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    L’Actu vue par Remaides : « À Paris, comme ailleurs, des Marches des Fiertés contre l’internationale réactionnaire »

    • Actualité
    • 03.07.2025

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    La Marche des Fiertés à Paris, samedi 28 juin 2025. Photo : Fred Lebreton

    Par Jean-François Laforgerie

    A Paris, comme ailleurs, des Marches
    des Fiertés contre
    "l'internationale réactionnaire"

    Cette année, les Marches des Fiertés et Pride se sont élancées pour commémorer, une nouvelle fois, les émeutes de Stonewall, mobilisation fondatrice du mouvement LGBT +, qui ont éclaté dans la nuit du 27 au 28 juin 1969, à New York. Elles ont surtout défilé pour dénoncer le contexte actuel et contrer l’internationale réactionnaire qui multiplie ces dernières années les attaques contre les LGBT+
    En fin d’article, une autre info LGBT+

    À Paris, la Marche des Fiertés (samedi 28 juin) était festive et militante. La marche est partie du Louvre vers Nation. Elle avait pour mot d’ordre la lutte contre « l’internationale réactionnaire », alors que les droits des personnes LGBT+ sont remise en cause aux États-Unis et dans plusieurs pays d’Europe. « Nous sommes dans un contexte menaçant, politiquement terrible. Pour la première fois depuis des années nos droits sont réellement en danger », a affirmé la présidente de SOS Homophobie, Julia Torlet, citée par l’AFP. « Le danger est là. Une internationale réactionnaire arrive sous nos yeux, aux États-Unis, en Hongrie, en Italie, en Russie », a lancé le représentant de l’association AIDES (voir ci-dessous). Le mot d’ordre de cette édition 2025 était « contre l’internationale réactionnaire, queers de tous les pays, unissons-nous » également repris sur la banderole en tête de ce cortège de milliers de participants-es.
    Les différentes pancartes illustraient donc la multiplicité des revendications, aux côtés des drapeaux arc-en-ciel et autres ballons colorés. « Mon clito déteste les fachos », « Fière d’être lesbienne », « Laissez vivre les enfants trans », pouvait-on lire.

     

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    La Marche des Fiertés à Paris, rue de Rivoli, samedi 28 juin 2025.
    Photo : Fred Lebreton

     

    AIDES à la Marche des Fiertés de Paris
    Ce sont deux militants-es de AIDES : Alexia, administratrice de AIDES, et Clément, élu régional de AIDES en Île-de-France, qui se sont exprimés-es au nom de AIDES lors des traditionnelles prises de parole à l’occasion de l’édition 2025 de la Marche des Fiertés de Paris. Voici leur message :
    « Je suis Alexia, militante de AIDES.
    Je suis Clément, militant de AIDES.
    AIDES l’association qui lutte contre le VIH-sida et les hépatites.

    Merci à l’Inter ; merci à toutes les organisations ; merci à l’ensemble des bénévoles, qui ont permis cette marche !
    Merci à vous toutes, à vous tous, d’être présentes et présents, pour cette marche courageuse.

    AIDES, depuis plus de 40 ans, est aux côtés des oubliés-es de la société.
    Depuis plus de 40 ans AIDES lutte pour les droits des personnes vivant avec le VIH,
    Lutte contre l’exclusion,
    Lutte contre les injustices.

    Aujourd’hui, nous sonnons l’alarme.
    Aujourd’hui, le danger est là.
    Une internationale réactionnaire qui agit sous nos yeux
    Aux États-Unis, en Hongrie, en Italie, en Russie
    Partout, les droits des personnes LGBTIA+ reculent
    Partout le droit à la santé, le droit d’être qui nous sommes, la vie des personnes LGBTIA+ est en danger.

    Aujourd’hui la situation est dramatique.
    Aujourd’hui, une internationale réactionnaire agit contre nous.
    Aujourd’hui, des coupes budgétaires infligées à la solidarité internationale pourraient tuer en plus 4,2 millions de personnes vivant avec le VIH au cours des quatre prochaines années.

    Aujourd’hui nous sommes face à un risque.
    Nous sommes face à un risque sans précédent de reprise mondiale de l’épidémie de VIH/sida.
    Aux États-Unis, la droite de Donald Trump s’attaque frontalement aux financements du plan mondial de lutte contre le VIH/sida.
    Le Pepfar, ce programme américain qui a sauvé 25 millions de vies dans le monde, est suspendu.
    Couper des financements, c’est couper des vies.
    Quand le Pepfar vacille, c’est l’Afrique de l’Ouest ; c’est l’Amérique latine ; ce sont les Caraïbes qui vacillent.

