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    L'actu vue par REMAIDES : "la Fédération Addiction a récemment lancé le site analysetonprod.fr"

    • Actualité
    • 22.08.2024

    salle de consommation à moindre risque

    © DR

    Par Jean-François Laforgerie et Fred Lebreton

    RDR et analyse de produits : la Fédération Addiction a récemment lancé le site analysetonprod.fr

    L’analyse de produits est un outil de réduction des risques reconnu par la loi depuis 2016. Toujours du côté de la Fédération Addiction, l’ONG s’est dotée d’une nouvelle présidence. Le 4 juillet dernier, Catherine Delorme a été élue présidente de la Fédération Addiction par le conseil d’administration, à l’unanimité. En France toujours, les Ordres des pharmaciens et des médecins ont publié (9 juillet) des recommandations sur la prescription et la dispensation des traitements de substitution aux opiacés. Elles incitent à la coopération entre médecins et pharmaciens-nes. De son côté, l’OMS a publié ses toutes premières directives sur le traitement clinique du sevrage tabagique chez les adultes. Enfin, signalons la reprise des sessions de Forma’PAIRS par Techno+ et la sortie d’un numéro spécial de la revue Swaps (en anglais) sur Chemsex in European cities. La rédaction de Remaides fait le point sur l’actu concernant les produits.

    RDR et analyse de produits : la Fédération Addiction lance le site analysetonprod.fr

    L’analyse de produits est un outil de réduction des risques reconnu par la loi depuis 2016. Elle est inscrite à l’article L3411-8 du code de la santé publique. Cela consiste à faire analyser une drogue avant de la consommer pour en connaitre la composition et les dangers. En quoi est-ce de la RDR ? Faire analyser un échantillon de drogue, c’est être mieux informé-e sur sa pureté et sa composition pour pouvoir faire des choix éclairés sur sa consommation, explique le site.

    Le 24 juillet, la Fédération Addiction a lancé le site analysetonprod.fr. Ce site permet à « toute personne qui souhaite consommer une drogue de trouver un lieu où la faire analyser de manière anonyme, gratuite et légale », explique l’association dans un communiqué. Le lancement du site permet désormais aux consommateurs-rices de drogues de trouver une association près de chez eux-elles qui pourra réaliser une analyse anonyme et gratuite. Concrètement, les personnes souhaitant faire analyser un produit peuvent se rendre dans l’une des associations recensées sur le site, explique le communiqué de la Fédération Addiction. Après un court entretien afin d’en savoir plus sur l’origine du produit et le contexte de consommation, [l’association collectrice] prélèvera un petit échantillon du produit, l’équivalent d’une tête d’épingle (environ 20 milligrammes) pour le faire analyser. Selon la technique d’analyse, le résultat sera rendu en quelques heures ou quelques jours et pourra être plus ou moins précis sur la teneur des différents composants de l’échantillon. Le résultat est rendu au cours d’un second entretien où il est possible de discuter de la composition du produit et des risques pour la santé. Si le produit analysé s’avère particulièrement dangereux, cela est mentionné lors du rendu des résultats.

    L’association collectrice peut également faire un signalement au réseau national de veille sanitaire de l’Observatoire français des drogues et tendances addictives (OFDT) afin que l’information sur la dangerosité soit diffusée. Le site analysetonprod.fr propose des fiches d’informations et des ressources sur les produits, leurs usages et leurs risques ainsi que le contact de structures réalisant de l’analyse de drogues à distance.

    Catherine Delorme, nouvelle présidente de la Fédération Addiction

    Le 4 juillet dernier, Catherine Delorme a été élue présidente de la Fédération Addiction par le conseil d’administration, à l’unanimité. Après un psychologue (Jean-Pierre Couteron de 2011 à 2018) et un médecin psychiatre (Jean-Michel Delile depuis 2018), c’est aujourd’hui une professionnelle issue du travail social qui prend la tête de la Fédération Addiction, ce qui « illustre la diversité des métiers et des disciplines en addictologie », avance un communiqué de la Fédération Addiction.

