Je fais un don

    L'Actu vue par Remaides : VIH, maladies du foie, ALD : quelques données économiques du Rapport Charges et Produits

    • Actualité
    • 21.08.2024

    INFOGRAPHIE

    © DR

    Par Jean-François Laforgerie

    VIH, maladie du foie et ALD : quelques données économiques du Rapport Charges et Produits

    Dans son rapport Charges et Produits pour 2025, l’Assurance Maladie rappelle que « l’identification des pathologies les plus fréquemment traitées et les plus coûteuses est essentielle ». Elle permet, en effet, de mieux « comprendre les mécanismes déterminant le niveau des dépenses de santé et leurs évolutions » et de « prioriser les actions visant à améliorer la résilience de notre système de santé ». S’appuyant sur les informations du Système national des données de Santé (SNDS), le rapport permet d’avoir une « cartographie des pathologies et des dépenses » qui décrit le poids économique de 58 pathologies regroupées en 19 catégories. Quelles sont les pathologies les plus fréquemment prises en charge par le système de santé ? Quelles ressources financières sont mobilisées pour assurer ces soins ? Comment les dépenses progressent-elles ? Remaides vous présente quelques infos clefs.

    Des données publiques
    Depuis 2022, les données de la cartographie sont accessibles au grand public à travers un site open data interactif dédié, mis à jour chaque année. La plateforme Data pathologies est accessible en ligne.
    Jusqu’en 2019, les principaux constats épidémiologiques et économiques sont demeurés relativement semblables, avec un poids important des maladies et traitements cardio-neurovasculaires (MCV), des cancers et de la santé mentale. Autres constantes : une augmentation lente et régulière des dépenses pour certaines pathologies, du fait du vieillissement de la population (maladies cardio-neurovasculaires, diabète, etc.), une augmentation ponctuelle et brutale, liée à l’arrivée de nouveaux traitements coûteux (tels que ceux, par exemple, de la mucoviscidose). Les dépenses ont fortement augmenté en 2021, avec + 18,9 milliards d’euros, pour augmenter plus faiblement autour de 6,6 milliards d’euros en 2022. Les hausses de ces deux dernières années, particulièrement celle de 2021, s’expliquent par le rattrapage de soins non réalisés en 2020 et par l’intégration des coûts de prise en charge des soins de ville liés à la Covid-19 (dépistage et vaccination). En 2022, 190,3 milliards d’euros ont été remboursés par l’ensemble des régimes pour la prise en charge de près de 68,7 millions de personnes, explique le rapport. Les pathologies et traitements chroniques représentent 59 % de cette dépense (environ 112 milliards d’euros) et concernent 35 % de la population (soit près de 24 millions de personnes pour l’ensemble des régimes).
    Quatre catégories de pathologies représentent plus de la moitié des dépenses de santé remboursées :
    - la part la plus importante concerne les hospitalisations hors pathologies repérées : 41,3 milliards d’euros, soit 22 % des dépenses totales ;
    - la santé mentale, si l’on regroupe les maladies psychiatriques et les traitements chroniques par psychotropes (dont les anxiolytiques et les hypnotiques), représente 26,2 milliards d’euros, soit 14 % des dépenses totales, dont les deux tiers concernent les maladies psychiatriques ;
    - la prise en charge des MCV (maladies cardio-neurovasculaires) atteint 26,1 milliards d’euros, soit 14 % des dépenses totales, dont 15,3 milliards d’euros sont affectés aux MCV chroniques, c’est-à-dire sans événement aigu dans l’année ;
    - la prise en charge des cancers atteint 24,0 milliards d’euros, soit 13 % des dépenses totales, dont 21,6 milliards d’euros pour la prise en charge des cancers en phase active de traitement. Voilà pour les tendances générales.
    Les deux composantes de la dépense totale sont la dépense moyenne individuelle et l’effectif de personnes concernées par une pathologie. La structure des dépenses (hospitalisations, soins de ville, prestations en espèces) est très différente selon les pathologies considérées. Par exemple, les dépenses hospitalières sont prépondérantes pour les MCV aiguës (82 %). Les soins de ville concernent la majorité des dépenses affectées au diabète (85 % de la dépense moyenne par individu), au traitement du risque vasculaire en prévention primaire (78 %), aux « maladies inflammatoires ou rares ou infection par le VIH » (75 %), aux cancers sous surveillance (70 %)… explique le rapport Charges et Produits.

