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    L'Actu vue par Remaides : Baisse des décès par overdose aux États-Unis

    • Actualité
    • 26.06.2024

     

    SERINGUES

    © Daniel Herard

    Par Jean-François Laforgerie et Fred Lebreton 

    Baisse des décès par overdose aux Etats-Unis

    L’actualité a été chargée ces dernières semaines concernant l’usage de produits. Aux États-Unis, on assiste à une baisse des décès par overdose, une première depuis 2018. Outre-Atlantique, le cannabis va être classé comme moins dangereux aux États-Unis. D’ailleurs, une étude montre que la consommation régulière de cannabis dépasse celle d'alcool dans le pays. En France, on en sait désormais sur la consommation en  régions (qui et où). Par ailleurs, toujours en France, les autorités ont décidé d’étendre les pouvoirs des douaniers-ères contre les drogues de synthèse. La rédaction de Remaides fait le point sur l’actu sur l’usage de produits.
    Baisse des décès par overdose aux Etats-Unis

    Le nombre de morts par overdose de drogue a baissé en 2023 aux États-Unis pour la première fois depuis 2018, indique l’AFP. Reste que le pays déplore encore plus de 100 000 décès par an, dont la majeure partie sont imputables à l’usage du fentanyl. Cette première baisse depuis cinq ans est une « nouvelle encourageante pour notre Nation et montre que nous faisons des progrès », s’est félicitée Deb Houry, responsable médicale des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), citée par l’agence de presse. Mais « cela ne veut pas dire que nous avons accompli notre mission », a-t-elle ajouté. Cette tendance « doit nous encourager à intensifier nos efforts en sachant que nos stratégies marchent », a-t-elle ajouté. Quelque 107 000 décès par overdose ont été enregistrés dans le pays l’année dernière, contre plus de 111 000 en 2022, soit une baisse de 3 %, selon les chiffres provisoires des autorités sanitaires américaines. Le principal responsable de la crise d’overdoses frappant le pays est actuellement le fentanyl, un opioïde de synthèse extrêmement puissant et addictif qui a commencé à inonder le marché, il y a environ dix ans. Le nombre de décès liés au fentanyl est passé de plus de 76 000 en 2022 à un peu moins de 75 000 l’année dernière. « De nombreux facteurs jouent probablement un rôle » dans cette baisse, a commenté pour l’AFP Joseph Friedman, chercheur spécialiste de ce sujet à l’université UCLA en Californie. Notamment « l’intensification des traitements contre l’addiction » et « l’accès accru à la naloxone », un antidote contre les overdoses d’opioïdes, a-t-il estimé. Selon les données des CDC, les décès par overdose impliquant la cocaïne ou des stimulants comme la méthamphétamine ont, eux, en revanche, augmenté. De fortes disparités régionales existent : si une baisse des décès de 15 % ou plus a été observée dans les États du Nebraska, du Kansas et du Maine, une augmentation d’au moins 27 % a, au contraire, été enregistrée dans les États de Washington, d’Alaska et de l’Oregon, tous situés dans l’ouest du pays, relèvent les autorités. « Même si l’apparente stabilisation du nombre de décès par rapport aux augmentations passées est encourageante, rien n’indique que les facteurs structurels fondamentaux de cette crise aient considérablement changé », a alerté Joseph Friedman. « Des efforts continus sont nécessaires pour encourager les personnes exposées au fentanyl à se stabiliser à l’aide d’opioïdes plus sûrs, tels que la méthadone ou la buprénorphine », qui peuvent être obtenus sur ordonnance, a indiqué l’expert. Au printemps 2023, l’Agence américaine du médicament (FDA) avait pour la première fois autorisé la vente sans ordonnance de naloxone, sous la forme d’un spray nasal connu sous son nom de marque Narcan, aux États-Unis. La crise des opioïdes a commencé dans les années 1990 dans le pays avec la sur-prescription d’opiacés fournis à la population via le système de soins notamment pour traiter la douleur. Lorsque les États-Unis ont commencé à drastiquement réguler leur accès, une partie de la population s’est reportée sur l’héroïne, menant à une augmentation rapide des décès liés à cette drogue à partir de 2010.  La troisième vague a commencé en 2013, avec une augmentation en flèche des décès impliquant des opioïdes de synthèse, notamment le fentanyl.  Aujourd’hui, le fentanyl est de plus en plus « mélangé avec des stimulants », selon Joseph Friedman, qui estime que cette tendance marque le début d’une quatrième vague.