    L’extrême droite nous prend pour cible.
    Nous, séropos, trans, pédés, étrangers, étrangères, toxicos, travailleurs-ses du sexe et taulards.
    Nous sommes explicitement nommés-es comme une menace pour leur société
    Ils veulent nous faire taire.
    Ils veulent nous faire disparaître.
    Mais nous sommes là vivantes et belles,
    Nous sommes résistants-es
    Nous ne laisserons pas les réactionnaires effacer 40 ans de luttes contre le VIH sida.
    Nous appelons les gouvernements français et européens à dénoncer cette offensive.
    Nous appelons les gouvernements français et européens à protéger les financements de la lutte contre le VIH dans le monde. 
    Nous appelons les gouvernements français et européens à refuser le chantage idéologique des ultraconservateurs : à refuser les politiques publiques réactionnaires ; à refuser les discriminations institutionnalisées.

    Un monde sans sida est possible.
    Une personne vivant avec le VIH qui prend un traitement efficace, ne transmet pas ce virus.
    Une personne vivant avec le VIH qui prend un traitement efficace, ne transmet pas ce virus.
    Nous ne les laisserons pas effacer 40 ans de luttes.
    Nous ne les laisserons pas décider de qui a le droit de vivre.

    Soyons solidaire
    Soyons fiers et visibles !
    Faisons entendre notre voix.
    Contre l’internationale réactionnaire, unissons-nous
    Mobilisons-nous.
    Merci »

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    La Marche des Fiertés à Paris, rue de Rivoli, samedi 28 juin 2025,
    lors de la minute de silence.
    Photo : Fred Lebreton

     

    Succès pour la Pride de Budapest, désaveu pour Orbán
    À Budapest, entre 180 000 et 200 000 personnes ont participé à la Marche des Fiertés, samedi 28 juin, interdite par le gouvernement hongrois, un record selon les organisateurs-rices, selon l’AFP. Aucun chiffre officiel n'a été communiqué, mais les organisateurs-rices ont évoqué une foule de « plusieurs dizaines de milliers » de personnes. Cette mobilisation est une réponse dans la rue au populiste ultraconservateur Viktor Orbán qui conduit une politique LGBTphobe depuis des années, au motif de la protection des personnes mineures. « Nous estimons entre 180 000 et 200 000 le nombre de personnes présentes. Il est difficile d'évaluer le nombre exact car il n'y a jamais eu autant de monde à la Pride de Budapest », a commenté auprès de l'AFP la présidente de l'événement, Viktoria Radvanyi.
    Le maire écologiste de Budapest, Gergely Karacsony, a également salué une mobilisation record. Aucun chiffre gouvernemental n'est disponible, mais les places et avenues le long du parcours étaient noires de monde, ont constaté des journalistes de l'AFP. Le cortège est parti vers 15 heures, près de l'hôtel de ville de la capitale, paré de couleurs arc-en-ciel, sous un soleil de plomb. « La liberté et l'amour ne peuvent être interdits ! » : ce message s'affichait en grand dans une ville en pleine effervescence, sous la surveillance de la police. Le dirigeant illibéral Viktor Orbán voulait toutefois éviter les images de répression violentes. Vendredi, il a écarté toute intervention des forces de l'ordre, tout en menaçant les gays, lesbiennes et transgenres de conséquences légales a posteriori.
    Après le soutien affiché par 33 pays au rassemblement, le ministre de la Justice hongrois a prévenu les diplomates en poste à Budapest que s'ils et elles participaient à cet événement interdit, ils et elles devraient en assumer les conséquences. Au moins 70 eurodéputés-es avaient annoncé leur présence « pour dire à Viktor Orban qu'on ne tolérera pas qu'il démantèle le projet européen et qu'il foule aux pieds les droits fondamentaux », selon les mots de l’eurodéputé français Raphaël Glucksmann. Il a appelé l'Union européenne à « mettre un stop » au dirigeant nationaliste.
    Des caméras avaient été installées le long du parcours et la reconnaissance faciale pourrait permettre aux autorités de distribuer des amendes pouvant aller jusqu'à 500 euros, tandis qu'organiser ou appeler à y participer est passible d'un an de prison. Cette procédure est faite pour « intimider les gens », selon l'analyste politique Daniel Mikecz, alors que, sur un plan juridique, l'interdiction viole les traités européens signés par la Hongrie lors de son adhésion à l'UE en 2004, comme le rappelle l’AFP. Dans de nombreux médias européens, on souligne l’échec d’Orbán comme le résume un article de Courrier international : « C’est une gifle "pour le pouvoir", une Marche des fiertés "historique" qui "humilie" le Premier ministre hongrois Viktor Orbán et "le pouvoir ultraconservateur, qui préférerait voir les queers entre quatre murs », observe ainsi le quotidien belge Le Soir. »
    «"Interdite par le gouvernement", la Marche des fiertés de Budapest "est devenue un symbole de la lutte pour les droits, et pas seulement pour les personnes LGBTQI", a constaté le quotidien espagnol El Pais, qui note, au passage que si le gouvernement Orbán avait interdit cette marche, il "avait autorisé deux marches de l’extrême droite sur le même parcours que [celui du] collectif LGBTQI” ».

