les adultes et plus particulièrement ceux de 65 ans et plus.
    Le variant JN.1 du virus est dominant en France et dans le monde.
    La vaccination contre le Covid-19 : pour qui ?
    Selon les recommandations de la Haute Autorité de santé, la vaccination contre le Covid-19 est recommandée, chaque année, à l’automne, pour les personnes à risque de forme grave, sur le modèle de la campagne de vaccination contre la grippe.
    Il est fortement recommandé aux personnes les plus à risque de forme grave de recevoir une dose de vaccin à l’automne afin de maintenir leur face au virus de la Covid-19 à un niveau élevé, notamment aux personnes âgées de 65 ans et plus ; enfants, adolescents-es et adultes atteints-es de comorbidités ayant un risque plus élevé de forme grave de la maladie (hypertension  artérielle compliquée, problèmes cardiaques, vasculaires, hépatiques, rénaux, pulmonaires, diabète, obésité, cancers, personnes transplantées, personnes immunodéprimées, femmes enceintes, etc.
    Important : si une personne n’est pas dans la cible et souhaite être vaccinée, elle peut bénéficier gratuitement de cette vaccination.
    La vaccination est prise en charge à 100 % pour tous-tes.
    Dans quel délai après une dernière injection vaccinale contre la Covid ou après une infection par le virus ?
    Le délai à respecter après la dernière injection vaccinale ou la dernière infection Covid-19 est de six mois minimum, quelle que soit la situation de la personne.
    Ce délai est réduit à trois mois pour les personnes immunodéprimées et les personnes âgées de 80 ans et plus.

    Avec quel vaccin ?
    Le vaccin monovalent à ARN messager Comirnaty JN1 de Pfizer/BioNTech est disponible pour la campagne de vaccination 2024-2025.
    La formulation de ce vaccin a été adaptée au variant JN.1 du virus, qui est le variant circulant majoritaire sur le territoire.
    Le vaccin est injecté par voie intramusculaire.
    Une surveillance de 15 minutes après l'injection est recommandée.