L’Actu vue par Remaides : « L'organisation Elton John AIDS Foundation « indésirable » en Russie »
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- 14.04.2025
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Par Jean-François Laforgerie
L'organisation Elton John AIDS Foundation jugée "indésirable" en Russie
Ces dernières semaines ont été marquées par le chaos que connaissent les États-Unis. La Cour suprême américaine a suspendu une décision ordonnant la réembauche de fonctionnaires licenciés-es dans différentes administrations. L’administration Trump a encore fait des siennes en bloquant une étude sur les protections féminines. En Russie, la censure des ONG est toujours en vogue. L’ONG Elton John AIDS Foundation a ainsi été déclarée « indésirable » en Russie.
L'ONG Elton John AIDS Foundation "indésirable" en Russie
Censure. Très importante organisation non gouvernementale de lutte contre le sida, la Elton John AIDS Foundation a été classifiée comme « indésirable » en Russie. C’est ce qu’a annoncé, 3 avril, le parquet général russe. Ce statut contraint les organisations concernées à arrêter leurs activités dans le pays et donc à fermer leurs portes. Les Russes qui travaillent pour ces structures qualifiées « d’indésirables », qui les financent ou qui collaborent avec elles peuvent également être passibles de poursuites. Fondée en 1992 par Elton John, cette fondation est reconnue dans le monde entier pour son action. Elle « vise à soutenir des associations pour la prévention et la lutte contre le sida parmi les groupes les plus vulnérables (personnes LGBT, personnes usagères de drogues, etc.), ainsi qu'à lutter contre la discrimination (...) de personnes infectées par le VIH », a commenté le parquet dans un communiqué. Pourquoi cette interdiction ? Le parquet prétend que la Elton John AIDS Foundation serait (sic) « beaucoup plus concentrée sur la propagande des relations sexuelles non traditionnelles, des modèles de famille occidentaux et du changement du sexe » que sur la lutte contre le sida. Le parquet accuse ainsi la Elton John AIDS Foundation d'avoir « une attitude négative envers la politique des pays qui défendent les valeurs spirituelles et morales traditionnelles » et de « participer à une campagne de dénigrement de la Russie menée par l'Occident » depuis le début de l'opération russe en Ukraine en février 2022. De plus, l'organisation « coopère étroitement avec des ONG classées agents de l'étranger » en Russie, affirme le parquet. C’est d’autant plus préjudiciable que les autorités de santé russes ne sont pas connues pour leur engagement en faveur de la prévention du VIH, notamment dans les groupes les plus exposés au risque.
La Cour suprême américaine suspend une décision ordonnant la réembauche de fonctionnaires licenciés-es
Montagnes russes. La Cour suprême des États-Unis a suspendu mardi 8 avril une décision judiciaire ordonnant à six ministères américains de réintégrer des milliers de fonctionnaires limogés-es. C’est un succès dans la bataille de l’administration Trump pour réduire le poids de l’État fédéral. Un juge fédéral de San Francisco, William Alsup, avait conclu le 13 mars que justifier les licenciements de quelque 16 000 fonctionnaires en période d’essai par de « mauvaises performances » constituait « un prétexte afin de contourner les obligations légales » en la matière. Ces licenciements, qui étaient contestés en justice par des syndicats et des associations, ont touché des dizaines de milliers de personnes. L’administration Trump avait fait appel de cette décision et demandé à la Cour suprême à majorité conservatrice de la suspendre. La Cour suprême lui a donné satisfaction par sept voix contre deux, suspendant la décision du juge de première instance en attendant que la cour d’appel se prononce. L’administration Trump accuse les juges qui contrecarrent ses projets d’empiéter sur les prérogatives du pouvoir exécutif, dont les actions depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier ont déclenché plus de 170 contentieux juridiques, dont la plupart ne sont pas encore tranchés.
L'administration Trump bloque une étude sur les protections féminines pour des motifs transphobes
Désinformation. Toute à sa haine transphobe, l’administration Trump a décidé de stopper net un projet de recherche sur les protections féminines. Le projet, qui devait recevoir une subvention fédérale de 600 000 dollars (547 000 euros), a été torpillé dans le cadre de la cure d'amaigrissement drastique que le Doge, dirigé par Elon Musk, fait subir aux dépenses publiques depuis que Donald Trump l'a nommé à la tête de cette commission de l’Efficacité gouvernementale, indique l’AFP. Baptisé « Project Farm to Feminine Hygiene », le projet consistait à rechercher des alternatives aux protections synthétiques habituelles, par exemple en recourant à des fibres comme le coton, selon plusieurs sources, dont le ministère de l'Agriculture. C’est d’ailleurs ce dernier qui a éhontément menti pour justifier cet arrêt. La ministre de l’Agriculture, Brooke Rollins, n’a pas hésité à recourir à la « désinformation » en affirmant que le projet visait à étudier « les cycles de menstruation chez les hommes transgenres » ; ce qui est faux. Comme l’explique l’AFP, le mot « transgenre » figurait bien dans le projet, mais seulement pour expliquer que les hommes transgenres « peuvent aussi avoir des règles ». L'Université Southern de Louisiane, qui devait mener cette recherche, a souligné dans un communiqué qu'il ne s'agissait en aucun cas « d'une étude sur les cycles menstruels ». Mais rien n’y a fait tant la communauté transgenre est devenue l'une des principales cibles de l’administration Trump.
UE : le financement des ONG "trop opaque" pour la Cour des comptes européenne
Le financement des organisations non gouvernementales (ONG) par l’Union européenne est « trop opaque », a déploré, lundi 7 avril, la Cour des comptes européenne, dans un rapport qui devrait raviver la polémique sur le financement des groupes de défense de l’environnement, explique l’AFP. L’Union européenne a accordé environ 7,4 milliards d’euros à un grand nombre d’ONG entre 2021 et 2023. Les informations publiques sur les bénéficiaires et l’utilisation de l’argent restent trop fragmentaires, a jugé la Cour. « Le financement des ONG par l’UE est trop opaque et souffre d’un manque de transparence », a mentionné Laima Andrikiene, en charge du rapport. Des articles de presse selon lesquels l’UE aurait affecté une partie des fonds accordés aux ONG environnementales à des activités de lobbying auprès des institutions européennes ont déclenché une tempête politique à Bruxelles, début 2025. Des appels à l’arrêt des financements ont été lancés par des eurodéputés-es de droite et d’extrême droite, mais se sont heurtés aux protestations de leurs collègues à gauche. Cette « querelle » est à voir comme une nouvelle attaque contre les activités associatives, notamment celles en lien avec le climat et l’écologie. Le groupe des socialistes et démocrates a dénoncé, début avril, une « attaque scandaleuse » visant à réduire au silence les efforts de la société civile en faveur de la protection de l’environnement. « Une plus grande transparence dans l’utilisation de ces fonds est sans aucun doute nécessaire. Cependant, c’est une erreur de pointer du doigt la société civile dans ce débat », a ainsi réagi Daniel Freund, eurodéputé allemand écologiste. Dans son rapport, la Cour des comptes européenne a jugé que la Commission n’avait pas clairement divulgué les informations qu’elle détenait sur les activités de lobbying menées par les ONG avec l’argent de l’UE. Elle a déploré l’absence de contrôles pour s’assurer que les groupes financés sont effectivement des ONG indépendantes et qu’ils respectent les valeurs de l’UE. « La transparence est essentielle pour garantir une participation crédible des ONG à l’élaboration des politiques de l’UE », a souligné Laima Andrikiene.