    Des dépenses en hausse
    Le rapport constate une augmentation de la dépense totale en sept ans de 40,3 milliards d’euros, marquée par un ralentissement en 2022. Entre 2015 et 2022, les remboursements totaux de soins dans le champ de la cartographie pour l’ensemble des régimes a augmenté de 40,3 milliards d’euros (soit + 26,8 % en sept ans, + 4 % par an en moyenne). De fortes disparités sont observées dans les évolutions annuelles de ces remboursements. Elles étaient supérieures à + 2,0 % avant la pandémie et atteignaient jusqu’à 11,5 % en 2021 (correspondant à + 18,9 milliards d’euros), pour ralentir en 2022 (+ 3,6 %, soit + 6,6 milliards d’euros). Les pathologies qui contribuent le plus à l’accroissement de la dépense entre 2015 et 2022 sont les cancers actifs (5,3 % sur 26,8 %), les hospitalisations hors pathologies repérées (+ 3,6 %), les maladies psychiatriques (2,6 %) et les maladies cardiovasculaires chroniques (2,3 %). Un second constat global est visible : pour la majeure partie des pathologies, le niveau de la dépense totale stagne, voire diminue en 2020, pour rebondir fortement à la hausse dès 2021, probablement en raison du rattrapage de soins non réalisés en 2020 et de l’intégration des coûts de prise en charge des soins de ville liés au Covid-19 (dépistage et vaccination). En 2022, ces tendances se poursuivent, à des rythmes moindres. « Seules les dépenses affectées aux maladies du foie et du pancréas diminuent sur la période, du fait des nouveaux traitements antiviraux de l’hépatite C, avec une baisse des effectifs (le traitement est curatif) et des prix (baisses de tarifs sur la période) pour les patients nouvellement traités », explique le Rapport Charges et Produits. Quant à la dépense moyenne individuelle, elle a augmenté fortement, de plus de + 20 %, en 2020 et diminue ensuite ces deux dernières années autour de - 5 %. Les plus fortes évolutions à la hausse répertoriées en 2022, relativement à 2021, concernent les hospitalisations hors pathologies repérées (+ 1 949 M€), les cancers actifs (+ 1 373 M€), les maladies psychiatriques (+ 1 072 M€), les « maladies inflammatoires ou rares ou infection par le VIH » (+ 732 M€), le diabète (+ 667 M€), les maladies cardiovasculaires chroniques (+ 551 M€).

    Quelques données sociales et économiques sur le VIH
    Selon les données de 2022, 166 280 personnes étaient prises en charge pour le VIH. La répartition hommes/femmes était la suivante : 108 350 hommes (65,2%) et 57 930 femmes (34,8 %). La prévalence était en 2022 de 0,24 % (0,33 % chez les hommes et 0,16 % chez les femmes). Du point de vue des dépenses, le montant total était en 2022 de 1 137 millions d’euros. Ce montant se répartissait ainsi : 999 millions (87,2 %) pour les soins de ville (dont soins de médecins, soins infirmiers ou de kinésithérapie, médicament, biologie, transports, etc.) ; 95 millions (8,4 %) pour les hospitalisations dans des établissements de santé publics ou privés ; 51 millions (4,4 %) pour les prestations en espèces (dont indemnités journalières). À titre de comparaison, le montant global était de 1 497 199 720 d’euros en 2015, de 1 330 173 093 en 2018 et de 1 144 414 153 en 2021.
    Le montant des dépenses annuelles par personne vivant avec le VIH était en 2022 de 6 838 euros contre 7 154 euros en 2021. Concernant les comorbidités : 8 des PVVIH étaient suivies pour des maladies respiratoires chroniques ; 9 % des PVVIH étaient suivies pour un diabète ; 6 % pour une maladie du foie ou du pancréas ; 15 % prenaient un traitement contre l’hypertension et 9 % contre le cholestérol et 8 % suivaient un traitement anxiolytique.

    Quelques données sociales et économiques sur les hépatites virales
    Selon les données sur les maladies du foie ou du pancréas (hors mucoviscidose), 587 110 personnes étaient prises en charge pour ce groupe de pathologies en 2022, contre 597 070 en 2021 ou 589 750 en 2020. La répartition hommes/femmes était la suivante : 331 690 hommes (56,5 %) et 225 420 femmes (43,5 %). La prévalence était en 2022 de 0,85 % (1,02 % chez les hommes et 0,72 % chez les femmes). Du point de vue des dépenses, le montant total était en 2022 de 1 380 millions d’euros, versus 1 403 175 092 euros en 2021, 1 362 343 625 euros en 2020 et même 2 042 175 791 euros en 2015. Ce montant se répartissait ainsi en 2022 : 650 millions (47,1 %) pour les soins de ville (dont soins de médecins, soins infirmiers ou de kinésithérapie, médicament, biologie, transports, etc.) ; 576 millions (41,8 %) pour les hospitalisations dans des établissements de santé publics ou privés ; 154 millions (11,1 %) pour les prestations en espèces (dont indemnités journalières). Le montant des dépenses annuelles par personne vivant avec une maladie du foie ou du pancréas était en 2022 de 2 352 euros contre 3 635 euros en 2015, par exemple. Concernant les comorbidités : 25 % des personnes étaient suivies pour le diabète ; 19 % prenaient un traitement contre l’hypertension ; 15 % étaient suivies pour des maladies respiratoires chroniques et 11 % pour des troubles du rythme cardiaque.