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    L’actu vue par Remaides : IST, quatre nouvelles infections dépistées sans ordonnance dans tous les laboratoires de biologie médicale

    • Actualité
    • 05.09.2024

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    Par Jean-François Laforgerie

     

    IST : quatre nouvelles infections dépistées sans ordonnance dans tous les laboratoires de biologie médicale

    Dans un contexte de hausse, depuis plusieurs années, des IST, les autorités de santé françaises ont décidé de renforcer l’accès au dépistage qu’elles présentent « comme un outil essentiel » pour lutter contre ces infections. Afin de répondre à cet enjeu de santé publique, le ministère de la Santé et de la Prévention a annoncé, fin août, la mise en œuvre, à compter du 1er septembre 2024, d’une nouvelle mesure permettant le dépistage de quatre nouvelles IST à la demande du-de la patient-e et sans ordonnance, pris en charge à 100 % pour les moins de 26 ans, et à 60 % pour le reste de la population. Explications.

    De nouvelles IST concernées par un dépistage sans ordonnance en laboratoire

    Quatre nouvelles IST (chlamydia trachomatis, gonocoques, syphilis et hépatite B)sont désormais incluses dans ce dispositif, en plus du dépistage du VIH, déjà possible sans ordonnance en laboratoire de biologie médicale depuis le 1er janvier 2022. « C’est une avancée notable dans l’accès au dépistage des IST », estime le ministère de la Santé et de la Prévention.
    Dans son communiqué, le ministère n’oublie pas de rappeler que « cette mesure vient enrichir l’offre déjà proposée du dépistage du VIH sans ordonnance (VIH TEST), qui a permis de toucher des populations qui ne se faisaient pas dépister par ailleurs via les circuits habituels de dépistage. L’objectif de cette nouvelle mesure est de réduire les occasions manquées de prévention contre le VIH, des IST et des hépatites virales, « en dispensant du recours à une prescription médicale qui peut parfois être un frein pour certaines personnes ».
    Dans sa communication, le ministère souligne que le « dépistage ne constitue qu’un des piliers de [la prévention en matière de santé sexuelle], aux côtés de la vaccination et des mesures-barrières qui s’appliquent par exemple au virus Mpox, et, bien entendu, aux campagnes d’information et de sensibilisation qui constituent des alliés précieux d’une santé sexuelle épanouie et sûre ».

    Comment bénéficier de ce dépistage ?

    La personne souhaitant bénéficier du dépistage peut se rendre en laboratoire de biologie médicale (de ville ou hospitalier). Elle remplira un auto-questionnaire destiné à déterminer les IST et les sites de prélèvement concernés selon sa situation. Le dépistage inclura, en plus du VIH, les infections suivantes : chlamydia trachomatis, gonocoque, syphilis et hépatite B.
    En cas de résultat positif, le-la biologiste médical-e informera la personne par téléphone ou lors de sa venue en laboratoire, et l’accompagnera vers la prise d’un rendez-vous médical auprès des structures et professionnels-les de santé les plus appropriés-es : médecin généraliste, sage-femme, Cegidd (centres d’information, de dépistage et de diagnostic) ou structure hospitalière.

    Dépistage sans ordonnance : de nouvelles pratiques pour les labos

    - Les comptes rendus de résultats, qu’ils soient positifs ou négatifs, incluront des messages-clés sur la prévention en santé sexuelle. Ces messages de prévention concerneront les différents moyens de protection contre les IST, l’accès à une contraception d’urgence, les numéros d’urgence pour les situations de violences, etc. ;
    - Le-la biologiste aura également pour rôle de promouvoir les modalités de « notification au(x) partenaire(x) », comme recommandé par la Haute autorité de Santé depuis 2023, en encourageant la personne avec un résultat positif à informer son ou ses partenaires à se faire dépister afin de casser les chaines d’infection.
    Ce dispositif vient compléter les dispositifs existants, tels que le dépistage sur prescription médicale et le dépistage gratuit dans les centres d’information, de dépistage et de diagnostic (Cegidd). Il ne les remplace pas.

    Quelles sont les modalités de prise en charge de ce nouveau dépistage des IST ?

    La mesure est applicable à l’ensemble des personnes disposant de droits ouverts à la Sécurité sociale (droit de base et AME) : chaque personne pourra aller directement en laboratoire de biologie médicale pour bénéficier d’un dépistage des IST sans ordonnance. La prise en charge par l’assurance maladie est de 100 % pour les moins de 26 ans. Le coût de ces examens pouvant constituer un frein financier particulièrement pour cette catégorie de personnes, cette couverture intégrale permet d’encourager les plus jeunes à aller se faire dépister. Au-delà de 26 ans, la prise en charge par l’assurance maladie sera de 60 %, la somme restante étant couverte par les complémentaires Santé responsables.

    Des experts-es réagissent à cette mesure

    Interrogé par la journaliste Sylvie Burnouf pour Le Monde (30 août), le professeur Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Tenon (Paris) et vice-président de la SFLS, explique qu’il s’agit là d’une « très bonne mesure », qui va « dans le sens de la prévention combinée » et devrait permettre de « rattraper un loupé », celui de la « banalisation du dépistage, qui voudrait que quand vous consultez pour un renouvellement de pilule ou un bilan de cholestérol, par exemple, on vous prescrit un dépistage des IST bactériennes, du VIH et des hépatites ». Du côté de AIDES, on voit aussi d’un bon œil l’arrivée de ce nouveau dispositif, explique Le Monde. Il est « complémentaire de la stratégie ciblée que nous proposons avec les TROD [tests rapides d’orientation diagnostique] ou les centres de santé sexuelle d’approche communautaire », estime Franck Barbier, responsable santé et thérapeutique. Les laboratoires d’analyses présentent l’avantage d’assez bien « mailler le territoire », même si toutes les communes n’en sont pas dotées.