    Pride de Budapest : Viktor Orbán a « honte »
    Mauvais perdant. Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a qualifié lundi 30 juin de « honte » la Marche des Fiertés qui a rassemblé samedi 28 juin dans les rues de Budapest des dizaines de milliers de personnes, malgré son interdiction par la police. « Je fais partie de ceux qui ne considèrent pas ce qui s’est passé comme une source de fierté. (...) Je dis que c’est une honte », a-t-il déclaré dans sa première réaction publique, selon des extraits publiés sur Facebook d’une interview télévisée qui sera diffusée dans la soirée. Le gouvernement hongrois avait en amont de la Marche accusé l’opposition d’avoir, « sur ordre de Bruxelles », « poussé à la violation de lois qu’elle n’aime pas, de s’être moquée de la souveraineté de la Hongrie, et avec le soutien de l’étranger, d’avoir tenté de nous imposer la culture woke ». Au pouvoir depuis 2010, Viktor Orban, chantre de « l’illibéralisme », n’a cessé d’entraver les droits des personnes LGBT+ au nom de « la protection des enfants » et a franchi un cap cette année en faisant voter une nouvelle législation, qui a suscité l’inquiétude à Bruxelles et parmi les vingt-sept États membres. Le texte adopté mi-mars vise à interdire toute manifestation qui exposerait les mineurs à l’homosexualité et à la transidentité. Le Parlement a en outre modifié la Constitution pour proclamer « la primauté du droit des enfants à un développement physique, mental et moral correct sur tout autre droit », y compris celui de se rassembler.

    Turquie : des dizaines d'arrestations lors d'une Marche des Fiertés
    La police turque a arrêté entre 30 et 50 personnes dans le centre d'Istanbul dimanche 29 juin alors qu'elles tentaient de participer à une marche des fiertés interdite par les autorités à Istanbul, a déclaré une députée de l'opposition, alors que le pays poursuit sa répression des manifestations de la communauté LGBTQ+. Des images obtenues par l’agence de presse Reuters montrent des policiers qui s'engagent dans des échauffourées avec un groupe de militants-es brandissant des drapeaux arc-en-ciel dans le centre-ville, avant de les regrouper et de les faire monter dans des fourgons. Kezban Konukcu, députée du parti pro-kurde DEM qui participait à la marche, a déclaré à Reuters qu'au moins 30 personnes avaient été placées en garde à vue. Le bureau du gouverneur d'Istanbul avait précédemment déclaré la marche illégale et dit que les groupes promouvant l'événement agissaient « illégalement ». Les autorités interdisent depuis 2015 les Marches des Fiertés à Istanbul, la plus grande ville de Turquie, invoquant des problèmes de sécurité et de sûreté publique. Le Parti de la justice et du développement (AK Parti) du président Recep Tayyip Erdogan, aux racines islamistes, a adopté une rhétorique de plus en plus dure à l'égard de la communauté LGBTQ+ au cours de la dernière décennie. Les groupes de défense des droits humains ont condamné la position de la Turquie. Human Rights Watch et Amnesty International ont averti que la rhétorique et les actions du gouvernement contribuaient à un environnement hostile aux personnes LGBTQ+, à la montée de la discrimination et à la violence.

    En bref, une autre info LGBT+

    États-Unis : La Cour suprême donne raison aux parents qui refusent les livres LGBT+ à l’école
    Vendredi 28 juin, la Cour suprême américaine a donné raison à des parents d’élèves qui revendiquaient ― au nom de la liberté religieuse ― le droit de retirer les enfants de la classe quand les livres abordent des thèmes LGBT+. Les six juges conservateurs-rices ont estimé que les parents avaient raison. À l’inverse des trois magistrats-es progressistes. La plus haute juridiction américaine considère que priver des parents d’élèves de la possibilité de ne pas exposer leurs enfants aux thèmes LGBT+ en cours est « une atteinte inconstitutionnelle » à leur liberté de culte et « interfère de manière substantielle avec le développement religieux des enfants », souligne l’AFP. Donald Trump s’est félicité de cette décision lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche : « C’est une formidable victoire pour les parents » qui avaient « perdu le contrôle des écoles et de leurs enfants ».
    À l’origine de l’affaire, des parents d’élèves d’écoles publiques du Maryland qui avaient contesté l’introduction en 2022 dans le cursus des écoles maternelles et primaires de livres pour enfants visant à combattre les préjugés sur l’homosexualité ou l’identité de genre. Les autorités scolaires, après avoir initialement prévu de notifier les familles pour leur permettre de demander que leurs enfants soient dispensés-es des cours quand ces livres seraient utilisés, ont annulé cette option. Des parents de confession musulmane ou chrétienne ont alors saisi la justice en invoquant la liberté religieuse, garantie par le Premier amendement de la Constitution américaine. « Cette décision risque de faire des dégâts dans les écoles publiques, en entravant des décisions fondamentales sur leurs programmes scolaires et en compromettant leur capacité à préparer les élèves à vivre dans notre société pluraliste », estime Daniel Mach, spécialiste juridique de l’organisation de défense des libertés civiles américaine ACLU, en estimant qu’elle pourrait mener à rouvrir, par exemple, la question de l’enseignement de la théorie de l’évolution.