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    L’Actu vue par Remaides : « Cannabis : la consommation de CBD peut altérer l'efficacité des médicaments »

    • Actualité
    • 20.03.2025

     

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    Par Jean-François Laforgerie

    Cannabis : la consommation de CBD peut altérer l'efficacité
    des médicaments

    L’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a alerté sur des cas d’interactions, parfois graves, entre le CBD en vente libre et plusieurs classes de produits pharmaceutiques. La rédaction de Remaides fait le point. Côté santé, le tramadol et la codéine ont de nouvelles règles de prescription et de délivrance.  Autre nouvelle : le nouveau Nutri-Score enfin validé.

    L’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a alerté sur des cas d’interactions, parfois graves, entre le CBD en vente libre et plusieurs classes de produits pharmaceutiques. Le CBD peut diminuer leur efficacité, ou augmenter leurs effets indésirables. Le CBD peut être conditionné dans des tisanes, des bonbons, des gâteaux, des e-liquides pour cigarette électronique. L’ANSM estime que consommer ces produits à base de dérivés du cannabis pendant un traitement peut, selon les cas, en réduire l'efficacité voire en augmenter les effets indésirables. Premier élément, Bas du formulaire le CBD « n'est pas un médicament », rappelle dans un communiqué l'Agence nationale de sécurité du médicament. Entre 2017 et 2023, les centres antipoison (CAP) ont recensé 58 cas d’interactions entre médicaments et CBD, survenus après consommation de produits contenant du CBD, d’où l’appel à vigilance de l’agence. De plus, sur la période 2021 et 2022, les centres régionaux de pharmacovigilance et les centres d'évaluation et d'information sur la pharmacodépendance-addictovigilance ont recensé quatre cas graves d’interactions médicament - CBD. Le nombre de cas est sans doute fortement sous-évalué, estime l’agence sanitaire. Des interactions ont été constatées avec 17 familles de médicaments, dont les analgésiques, les anticoagulants, les antidiabétiques, les antibiotiques, les antifongiques, les antidépresseurs, les antiépileptiques, les antipsychotiques, les hypnotiques, les benzodiazépines et la méthadone. Mais le CBD est susceptible d'interagir avec d'autres types de médicaments qui n’ont « pas encore [été] identifiés », précise l'agence du médicament.
    « Si vous ressentez des nausées, diarrhées, vertiges, somnolence, fatigue, maux de tête, ou si vous avez des idées et comportements suicidaires, ou une crise d’épilepsie après la consommation d’un produit contenant du CBD, arrêter de le consommer et consultez votre médecin », explique le communiqué de l’agence.

    Tramadol et codéine : nouvelles règles de prescription et de délivrance

    Les nouvelles règles de prescription et de délivrance concernant le tramadol et la codéine sont entrées en vigueur le 1er mars 2025. Les médicaments contenant du tramadol, de la codéine ou de la dihydrocodéine doivent être prescrits sur une ordonnance sécurisée, indiquent les autorités de santé. La réduction à douze semaines de la durée maximale de prescription des médicaments contenant de la codéine ou de la dihydrocodéine devient également effective au 1er mars 2025. Ces dispositions s’appliquent aux nouvelles prescriptions établies à partir du 1er mars 2025. Les ordonnances établies avant cette date, y compris celles non sécurisées demeurent valables jusqu’à la fin de la durée de traitement prescrite, mais ne pourront pas être renouvelées sous l’ancien format. L’entrée en vigueur de ces mesures, initialement prévue au 1er décembre 2024, avait été différée de façon à faciliter la transition, pour les professionnels-les de santé, vers les nouvelles conditions de prescription et de délivrance de ces médicaments et assurer aux patients-es l’accès à leurs traitements. « À titre dérogatoire, afin d’assurer aux patients l’accès aux traitements et de finaliser le déploiement chez tous les professionnels de santé prescripteurs, nous demandons à ce que des prescriptions établies entre le 1er mars et 31 mars 2025, qui ne seraient pas encore sur ordonnance sécurisée, soient tout de même honorées pour la durée du traitement prescrit, incluant les éventuels renouvellements. Cette mesure dérogatoire et transitoire s’applique pour les prescriptions hospitalières comme de ville », indiquent les autorités.
    Plus d’infos ici.
     
