L’Actu vue par Remaides : « Alcool : un sujet de santé pour les femmes à toutes les étapes de la vie, selon la HAS »
- Actualité
- 02.03.2025
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Par Jean-François Laforgerie
Alcool : un sujet de santé pour les femmes à toutes les étapes de la vie, selon la HAS
Le 26 février dernier, la Haute autorité de santé (HAS) a publié sur son site une contribution sur l’impact de l’alcool sur la santé des femmes. L’agence sanitaire invite les professionnels-les de santé, les personnes qui accompagnent les femmes dans leurs démarches de santé à prendre en compte les « spécificités de l’exposition des femmes à l’alcool, au-delà des seules périodes de grossesse et de maternité ». La rédaction de Remaides revient sur quelques idées clefs.
Des complications amplifiées chez les femmes
Le constat pourra surprendre. « Les modalités de consommation d’alcool des femmes évoluent et tendent à se rapprocher des pratiques masculines », explique la HAS. « Pourtant, femmes et hommes ne sont pas égaux face à l’alcool. Les complications associées à la consommation sont amplifiées chez les premières », note la haute autorité qui constate que le « tabou qui entoure l’alcool est également accentué vis-à-vis des femmes ». De plus, les « représentations liées au genre conduisent à une sous-évaluation médicale et un défaut d’accompagnement.» Pour y pallier, la HAS avait élaboré en 2023 un guide et des outils sur la diminution du risque alcool en population générale.
Aujourd’hui, elle met à disposition des professionnels-les de premier recours (soins, accompagnement social…) des ressources pour les sensibiliser aux « spécificités de l’exposition des femmes à l’alcool, au-delà des seules périodes de grossesse et de maternité. »
Une évolution des usages féminins
Les usages féminins d’alcool continuent d’évoluer, se rapprochant des pratiques masculines, particulièrement celle de l’alcoolisation massive et rapide (ou binge drinking). « En plus d’être une cause de décès évitables, la consommation d’alcool entraine des dommages qui peuvent lourdement impacter la santé ainsi que la qualité de vie », explique la HAS. Si « les femmes sont exposées aux mêmes risques que les hommes, à même quantité consommée, les complications sont plus graves, plus rapides, parfois spécifiques (cancer du sein) ou plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes (agressions subies, notamment sexuelles) », souligne l’agence sanitaire. « On juge, par ailleurs, encore plus négativement les femmes en difficulté avec leur consommation d’alcool et leur parole est moins considérée. Ces représentations liées au genre se traduisent par une sous-évaluation médicale des femmes et un moindre accès aux aides disponibles ». Le 26 octobre 2023, la HAS publiait un guide pour « accompagner chaque personne à diminuer son risque face à l’alcool.
L'alcool : première cause d'hospitalisation en France
Le document rappelait quelques enjeux forts et quelques données clefs. L’alcool est la substance psychoactive la plus consommée en France. La consommation d’alcool concerne 87 % des personnes âgées de 18 à 75 ans et 77 % des jeunes de 17 ans, près de la moitié d’entre eux pratiquant l’alcoolisation ponctuelle importante ou binge drinking. Quelles qu’en soient les modalités d’usage, l’alcool comporte des risques, pour soi-même et pour son entourage, et peut entrainer des complications affectant toutes les dimensions de la vie : physique, psychique, affective, sociale, économique, professionnelle, juridique. Sur le plan sanitaire, l’alcool est la première cause d’hospitalisation, la seconde cause de mortalité évitable après le tabac, la seconde cause de cancer évitable, soulignait déjà la HAS. Parmi les dommages irréversibles affectant les tiers, les troubles neurodéveloppementaux liés à l’alcoolisation fœtale concerne 0,5 à 1 % des naissances vivantes en France. Enfin, l’alcool est impliqué dans 30 % des accidents mortels de la route ainsi que dans 30 % des cas de violences (physiques, psychiques ou sexuelles). La HAS dressait même ce constat : « En dépit de l’omniprésence de l’alcool dans notre société et malgré son retentissement, la réponse apportée par notre système de santé est insuffisante. On observe ainsi l’absence de repérage systématique et généralisé de l’usage de l’alcool, mais également un sous-diagnostic des conduites d’alcoolisation et de leurs complications. Aujourd’hui encore, beaucoup de professionnels pensent que l’alcool n’est une question légitime qu’aux stades avancés du trouble de l’usage d’alcool (addiction). Socialement et culturellement, les résistances sur le sujet affectent les professionnels, exposés à l’alcool et à ses représentations, comme tout autre citoyen. »
Des outils pour mieux informer et accompagner les femmes
Dans le prolongement de ce travail de 2023, la HAS publie aujourd’hui une série de documents courts (un guide point clés, une synthèse et sept fiches-outils thématiques) pour sensibiliser aux spécificités de l’exposition des femmes à l’alcool, au-delà des seules périodes de grossesse et de maternité. Ces ressources s’adressent aux professionnels-les de premier recours qui occupent une place privilégiée auprès des femmes pour les accompagner dans la compréhension de leurs usages et la diminution de leurs risques, dans le respect de leurs choix, de leurs priorités et de leur intimité, aux professionnels-les du médico-social, aux militants-es des associations de santé et aux femmes, bien entendu.
Une des ambitions de cette initiative est de « libérer la parole sur le sujet alcool chez les femmes, à tout âge ». En effet, aujourd’hui, l’usage d’alcool chez les femmes n’est généralement abordé que dans le cadre de la grossesse. Or, « l’alcool est un sujet de santé globale pour toute personne de sexe et/ou de genre féminins, y compris les personnes mineures, au regard notamment de son impact sur la vie génitale, la santé sexuelle, la procréation ou encore le risque de cancer du sein », explique la HAS. Et l’agence sanitaire d’expliquer : « L’évolution des usages et les risques associés à cette consommation d’alcool appellent à renforcer l’information et l’accompagnement des femmes et ce, tout au long de leur vie. Il est ainsi nécessaire d’aborder ce sujet régulièrement en consultation, d’en faire un sujet de santé comme les autres (tabagisme, activité physique…), en veillant à éviter tout jugement moral et en étant attentif aux choix de vie, à l’intimité et à l’environnement de chaque femme. »
Toutes les fiches thématiques, les documents clefs sont consultables et téléchargeables ici.