    Catherine Delorme a démarré sa carrière comme éducatrice spécialisée en 1996 en Bourgogne. Elle intègre un « centre de soin pour toxicomanes », selon la terminologie de l’époque, en 2000. Depuis 2020, elle travaille en  Île-de-France et dirige des établissements de l’association Oppelia dans les Hauts-de-Seine et les Yvelines, ce qui regroupe des Csapa ambulatoires et résidentiels, des appartements thérapeutiques et des appartements de coordination thérapeutique. Elle était vice-présidente de la Fédération Addiction depuis 2018. Dans une interview, Catherine Delorme présente ses priorités. Elle y explique notamment ceci : « L’addictologie a connu différentes évolutions ces dernières décennies : une réflexion et la construction d’une posture clinique (relation sécure et non-jugeante, favorisant l’agencement de propositions d’accompagnement social, psychologique, médical), une évolution médicale avec des avancées médicamenteuses précieuses, la diversification des réponses thérapeutiques avec l’affirmation du continuum entre réduction des risques et soins (…) Je crois que la prochaine concerne le lien avec les usagers, la dimension sociale et coopérative », explique-t-elle. Et de poursuivre : « Il est trop tôt pour savoir quelles seront les orientations du futur gouvernement mais je veux réaffirmer que la Fédération Addiction saura défendre les intérêts du secteur et de ses usagers ».

    Traitements de substitution aux opioïdes : Médecins et pharmaciens incitent à la coopération

    Cohésion. Les Ordres des pharmaciens et des médecins ont publié (9 juillet) des recommandations sur la prescription et la dispensation des traitements de substitution aux opiacés. Comme l’explique le Quotidien du Médecin, les deux ordres « entendent garantir l’équité et la sécurité de l’accès aux traitements dans un contexte d’augmentation de la consommation mais aussi du trafic de ces médicaments ». L’objectif de cette actualisation est de « garantir une prise en charge efficace et de qualité, encadrée et conforme à la réglementation en vigueur ».

    Dans un communiqué commun, les deux instances ordinales insistent sur le fait que la « prise en charge des conduites addictives nécessite une bonne coordination depuis leur prescription par les médecins jusqu'à leur dispensation par les pharmaciens » comme l’a souligné Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. « Le nombre de personnes ayant eu une délivrance de médicaments de substitution aux opioïdes (MSO) en France en 2019 en ville, en milieu pénitentiaire et dans les centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) est estimé à 177 000 personnes. Relativement à la part estimée d’usagers problématiques d’opioïdes, le taux estimé de couverture des traitements de substitution aux opioïdes (TSO) est de 87 % », explique le document d’une trentaine de pages. La buprénorphine haut dosage (BHD) reste le médicament de substitution aux opiacés (MSO) le plus remboursé en ville, avec 57 % des délivrances de MSO en 2022, mais la part de méthadone continue de progresser et atteint 43 % en 2022 (contre 38 % en 2019). Les produits à base de méthadone sont classés comme stupéfiants (ceux à base de buprénorphine sont seulement considérés comme « assimilés stupéfiants ») et leur prescription initiale doit être réservée à certains spécialistes (Csapa ou services hospitaliers d’addictologies), indique le Quotidien du Médecin. Les autres MSO sont prescrits essentiellement par des médecins généralistes exerçant en ville. Dans leurs recommandations actualisées, les deux ordres estiment qu’il est « souhaitable et nécessaire, pour la possibilité d’une primo prescription de méthadone en ville, que les médecins et les pharmaciens prenant en charge des patients sous traitement de substitution aux opiacés puissent acquérir une formation spécifique minimale ». Comme le pointe le quotidien médical, les nouvelles recos comprennent « notamment un tableau détaillant l'ensemble des médicaments de substitution, à base de buprénorphine (Subutex, Suboxone, Orobupré, Zubsolv, et pour l’action prolongée, Buvidal et Sixmo) de méthadone (sirop et gélules) ou de naloxone (Prenoxad, Nyxoïd, Ventizolve) avec pour chacun le dosage, la posologie, les modalités de prescription et d'administration, les conditions de prescription et de dispensation. Pour rappel, la mise à disposition de naloxone doit être systématique ». « Les recommandations insistent sur la collaboration entre médecins et pharmaciens lors de la dispensation ; un contact téléphonique entre les deux professionnels devant le patient lors de la prescription sur ordonnance sécurisée est fortement suggéré ».

