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    L’ONU confirme le recul sur les populations clés

    • Communiqué
    • 09.06.2016

    Contre toute attente, les Etats membres des Nations Unies ont adopté la nouvelle déclaration politique sur le VIH/sida, mercredi 8 juin, dès l’ouverture de la Réunion de Haut Niveau de l’ONU consacrée à la fin de l’épidémie. Malgré l’appel de plus de 50 associations de la société civile, les Etats membres sont revenus sur la décision de prolonger les négociations, ce qui pourtant aurait permis de remettre les populations clés au centre du texte.

     

    La déclaration finale de la Réunion de Haut niveau sur le VIH/sida n’aura donc pas évolué. Le texte adopté hier matin à l’ONU comprend des avancées majeures telles que l'accès aux traitements pour 30 millions de personnes d'ici à 2020. Mais le recul très important sur les « populations clés », terminologie de l’ONU désignant les personnes les plus exposées au virus (hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes, usagerEs de drogues injectables, travailleurSEs du sexe, trans), ne permet pas d’envisager une lutte vraiment efficace contre l’épidémie.

     

    Les Etats membres ne se sont pas mis d’accord sur des cibles concrètes d’accélération de l’accès aux droits, aux services et aux financements pour les populations clés. Contrairement à d’autres groupes vulnérables (comme les femmes, les jeunes filles et les enfants), elles ne sont citées que trois fois dans le texte. 

     

    « Un signal inquiétant avait déjà été envoyé quand 22 ONG majoritairement LGBT n’ont pas obtenu l’autorisation de participer à cette Réunion de Haut niveau. Aujourd’hui, nos craintes sont confirmées. Il y a une vraie volonté d’effacer les populations clés de la feuille de route », déplore Alix Zuinghedau de Coalition PLUS, union internationale d’associations de lutte contre le sida.

     

    Les Etats progressistes avaient pourtant la possibilité d’apporter des améliorations substantielles au texte puisque que la Russie avait, la veille, rouvert les négociations en « brisant le silence » (procédure extraordinaire des Nations Unies), officiellement pour des raisons de procédure. 

     

    « Les Etats progressistes, dont l’Union européenne, se sont insurgés de l'exclusion des 22 associations gays, trans et de travailleurSEs du sexe. Mais, ils ont finalement renoncé à prolonger les négociations, qui était l’ultime chance d’améliorer le texte », explique Stéphane Calmon, administrateur de AIDES, membre français de Coalition PLUS. 

     

    Les Etats membres de l’ONU n'ont donc pas été en mesure de prendre des engagements forts sur les populations clés, pourtant les plus exposées aux nouvelles infections à VIH. « Comment va-t-on arriver à mettre fin au sida d’ici 2030 si les populations clés sont mises de côté ? », poursuit Alix Zuinghedau de Coalition PLUS. « L’ONU était claire : nous devons arriver à déployer des services adaptés pour 16 millions de gays, 7,5 millions d'usagers de drogues, 13 millions de travailleurSEs du sexe et 1 million de femmes trans d'ici à 2020 pour mettre fin au sida d'ici 2030. »

     

    « Nos espoirs reposent maintenant sur le Fonds mondial, la seule institution internationale qui finance l’accès à la prévention aux soins et aux droits pour les groupes clés, même dans les pays où ils sont criminalisés. On ne pourra pas développer ces programmes indispensables sans financements supplémentaires. Le Canada a annoncé une contribution au Fonds mondial en hausse de 20% : nous espérons que la France suivra son exemple », interpelle Stéphane Calmon.

     

    La conférence de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme se tiendra le 16 septembre prochain à Montréal, au Canada.

    CONTACT

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    +33 7 68 86 33 39