Guyane / Suriname : AIDES et La Croix Rouge unies contre les épidémies
- Actualité
- 14.03.2018
Pour garantir l’accès à la prévention et aux soins de chaque côté du Maroni, fleuve-frontière entre la Guyane et le Suriname, AIDES et la Croix Rouge Surinamaise coordonnent leurs forces dans un projet transfrontalier inédit.
Avec une prévalence similaire à certains pays d’Afrique subsaharienne (environ 1%), la Guyane est le département français le plus touché par le VIH. La situation dans l’Ouest guyanais est particulièrement préoccupante : les populations vivant sur les rives du fleuve Maroni font face à une progression soutenue de l’épidémie. Ce territoire frontalier avec le Suriname est depuis longtemps considéré par AIDES comme ultra-prioritaire : en situation d’épidémie généralisée, le taux de contaminations annuelles y est 9 fois supérieur à la moyenne nationale. En cause, des difficultés tenaces d’accès aux soins, au dépistage et à la prévention. La précarité administrative et les très fortes inégalités sociales de santé, couplées à l’isolement et au manque d’infrastructures adaptées sont autant d’entraves à une lutte efficace contre l’épidémie. L’information de base sur le VIH peine aussi à atteindre toutes les communautés du fleuve, en particulier dans les villages isolés. La persistance de tabous et de représentations datées entrainent ainsi exclusion et stigmatisation des personnes séropositives, et éloignent un peu plus les populations du dépistage. Résultat : des retards importants à la prise en charge, de trop nombreux diagnostics établis au stade sida et une grande difficulté à maintenir dans le soin les personnes dépistées positives. A l’hôpital de Saint-Laurent du Maroni, ville où AIDES est implantée, près de 25% des personnes diagnostiquées positives sont « perdue de vue ». C'est-à-dire qu’elles sortent du système de santé au bout de quelques mois, avec toutes les conséquences que cela implique pour leur survie et pour la santé publique en général.
L’épidémie ne reconnaît pas les frontières : notre combat non plus. L’une des principales difficultés réside dans le caractère frontalier de ce territoire. Frontière sur le papier, le fleuve Maroni est avant tout un bassin de vie pour les habitants, qui se déplacent quasi quotidiennement d’une rive à l’autre. Comme AIDES le fait déjà côté guyanais, le local de la Croix Rouge ouvert dans la ville surinamaise d’Albina permettra la mise en place d’actions itinérantes à destination des populations et villages les plus isolés côté Suriname. Objectif : faire reculer l’épidémie en facilitant l’accès au dépistage, à la prévention et aux soins pour toutes les populations de cette région frontalière. Grâce à ce projet, les personnes touchées vivant sur le fleuve pourront bénéficier d’un suivi coordonné, et d’un accès à un plateau technique de qualité de chaque côté du fleuve, quel que soit leur situation administrative. Ce projet permettra enfin un meilleur accès à l’information et à la prévention pour les populations qui en étaient jusqu’ici exclues, et une lutte plus efficace contre les discriminations. Ce projet transfrontalier est une grande première dans cette région. Il a pu voir le jour grâce au soutien précieux de l’AFD et de mécènes privés, comme le laboratoire Janssen et le groupe Johnson & Johnson.
«Penser la lutte contre le sida comme une problématique purement nationale n’a aucun sens », explique Aurélien Beaucamp, président de AIDES. « C’est encore plus vrai dans l’Ouest guyanais, terre de brassage séculaire et multiculturel. Pour endiguer l’épidémie, il nous faut agir de façon coordonnée de chaque côté du fleuve Maroni, mobiliser les différentes communautés qui y résident et accompagner la mise en place d’une offre en santé efficace et accessible sur la rive Surinamaise. C’est tout le sens de ce projet ».