JOURNÉE INTERNATIONALE DE PRÉVENTION DES SURDOSES : LA NALOXONE SAUVE DES VIES, RENDONS-LA PLUS ACCESSIBLE !
- Communiqué
- 31.08.2020
Ce lundi a lieu la 20ème journée internationale de sensibilisation et de prévention des overdoses, suivie de la deuxième semaine de la naloxone du 1er au 4 septembre initiée par AIDES. En France, le nombre de décès dus aux consommations d’opioïdes (présents entre autres dans l’héroïne, le tramadol ou la codéine) s’élève à environ 400 par an. Un chiffre tragique qui démontre l’inefficacité des politiques répressives en matière de drogue et l’inaccessibilité des outils disponibles pour pallier les décès par overdose. C’est le cas de la naloxone, antidote dont l’accès n’est toujours pas optimal pour les personnes usagères de drogues. AIDES se mobilise cette semaine à travers des actions partout sur le territoire pour rappeler aux pouvoirs publics que la naloxone sauve des vies et que retreindre son accès tue.
Naloxone en spray : des tergiversations intolérables !
Véritable outil de réduction des risques dont l’efficacité est reconnue depuis des décennies, la naloxone permet de neutraliser les effets d’une surdose d’opioïdes et donc de sauver des vies. L’antidote était jusqu’à présent accessible à l’hôpital, dans les Caarud (Centre d’accompagnements à la réduction des risques pour les usagers-ères de drogues) et Csapa (Centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie) sous deux formes : par voie injectable en intramusculaire ou par spray nasal. Invidor, laboratoire qui produit la naloxone en spray nasal - sous le nom de nalscue – a pris l’année dernière la décision de stopper la commercialisation du spray. Les derniers stocks arriveront à péremption en décembre 2020. Nous ne pouvons que regretter que les parties prenantes ne soient pas parvenues à s’accorder pour maintenir le produit sur le marché et pour promouvoir sa distribution.
Si un nouveau spray nasal sera mis sur le marché à l’automne 2021, le Nyxoid, nous déplorons que les usagers-ères aient durant six mois une unique possibilité : le Prenoxad, qui s’utilise par voie intramusculaire. Ce mode d’administration, plus difficile à utiliser pour certains-es, peut également générer une réticence chez d’autres, les exposant davantage encore aux risques de surdoses. Nous regrettons fortement qu’aucune décision n’ait permis d’accélérer la mise sur le marché de ce nouveau spray, essentiel pour compléter la palette des outils de réduction des risques.
Acteurs-rices-communautaires délaissés-es, usagers-ères en danger
Une fois la mise sur le marché du nouveau spray Nyxoid après six mois sans alternative au Prenoxad, encore faudra-t-il pouvoir se le procurer. Le spray sera disponible uniquement sur prescription, ce qui exclut de fait la délivrance par les acteur-rices communautaires non soignants-es. Cette restriction est dommageable compte tenu de la relation privilégiée de ces acteurs-rices et des associations communautaires, comme AIDES, avec les usagers-ères, souvent éloignés-es du système de soin classique et va à contre-courant des nécessités de santé publique. Autre aberration, les services de premiers secours et les forces de l’ordre ne pourront pas administrer l’antidote alors qu’ils sont bien souvent les premiers intervenants en cas de surdose aux opïoides.
Si la naloxone sera disponible en pharmacies de ville et d’hôpital, ainsi qu’en Csapa, cette obligation de prescription pose également question – en l’état actuel - dans le cas des Caarud. Très souvent, il s’agit de structures démédicalisées dont les acteur-rices, non soignants-es, ne pourront pas prescrire le spray. Une solution doit donc être trouvée pour permettre un accès effectif de la naloxone dans ces structures essentielles aux usagers-ères de drogues.
La mise sur le marché du nyxoid est en soit une bonne nouvelle, mais les modalités de distribution qui l’entourent ne sont pas satisfaisantes : exclure les acteurs-rices communautaires et les premiers secours des réseaux de distribution, c’est restreindre l’accès à la naloxone à certains-es usagers-ères. Et mettre des vies en danger.
Une semaine de sensibilisation
Toute l’année, les militants-es des Caarud de AIDES effectuent avec les personnes usagères un travail de sensibilisation et de réduction des risques liés à l’usage de drogues en proposant une large palette d’outils répondant à leurs besoins comme le dépistage, l’accompagnement et l’éducation aux risques liés à l’injection, l’analyse de produits ou la sensibilisation aux signes de reconnaissance des surdoses. Cette semaine de la naloxone, du 1er au 4 septembre sera l’occasion pour de nombreux lieux de mobilisation d’orienter leurs actions sur l’accès à cet outil auprès des usagers-ères et de leurs proches.
Contacts presse :
Adèle Simon
06 98 68 01 68
asimon@aides.org
Anne-Charlotte Cheron
06 10 41 23 86
accheron@aides.org