    Tabac : la consommation en régions

    Posons d’emblée l’info qui fâche… ou qui fait peur : en France, la consommation de tabac est la première cause de mortalité évitable, avec 13 % des décès attribuables au tabagisme. En 2020, la France était le pays d’Europe occidentale avec la prévalence du tabagisme la plus élevée, rappelle une récente info de Santé publique France. Le Programme national de lutte contre le tabac (PNLT) 2018-2022 avait comme objectif intermédiaire d’atteindre d’ici 2020 une prévalence du tabagisme quotidien inférieure à 24 % chez les adultes ; il avait également pour ambition d’atteindre en 2032 l’objectif d’une première génération de personnes adultes non-fumeuses (soit une prévalence inférieure à 5 % chez les jeunes nés-es depuis 2014). En 2021, les données du Baromètre de Santé publique France ont montré qu’en France hexagonale, plus d’un adulte de 18-75 ans sur quatre (25,3 %) fumait chaque jour. Après une baisse entre 2016 et 2019, la prévalence du tabagisme quotidien a connu une stabilisation en 2020, qui s’est confirmée en 2021 et s’est poursuivie en 2022. Les données 2021 ont également montré une « hausse de la prévalence du tabagisme quotidien chez les femmes et parmi les personnes les moins diplômées, mettant en exergue des inégalités sociales toujours très marquées en matière de tabagisme. Par ailleurs, des différences notables de prévalence du tabagisme quotidien ont été observées entre les régions. En France hexagonale, les prévalences régionales du tabagisme quotidien en 2021 variaient de 20,6 % à 33,2 % chez les hommes et de 19,1 % à 26,6 % chez les femmes. Après ajustement sur les facteurs sociodémographiques et économiques, trois régions présentaient un risque de tabagisme quotidien significativement différent des autres régions hexagonales : les Pays de la Loire, l’Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
    Dans les DROM, les prévalences non standardisées du tabagisme quotidien variaient entre 9,7 % en Guyane et 20,7 % à La Réunion ; les prévalences standardisées sur le sexe et l’âge étaient significativement inférieures à celles des régions hexagonales.
    Ces données proviennent du BEH N°11, du 28 mai 2024 qui a consacré un article à l’Analyse régionale du tabagisme quotidien des adultes en France en 2021.

    Le cannabis va être classé comme moins dangereux aux Etats-Unis

    Fiesta. Le gouvernement Biden a officiellement lancé jeudi 16 mai une procédure pour reclasser le cannabis comme substance moins dangereuse. C’est un tournant attendu dans la décriminalisation de la marijuana aux États-Unis et un gage en faveur du développement d’une industrie, explique l’AFP. Le ministère américain de la Justice a proposé de sortir le cannabis de la catégorie 1 des substances considérées au niveau fédéral comme très addictives et sans utilisation légale à des fins médicales. La catégorie 1 est la plus élevée de la nomenclature. Elle comprend notamment l’héroïne, le LSD ou l’ecstasy. Le gouvernement propose d’inscrire désormais le cannabis en catégorie 3, qui concerne des substances présentant un risque de « dépendance modéré à faible ». Parmi elles, figurent notamment certains médicaments à la codéine. La proposition sera soumise à la décision de l’Agence antidrogue américaine (DEA). La mise en mouvement officielle du gouvernement Biden dans ce dossier n’est pas une surprise, commente l’AFP. En effet, une première information avait fuité, en ce sens, fin avril. L’usage récréatif et médical du cannabis est légal dans vingt-quatre États américains. À cela s’ajoutent plusieurs États dans lesquels sa consommation n’est autorisée qu’à des fins thérapeutiques. Mais classé actuellement au niveau fédéral parmi les substances les plus addictives, le cannabis reste susceptible d’entraîner des poursuites fédérales pour les possesseurs-ses ou vendeurs-ses. En 1970, sous l’influence du président Richard Nixon, qui avait déclaré une « guerre totale contre les drogues illicites », le Congrès américain avait voté la classification du cannabis parmi les substances considérées comme les plus addictives. Cette mesure a mené à un nombre croissant d’interpellations, qui ont atteint un sommet à près de 800 000 en 2005. Les chiffres montrent que les personnes issues des minorités, en particulier les Afro-Américains-es, sont représentés-es de manière disproportionnée dans ces arrestations. « Cette décision est monumentale », a réagi, jeudi 17 mai, l’organisation de défense des droits  Afro-Américaine NAACP, sur X (ex-Twitter). « Beaucoup trop d’Américains noirs ont été victimes d’un système conçu pour causer leur perte. Nous soutenons la décriminalisation du cannabis », a commenté l’association. Une reclassification ne signifie pas pour autant légalisation, mais elle réduirait vraisemblablement le nombre d’interpellations au niveau fédéral. « Personne ne devrait être en prison uniquement pour utilisation ou possession de marijuana, point final », a déclaré le président Joe Biden dans une vidéo publiée le 16 mai dernier.