    Pour rappel, depuis le décret du 20 décembre 2023, les prescriptions doivent être dématérialisées (les médecins ont jusqu’à la fin de l’année pour s’y conformer) : le prescripteur établit une ordonnance numérique au moyen des téléservices de l’Assurance-maladie, qui est ensuite imprimée et remise au-à la patient-e. La personne doit ensuite la présenter au-à la pharmacien-ne. Elle comporte un QR code véhiculant un numéro unique de prescription, et le nom du-de la pharmacien-ne choisi-e par le-la patient-e pour la délivrance du traitement. Les ordres conseillent aux médecins de garder une copie de toutes prescriptions.

    L’OMS a publié ses toutes premières directives sur le traitement clinique du sevrage tabagique chez les adultes

    Dans ses premières directives sur l’arrêt du tabac, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande un « ensemble complet d’interventions, parmi lesquelles une aide comportementale fournie par des prestataires de soins, des méthodes numériques et des traitements pharmacologiques ». Ces directives ont une grande ambition, puisqu’elles visent à aider les plus de 750 millions de personnes dans le monde qui souhaitent renoncer au tabac sous toutes ses formes.

    Les recommandations s’appliquent à toutes les personnes adultes qui veulent arrêter de consommer différents produits du tabac comme les cigarettes, les pipes à eau, les produits du tabac sans fumée, les cigares, le tabac à rouler et les produits du tabac chauffés. « Ces lignes directrices marquent une étape cruciale dans la lutte mondiale contre ces produits dangereux », a commenté le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS. « Elles donnent aux pays les outils essentiels pour aider efficacement les consommateurs à renoncer au tabac et alléger le fardeau mondial des maladies liées au tabagisme. » Plus de 60 % des 1,25 milliard de consommateurs-rices de tabac dans le monde, soit plus de 750 millions de personnes, souhaitent se passer du tabac, mais 70 % n’ont pas accès à des services de sevrage efficaces. Cette lacune est due aux difficultés auxquelles sont confrontés les systèmes de santé, notamment la limitation de leurs ressources humaines et financières.

    Pour l’OMS, en combinant la pharmacothérapie à des interventions comportementales, on augmente considérablement les chances de succès du sevrage. Les pays, notamment les pays à revenu faible et intermédiaire, sont encouragés à fournir ces traitements gratuitement ou à prix réduit pour les rendre plus accessibles. L’OMS recommande la varénicline, le traitement de substitution nicotinique, le bupropion et la cytisine comme aides efficaces au sevrage tabagique. En 2023, l’OMS a mis en place une procédure de préqualification des médicaments contre les troubles causés par le tabagisme afin d’élargir l’accès aux médicaments recommandés pour faciliter le sevrage tabagique dans l’ensemble du monde. En avril 2024, la gomme et le patch à la nicotine de Kenvue sont devenus les premiers traitements de substitution nicotinique préqualifiés par l’OMS. L’OMS recommande des interventions comportementales, y compris l’offre systématique de conseils de courte durée (de 30 secondes à trois minutes) dispensés par des agents-es de santé en milieu médical, ainsi qu’un soutien comportemental plus intensif (accompagnement individuel, de groupe ou par téléphone) pour les consommateurs-rices intéressés-es. Les interventions numériques telles que l’envoi de messages textes, les applications pour smartphones et les programmes Internet peuvent être utilisées comme compléments ou moyens d’autoprise en charge.

