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    L’Actu vue par Remaides : « De nombreuses associations de solidarité menacées de disparition », alerte la FAS »

    • Actualité
    • 27.10.2025

     

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    Une des pancartes du rassemblement organisé à Paris,
    place Stalingrad, le 11 octobre à l’initiative du
    Mouvement associatif (le porte-parole du milieu associatif). Photo : Fred Lebreton

    Par Jean-François Laforgerie

    "De nombreuses associations de solidarité menacées de disparition" alerte la FAS

     

    Selon une enquête de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), une association du secteur sur quatre affirme être menacée de disparition car disposant de moins de deux mois de trésorerie pour assurer les dépenses liées à son fonctionnement. Le financement des associations est un sujet fort de préoccupation chez nombre d’acteurs-rices de la société civile, y compris dans le champ de la lutte contre le sida. Le Mouvement associatif (le porte-parole du milieu associatif) et des partenaires ont pris l’initiative de relancer une nouvelle « enquête flash nationale » pour dresser un « état des lieux précis de la situation financière et économique des associations, qu’elles soient employeuses ou non ».

     

    Un quart des associations de solidarité menacées de disparaître
    Dans un récent rapport, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) sonne le tocsin : « Il y a urgence ». La FAS a d’ailleurs appelé les acteurs-rices du secteur à participer à une journée de mobilisation, le 11 octobre autour du mouvement associatif pour débloquer la lutte contre la pauvreté dans notre pays.
    Aide alimentaire, hébergement d'urgence, accompagnement vers l'emploi... Les associations de solidarité, secteur essentiellement financé par les pouvoirs publics, se trouvent dans une situation d'« extrême fragilité », estime Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité, qui compte 900 adhérents-es, cité par l’AFP. « On risque de voir disparaître des acteurs majeurs de l'action sociale », ajoute-t-il.

    La FAS a mené une enquête auprès de son réseau via un questionnaire et des audits comptables. Cette enquête montre qu'une association du secteur sur quatre est menacée de disparition car elle dispose de moins de deux mois de trésorerie pour assurer les dépenses liées à son fonctionnement. Elle indique également qu'une sur deux a vu sa situation financière se dégrader au cours de ces trois dernières années.

    « Pris dans un étau entre hausse record de la pauvreté et financements de plus en plus incertains »
    « Pris dans un étau entre hausse record de la pauvreté et financements de plus en plus incertains, les acteurs de la solidarité doivent accompagner toujours plus de personnes avec moins de moyens », explique l’enquête. Elle met en évidence des « difficultés structurelles majeures » : « Trésorerie critique : 24 % des associations disposent de moins de deux mois de liquidités ; précarité des financements : 58 % n’ont aucune visibilité au-delà d’un an ; crise du travail social : 60 % constatent une hausse du turnover depuis trois ans. »

    Outre les retards de versement des subventions, les associations interrogées par la FAS mettent en cause la hausse de leurs coûts de fonctionnement, qui progressent en raison de l'inflation. Que dit l’enquête sur ces points ? Si on étudie les retards de paiement et les subventions annuelles, on constate des « facteurs aggravants qui font désormais système » : 50,5 % des répondants-es subissent des retards récurrents tous financeurs publics confondus ; 17 % d’entre eux-elles sont contraints-es de négocier des facilités bancaires pour ces raisons ; 44,3 % des répondants-es attendent plus de 120 jours pour le premier versement de leur financement après signa­ture de la convention ; 47,9 % des répondants-es ont moins de 25 % de financements pluriannuels et 58,3 % des répondants-es ont une visibilité inférieure à 12 mois sur leurs financements. »
    Et l’enquête d’expliquer : « Ces différents éléments pris un par un sont déjà identifiés comme des vecteurs de fragilisation économique. Mis en­semble, ils constituent un système qui met de facto en danger le secteur associatif en prélevant sur sa trésorerie déjà bien éprouvée (cf. supra) voire en conduisant les associations à recourir à des prêts ou à des facilités bancaires. Ainsi, l'analyse révèle que certaines structures consacrent jusqu'à 2 voire 3 % de leur budget aux frais financiers liés à ces décalages. » « Cette précarisation génère un coût de fonctionnement de plus en plus important : multiplication des appels à pro­jets, des reportings, des contrôles, des frais bancaires… Les financements annuels, en plus de ne donner aucune visibi­lité aux associations et aux services de l’État, génèrent des missions administratives supplémentaires pour toutes les parties, coûteuses et éloignées de la mission principale de l’association et de la politique publique. Ainsi, une associa­tion de 200 salariés-es a mesuré que 15 % de ses coûts de fonctionnement étaient désormais dédiés à la recherche et justification de financements plutôt qu'à l'accompagnement direct », explique le rapport d’enquête.