    Le nouveau Nutri-Score enfin validé

    Ouf ! Mieux orienter les consommateurs-rices vers les produits plus équilibrés sans « pénaliser » pour autant les « produits du terroir », tel était le challenge du gouvernement concernant le nouveau Nutri-Score. L’objectif de cet outil est notamment de lutter contre le surpoids et l’obésité et de contribuer à la santé des Français-es. La signature du décret, assurant la mise en place de ce nouveau Nutri-Score, a fait l’objet de fortes dissensions gouvernementales, tout particulièrement entre l’agriculture (contre le dispositif) et la santé (en faveur du dispositif). Mais rien ne transparaît dans la présentation officielle qui est désormais faite. « Compte tenu des enjeux impératifs de santé publique, les ministres ont décidé de signer l’arrêté modifiant les règles de calcul du Nutri-Score », ont donc annoncé dans un communiqué quatre ministres (Économie, Santé, Agriculture, Commerce). Il s’agit de « lutter contre le surpoids, l’obésité » avec derrière « des sujets aussi lourds que les maladies cardiovasculaires, le diabète et certains cancers », a précisé la ministre de la Santé Catherine Vautrin, lors d’une interview sur TF1. Un gage a toutefois été donné au secteur agroalimentaire : les ministres assurent qu’ils seront « attentifs à ce que ce système (...) ne nuise pas aux produits issus de la richesse de nos terroirs et symboles de notre patrimoine culinaire ». Ils entendent rester « vigilants aux effets de bord » que la nouvelle méthode de calcul du Nutri-Score « engendre pour les produits issus du savoir-faire français ». Les entreprises et marques engagées dans cette démarche volontaire ont « deux ans pour mettre à jour leurs emballages et apposer le nouveau Nutri-Score », selon le communiqué officiel. « C’est une victoire de la santé publique, un grand motif de satisfaction puisque cet arrêté était attendu depuis plus d’un an : cela permet de rappeler que ces enjeux de santé publique doivent être au premier plan des préoccupations du gouvernement », s’est réjoui auprès de l’AFP le Pr Serge Hercberg, le principal concepteur du Nutri-Score. L’association de consommateurs-rices Foodwatch y a aussi vu une victoire de « la mobilisation citoyenne contre les lobbies agroalimentaires ». Reste que l’on revient de loin, l’actuelle ministre de l’Agriculture Annie Genevard avait assumé publiquement bloquer la publication de l’arrêté, reprochant au niveau Nutri-score de donner une mauvaise note aux produits « remarquables » du terroir, fromages et charcuterie notamment.
    Conçu par des scientifiques experts-es en nutrition, le Nutri-Score a été mis en place en 2017 en France, sur la base du volontariat, et dans six autres pays européens. Il classe les produits alimentaires de A à E selon leur composition et leurs apports nutritionnels. Le nouveau mode de calcul améliore notamment « la différenciation entre les aliments selon leur teneur en sel et sucre », ainsi que la classification des poissons gras, des huiles moins riches en acides gras saturés et des boissons.» Face aux critiques d’Annie Genevard, des voix s’étaient élevées pour défendre ce nouvel étiquetage. Il s’agit d’un « vrai outil de santé publique, plébiscité par les Français et influençant les choix d’achats et on ne peut pas faire comme si le surpoids et l’obésité n’étaient pas un problème de santé publique », a notamment souligné jeudi 13 mars le directeur général de la Santé, le Dr Grégory Emery. Il reste « d’autres batailles à mener pour convaincre les industriels d’adopter le Nutri-Score », et à terme « le rendre obligatoire » pour « donner une chance maximum aux consommateurs de faire des choix éclairés », selon Serge Hecberg. Foodwatch a assuré qu’elle continuera de « dénoncer les manoeuvres des lobbies auprès de la Commission européenne » et de batailler pour que « le logo devienne obligatoire sur tout le continent.