     

    Chemsex : un guide européen de la RDR

    La revue Swaps vient de sortir un numéro très complet (92 pages) sur la réduction des risques liée au chemsex en Europe. « Dans chaque métropole, dans chaque région européenne, le chemsex est présent. Minoritaire, mais plus ancré encore qu’il y a cinq ans (Swaps n°92-93). Avec des réponses qui peuvent différer d’un pays à l’autre, d’une expérience associative, communautaire ou étatique à l’autre. C’est l’objet de l’enquête que Swaps a menée à Amsterdam, Barcelone, Berlin, Bruxelles, Lisbonne, Londres, Paris et Zurich. Sans prétendre à l’exhaustivité, mais plus au partage d’expériences » annoncent Didier Jayle, directeur de la publication de Swaps et Gilles Pialoux, rédacteur en chef de Swaps. Citons le travail d’investigation de la journaliste Christelle Destombes qui s’est déplacée de Amsterdam à Londres en passant par Berlin et Paris pour rencontrer les acteurs-rices de la RDR chemsex. Le guide propose aussi un texte de Tim Madesclaire, accompagnateur communautaire au SPOT Beaumarchais (Paris). À lire également, une interview de Thibaut Jedrzejewski, directeur médical du 190, qui explique le dispositif PARC pour accompagner les personnes en questionnement/souffrance avec leur pratique du chemsex.

    Extrait : « C’est un dispositif qui dure trois mois, renouvelable une fois, soit six mois maximum. Nous avons commencé à l’automne 2021 ; 25 personnes ont été accompagnées depuis. Nous essayons d’inclure une dizaine de personnes à chaque fois ; à peu près la moitié d’entre elles font un premier Parc et puis un deuxième… C’est un dispositif plus souple qu’un dispositif hospitalier qui propose un accompagnement qualitatif. IL n’y a rien d’obligatoire. Plusieurs rendez-vous réguliers sont proposés : un rendez-vous avec un intervenant au moins une fois par semaine – accompagnateurs communautaires, infirmiers, psychologues, sexologue. Et des ateliers : sport adapté, ateliers théâtre, arts plastiques, hypnose de groupe, écriture… ».

    Guide à lire et télécharger gratuitement.

    Reprise des sessions de Forma’PAIRS par Techno+

    L’association Techno+, spécialisée dans la RDR produits en milieu festif, lance, dès septembre, son nouveau programme de formation, baptisé Forma'PAIRS. Forma'PAIRS est la formation en ligne de l’association. Elle s’adresse aux teufeurs-ses et fêtards-es qui mènent déjà, ou qui souhaitent mettre en place, des actions de santé pendant les soirées techno !

    Chaque semaine, du 18 septembre au 17 décembre, Forma'PAIRS  ouvre un nouveau module avec 2 à 3 heures de formation et d'exercices à faire à son rythme. Durant cette période, six visios avec des intervenants-es expérimentés- es seront proposées avec la possibilité de poser des questions en direct. Par ailleurs, vous serez invité-e à rejoindre le serveur discord ChezPAIRS pour dialoguer avec le reste de la promo et les formateurs-rices des différentes conférences proposées. Tout démarre le 18 septembre par un module d’introduction, puis suivront des sessions avec des thèmes comme :

    • Santé communautaire, la RdR c’est quoi ? ;
    • Éthique, non-jugement, écoute… Les savoirs-être indispensables ;
    • En teuf, je suis, tu es, il est, nous sommes responsables ! ;
    • Réduire les risques liés aux pratiques festives ;
    • Stand et Chill Out, comment les mettre en place ;
    • Généralités sur les produits psychoactifs ;
    • Réagir aux petits bobos et plus gros accidents physiques ;
    • Réconforter les personnes sous produits, etc.

    Cette formation est à prix libre et conscient. Le montant minimum conseillé de participation est de 60 €. Si vous êtes un-e intervenant-e professionnel-le ou bénévole dans une association existante établie type CAARUD, AIDES, Avenir-Santé, etc. Vous pouvez aussi vous inscrire en précisant votre statut sur le formulaire d'inscription.

    Pour s’inscrire, c’est ici ➡️ https://technoplus.org/formapairs