    Il y a urgence, on demande à l'État des mesures d'appui à la trésorerie pour permettre aux associations de franchir ce cap », commente Pascal Brice de la FAS, cité par l’AFP. L'organisme souhaite aussi que l'État indexe les financements sur l'inflation et compense l'intégralité des revalorisations salariales obligatoires (lié à l’extension de la prime Ségur). Dans un communiqué, la FAS rappelle que ces « associations, essentielles à la cohésion sociale, sont (…) au cœur de la mise en œuvre des politiques publiques sociales confiées par l’État et les collectivités. Sans elles, c’est tout un pan de notre modèle social qui est menacé. »

     

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    Une des pancartes du rassemblement organisé à Paris,
    place Stalingrad, le 11 octobre à l’initiative
    du Mouvement associatif (le porte-parole du milieu associatif).
    Photo : Fred Lebreton

     

    Le secteur associatif était dans la rue samedi 11 octobre pour réclamer des moyens

    « Ça ne tient plus », « stop au rafistolage » : de très nombreuses associations se sont mobilisées partout en France le 11 octobre pour réclamer aux pouvoirs publics de les préserver des coupes budgétaires qu’elles subissent, les obligeant à réduire leurs activités aux dépens notamment des personnes les plus vulnérables. Des rassemblements ont été organisés dans plus de 70 villes, à l’appel du Mouvement associatif, qui revendique 700 000 associations membres (AIDES en fait partie). Le rassemblement parisien s’est tenu place Stalingrad, où plusieurs centaines de personnes étaient présentes, notamment dans le cadre d’un village de stands associatifs.
    « L’équation impossible : plus de besoins, moins de moyens, moins de soutien » a été dénoncée à la tribune par une vingtaine de dirigeants-es associatifs-ves nationaux-les.
    Colère et inquiétude se mêlaient sur plusieurs pancartes, comme l’a constaté l’AFP. « Cette journée est un cri d’alarme et un cri du cœur : les associations sont en situation financière hypertendue », a déclaré à l’AFP Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif, pour laquelle « les prochains gouvernements doivent se préoccuper urgemment du tissu associatif ». Il fallait « un signal fort afin que les choses changent », a souligné à l’AFP le directeur de la Maison des associations de Strasbourg, Jérôme Bernard. Aide aux plus précaires, défense des droits des femmes... Les associations de tous secteurs voient leurs finances se dégrader, selon le Mouvement associatif. Il a mené en septembre une étude auprès de ses membres (voir plus haut). Les quelque 1,5 million d’associations en activité en France subissent, selon Claire Thoury, une « crise inflationniste » gonflant leurs charges et une « crise budgétaire », où les pouvoirs publics réduisent leur soutien. « Les associations rendent le quotidien plus agréable ou moins douloureux, sans elles, des besoins sociaux ne seront pas couverts », a-t-elle averti.
    La baisse des moyens entraîne déjà des réductions et suppressions d’activités, mais aussi des reports d’investissements et des hausses des cotisations. Au Planning Familial, « la diminution des financements oblige à devoir arrêter certaines actions de terrain », alors qu’on est « surtout présents pour les jeunes et les plus éloignés du droit à l’avortement », a expliqué à l’AFP sa présidente Sarah Durocher. La situation se traduit également par des suppressions d’emplois dans un secteur comptant 1,9 million de salariés-es (et qui mobilise 20 millions de bénévoles). « Il y a des associations qui ferment, qui sont dans l’incapacité de continuer à assurer les salaires », a alerté Jérôme Bernard. Plaidant pour « des moyens budgétaires à la hauteur des besoins », le président d’Emmaüs France Bruno Morel explique : « Un des signes forts serait que le gouvernement reçoive, dès sa mise en place, le secteur associatif ». À suivre.

    " Cela ne tient plus ! Mobilisons-nous le 11 octobre"

    Voici le texte de la tribune du Mouvement associatif appelant aux manifestations qui se sont déroulées en France pour la sauvegarde du milieu associatif.