    La France étend les pouvoir des douaniers-ères contre les drogues de synthèse

    La lutte contre les drogues de synthèse va être accrue en France avec un renforcement des pouvoirs des douaniers-ères, le développement d’un algorithme pour scanner les colis et le recrutement de cyberdouaniers-ères, a annoncé (17 mai), lors d’un déplacement à Marseille, le ministre des Comptes publics, Thomas Cazenave. « En vigueur depuis mercredi, nous avons étendu les pouvoirs des douaniers pour saisir et contrôler » les produits « légaux qui peuvent être nécessaires pour créer » les drogues de synthèse, a commenté le ministre. Les saisies de drogues de synthèse par la douane ont quadruplé en trois ans. Le renforcement des pouvoirs des douaniers-ères correspond à un « enrichissement du dispositif « catch all » (« tout attraper », ndlr) », a expliqué le ministre. Cette disposition européenne consiste à effectuer une saisie, dès lors qu’il y a un doute, « même si le produit est légal », a-t-il poursuivi. « On a l’impression que ça va servir à la fabrication de drogues de synthèse ? On saisit. On ne se pose pas la question ». Par ailleurs, comme la vente de drogue de synthèse passe par internet et le darknet, le ministre a annoncé l’arrivée de 70 cyberdouaniers-ères avant la fin 2024 dans une unité spécialisée. « Plusieurs régions du monde sont touchées par une explosion de trafic et de la consommation de drogues de synthèse », a expliqué Thomas Cazenave, s’alarmant des conséquences sanitaires et sécuritaires « extrêmement graves ».

    Etats-Unis: la consommation régulière de cannabis dépasse celle de l'alcool

    Pour la toute première fois, la consommation quotidienne de cannabis dépasse celle d'alcool aux États-Unis, selon une étude menée sur plus de 40 ans, explique un article publié le 28 mai par ETX Daily Up. De fait, l'usage du cannabis a décollé aux États-Unis depuis la fin des années 2000, avant même que certains États, dont le Colorado et Washington, ne légalisent son utilisation récréative. Cette vaste étude menée sur plusieurs décennies (entre 1979 et 2022) indique donc que le nombre de consommateurs-rices quotidiens-nes ou quasi-quotidiens-nes de cannabis dépasse désormais celui des consommateurs-rices d'alcool.  « Les données proviennent d'enquêtes auto-déclarées, mais les changements considérables dans les taux de consommation de cannabis auto-déclarés, en particulier la consommation quotidienne ou quasi-quotidienne, suggèrent que les changements dans la consommation réelle ont été considérables. Il est frappant de constater que la consommation fréquente de cannabis est aujourd'hui plus souvent signalée que la consommation fréquente d'alcool », explique le chercheur Jonathan Paul Caulkins, professeur à l'université Carnegie Mellon (Pennsylvanie), principal auteur de cette étude, dans un communiqué, Jonathan Paul Caulkins s’est appuyé sur deux enquêtes nationales, la U.S. National Survey on Drug Use and Health et la National Household Survey on Drug Abuse. Cela a permis de compiler les données de pas moins de 1,6 million de personnes. « Les taux de consommation de cannabis ont été comparés au cours de quatre années clés en termes de changements politiques aux États-Unis, à savoir 1979, 1992, 2008 et 2022 », explique ETX Daily Up. Ces résultats ont été publiés dans la revue Addiction.

    Stress post-traumatique : des experts-es votent contre un traitement à la MDMA

    Un comité consultatif d’experts-es américains-es s’est prononcé, début juin, contre l’autorisation aux États-Unis d’un traitement contre le stress post-traumatique utilisant de la MDMA (ecstasy). Le traitement, pris en combinaison avec des séances de psychothérapie, est développé par Lykos Therapeutics. Il a été étudié lors d’essais cliniques. Mais les procédures utilisées pour mener ces essais et la solidité des résultats ont été jugées insuffisantes par les experts-es. L’agence américaine des médicaments (FDA) avait convoqué ce comité d’experts-es indépendants-es afin de recueillir leur avis sur ces données. La FDA n’est pas tenue de le suivre, mais il est rare qu’elle ne le fasse pas, indique l’AFP. Neuf experts-es sur onze ont estimé que le traitement n’avait pas démontré son efficacité pour traiter les troubles du stress post-traumatique (TSPT). Et dix sur onze ont jugé que les bénéfices du traitement ne l’emportaient pas sur ses risques.  Le stress post-traumatique survient après un événement traumatisant et touche environ 5 % de la population américaine. Les personnes concernées ont, entre autres, davantage de risques de comportements suicidaires et de conduites addictives, notamment l’usage de drogues.