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    L’Actu vue par Remaides : « Une étude américaine sur la sérophobie intériorisée »

    • Actualité
    • 26.03.2025

     

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    DR

    Par Fred Lebreton

    Spécial Sérophobie :
    une étude américaine sur
    la sérophobie intériorisée

    Suivant le même principe que l’homophobie intériorisée, la sérophobie intériorisée désigne les pratiques ou propos stigmatisants émanant de personnes vivant avec le VIH et se visant elles-mêmes ou visant d'autres PVVIH ainsi que l'intériorisation des représentations sociales stigmatisantes les concernant. Une enquête américaine a porté sur cette question. Ses résultats ont été publiés en février dernier, dans la revue médicale AIDS. Explications.

    On estime que la sérophobie intériorisée passe souvent par plusieurs étapes, allant du déni total à l'acceptation de sa propre séropositivité en passant par la répulsion, l'intériorisation et le clivage. Peu de données existent sur ce phénomène, mais une étude récente s’est intéressée à la question. L’étude « Differences in internalized HIV stigma across subpopulations of people living with HIV in care across the US » (« Différences dans la sérophobie intériorisée selon les sous-populations de personnes vivant avec le VIH en soins à travers les États-Unis ») a été publiée en ligne le 12 février 2024, dans la revue médicale AIDS.

    L'autrice principale est Lydia N. Drumright de l'Université de Washington à Seattle.
    Les chercheurs-ses ont évalué la sérophobie intériorisée chez 12 656 personnes vivant avec le VIH qui ont rempli une évaluation, au moins une fois, entre février 2016 et novembre 2022, fournissant un total de 28 559 évaluations. Toutes les PVVIH étaient suivies pour le VIH au sein du réseau de systèmes cliniques intégrés des Centres de recherche sur le sida (CFAR), dans l'un des huit sites à travers les États-Unis. Au début de l'étude, l'âge moyen des personnes était de 49 ans, 80 % des participants étaient des hommes cisgenres, 17 % étaient des femmes cisgenres et 2 % étaient des femmes trans. Concernant l’orientation sexuelle, 50 % des participants s'identifiaient comme homosexuels. La majorité des participants-es étaient des personnes racisées (38 % Noirs-es, 16 % Latins-es pour 41% Blancs-ches).

    L'évaluation comprenait quatre déclarations de perception négative de soi, avec des réponses allant de « fortement en désaccord » (score 1, bas) à « fortement d'accord » (score 5, élevé). Pour faire plus simple, plus le score était élevé, plus la personne vivant avec le VIH avait une mauvaise estime d’elle-même et donc une forme de sérophobie intériorisée. Une moyenne des réponses a été calculée pour obtenir un score unique par évaluation. En moyenne, le score était de 2,04. Par exemple, 41 % des participants-es n'étaient pas en désaccord avec « Je me sens honteux-se d'avoir le VIH », et 9 % des participants-es étaient fortement d'accord avec au moins une déclaration stigmatisante.

    Les scores étaient plus élevés chez les personnes plus jeunes, avec les scores les plus élevés chez les 18-29 ans. Dans ce groupe d'âge, la sérophobie intériorisée était plus élevé chez les PVVIH racisées (personnes noires et latinos) que chez les PVVIH blanches. Inversement, chez les participants-es plus âgés-es (50 ans et plus), la sérophobie intériorisée était plus élevé chez les PVVIH blanches que chez les PVVIH racisées. Les femmes cisgenres avaient des scores plus élevés que les hommes cisgenres uniquement dans les groupes d'âge de 30 à 59 ans. Les participants-es ayant une orientation sexuelle autre qu’homosexuelle avaient également des scores de sérophobie intériorisée plus élevés.

    Les différences d'âge observées dans les scores de sérophobie intériorisée peuvent être liées au développement psychosocial et à une expérience plus longue de vie avec le virus, ont expliqué les auteurs-rices. Ils-elles recommandent que des recherches supplémentaires soient faites pour comprendre les raisons qui expliquent la diminution apparente plus importante de la sérophobie intériorisée au fil du temps chez les personnes noires et latinos par rapport aux personnes blanches. En attendant, les chercheurs-ses estiment que ces résultats peuvent être utilisés pour adapter les interventions contre la sérophobie intériorisée à des sous-populations spécifiques.