    « Les associations agissent dans tous les territoires, dans toutes les sphères de la vie quotidienne. Solidarités, éducation populaire, culture, sport, santé, environnement, accompagnement des plus fragiles, les associations sont au cœur de nos vies, au cœur de notre société, en France et à l’international. Elles donnent une voix à celles et ceux qui n’en ont pas, elles créent du lien, elles permettent l’engagement citoyen, elles rendent possible l’impossible.
    Aujourd’hui, ce rôle vital pour l’équilibre social et démocratique de notre pays est menacé. Entre restrictions budgétaires, complexité administrative, remise en cause de leur capacité d’interpellation, augmentation des besoins et fragilisation des bénévoles comme des salariés, une majorité de nos associations est à bout de souffle. 
    Depuis plusieurs années, la situation du monde associatif se dégrade dangereusement, dans un silence assourdissant, malgré nos alertes répétées. En 15 ans, la part des subventions a baissé de 41% dans le budget des associations. Un tiers d’entre elles déclare revoir leurs activités à la baisse pour survivre et certaines disparaissent. Cela signifie moins d’accueil, moins de prise en charge des plus fragiles, moins de cohésion sociale.
    Ce traitement illustre un véritable manque de considération institutionnel envers le monde associatif. Or, la liberté d’association n’est pas un privilège accordé par l’État : c’est un droit fondamental consacré par la loi de 1901 et la Constitution. Un droit historique, dont nous sommes fiers, et qu’il nous faut défendre. 
    Cette fragilisation n’est pas seulement un problème pour le secteur associatif : elle concerne toute la société. Sans associations, c’est une part essentielle de notre démocratie et de notre capacité collective à inventer l’avenir qui disparaît. Maltraiter, ignorer voire discréditer les associations, c’est porter atteinte à la vie quotidienne des 67 millions de Françaises et de Français, et au soutien à des millions de personnes vulnérables en France et dans le monde.
    Ce sont les associations qui, au quotidien, accompagnent et agissent auprès des personnes âgées, handicapées et des plus jeunes, facilitent l’accès au sport et à la culture pour toutes et tous, nourrissent ou logent les personnes en situation de grande précarité, font vivre la solidarité entre les peuples, accompagnent vers l’emploi, animent les centres de loisirs et les colonies de vacances …
    Soutenir les associations, c’est s’engager pour une société et un monde plus fort et plus juste aujourd’hui et demain.
    Face à cette situation, nous n’avons d’autre choix que de lancer une mobilisation sans précédent. Le 11 octobre, partout en France, nous devons nous rassembler et agir pour sauver nos associations. Nous appelons toutes et tous – dirigeants associatifs, bénévoles, usagers d’associations citoyennes et citoyens, acteurs économiques, décideurs – à soutenir le mouvement et à se joindre aux actions que nous mènerons. 
    Mobilisons-nous le 11 octobre : ça ne tient plus ! »

    Quelle est la santé financière de votre association ?
    Le financement des associations est un sujet fort de préoccupation chez nombre d’acteurs-rices de la société civile, y compris dans le champ de la lutte contre le sida. Le Mouvement associatif (le porte-parole du milieu associatif) et des partenaires (Réseau national des maisons des associations (RNMA), Hexopée et l’Observatoire régional de la vie associative (ORVA) des Hauts-de-France) avaient lancé, entre février et mars dernier, une « première enquête flash nationale » pour dresser un « état des lieux précis de la situation financière et économique des associations, qu’elles soient employeuses ou non ». Il s’agissait de répondre à des questions comme : « Quelle est la santé financière de votre association ? » ; « Comment appréhendez-vous l’année 2025 en tant que responsable associatif ? ». Le Mouvement associatif avait lancé cette première initiative constatant que depuis deux ans, les associations alertaient sur une « dégradation continue de leurs finances ». À cette époque, plusieurs freins étaient identifiés pour expliquer la situation comme le « décalage des votes des budgets de l’État et des collectivités, mettant sous tension la trésorerie des associations » ; les « coupes budgétaires sectorielles, impactant directement les financements associatifs » ; la « baisse des dotations aux collectivités territoriales, réduisant les subventions attribuées aux associations ». Comme le rappelle Benjamin Tubiana-Rey (responsable Plaidoyer et Communication à la Fédération Addiction) dans un article du site de l’ONG, les résultats de cette première enquête indiquaient « une trésorerie à rude épreuve : une association employeuse sur trois disposait d’une trésorerie inférieure à trois mois » ; « des financements incertains ou à la baisse : 45 % des subventions attribuées étaient en baisse » ; « près de la moitié des renouvellements de subvention n’avaient pas encore abouti » ; « 22 % des associations non employeuses déclaraient devoir annuler certaines de leurs actions » ; « un réel impact sur l’emploi associatif : seul, un quart des associations excluaient toute réduction de leur masse salariale. » En mars, le constat était donc alarmant. Qu’en est-il aujourd’hui ? Le Mouvement associatif entend l’expliquer. Pour ce faire, il vient de lancer une nouvelle enquête pour actualiser ses données sur « la situation financière et économique des associations ». Il n’est pas obligatoire d’avoir participé à la première enquête pour répondre à la seconde.
    Plus d’infos ici.