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    « En finir pour de bon avec le sida » au Canada : derrière le slogan, des actes !

    • Communiqué
    • 16.09.2016

    Montréal, le 16 septembre 2016
    Les 16 et 17 septembre prochain, Montréal accueille la 5e conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Si les regards seront à juste titre tournés vers les pays en développement, nous pensons que la situation au Canada mérite d’être évoquée.

    Créé en 2002, le Fonds mondial joue un rôle clé dans l’accès au traitement et à la prévention de ces trois maladies dans les pays en développement. Depuis 2008, du fait notamment de la crise économique, le financement du Fonds par les pays du Nord et les donateurs privés s’est fragilisé. La France n’a, par exemple, pas augmenté sa contribution depuis 2012. Dans les circonstances actuelles, ce statu quo constitue un recul. À l’inverse, le Canada a décidé d’intensifier ses efforts, en augmentant de 20% sa contribution au Fonds, l’amenant à la hauteur de 785 millions de dollars sur les trois prochaines années. Cet engagement est à saluer : il prouve la volonté du gouvernement de replacer le Canada en chef de file sur la scène internationale et rappelle qu’un coup d’épaule à la participation des donateurs permettrait d’en finir pour de bon avec ces trois épidémies.

    Ce leadership assumé s’accompagne d’un certain nombre de responsabilités. Il est aujourd’hui largement démontré que les combats des droits humains sont indissociables de l’amélioration de la santé des populations et de l’accès équitable aux services de santé. Dans le domaine du VIH, on sait que les inégalités de genre, le racisme ou l’homophobie font le lit de l’épidémie. La précarité et les discriminations constituent autant de barrières à l’accès à la prévention et aux soins. C’est aussi le sens de l’engagement du Canada, comme en témoigne l’accent mis par Marie-Claude Bibeau – ministre du Développement international et de la francophonie – sur la situation des jeunes femmes face au VIH.

    Pour jouer son rôle de chef de file au niveau international, le Canada se doit d’être irréprochable dans la lutte contre les épidémies sur son propre sol. Car ici aussi, il reste des efforts à accomplir pour accorder la lutte contre le sida et la défense des droits humains.

    Criminalisation
    Le Canada est en 2016 l’un des pays du monde où l’exposition au VIH est la plus criminalisée. En effet, des personnes vivant avec le VIH risquent encore la prison pour avoir des relations sexuelles sans avoir divulgué leur statut sérologique à leur partenaire y compris lorsqu’elles ont pris les précautions nécessaires pour éviter la transmission (port de condom ou charge virale indétectable) et qu’il n’y a pas eu de transmission. Cette législation renforce la stigmatisation, va à l’encontre des données scientifiques, des recommandations de l’ONUSIDA et n’a pas sa place dans un pays qui se présente en modèle à suivre.

    Services d’injections supervisées

    Le leadership passe par la capacité à s’inspirer des meilleures politiques publiques, surtout lorsque celles-ci sont étayées par les preuves scientifiques. Dans ce cadre le Canada doit aller encore plus loin dans l’approche de réduction des méfaits, qui continue à faire ses preuves, et soutenir l’ouverture de services d’injections supervisées.

    Travail du sexe

    Il s’agit aussi de créer des environnements sociaux et légaux favorables aux travailleuses et travailleurs du sexe comme le préconisent des ONGs telles qu’Amnistie Internationale. Il est urgent d’abroger les lois qui criminalisent le travail du sexe au Canada !

    Immigration
    Cet événement international permet également de mettre en lumière la situation des migrants au regard des épidémies. Le dépistage obligatoire des candidats à l’immigration va à l’encontre des recommandations sanitaires canadiennes en la matière. Leur exclusion sur la base du statut sérologique ou de la situation de santé renforce les discriminations. Sous prétexte d’arguments économiques, cette politique creuse les inégalités.

    Accès aux traitements

    Il est grand temps de questionner l’accès universel aux traitements et leur prix.

    La conférence du Fonds mondial est une occasion exceptionnelle de souligner l’engagement financier du Canada pour aider les pays les plus touchés par les épidémies de sida, de tuberculose et de paludisme. Si la solidarité internationale est un socle d’action extraordinaire, elle implique aussi d’être irréprochable dans son propre pays.

    Sur ce plan, il reste encore du travail pour que le slogan « En finir pour de bon » avec les épidémies se traduise en actes dès à présent. Au Canada, comme partout dans le monde, soyons sérosolidaires !

    Pierre-Henri Minot                                                                        Gabriel Girard

    Directeur général                                                                           Sociologue

    Portail VIH/sida du Québec (PVSQ)                                            IRSPUM

    À ce jour, plus de 150 personnes du milieu de lutte contre le VIH à travers le pays demandent au Premier ministre de faire du Canada un exemple de sérosolidarité. 

    Pour consulter la liste ou pour y ajouter votre nom : https://pvsq.org/globalfunds2016

    CONTACT

    Vous voulez en savoir plus sur ces dossiers, communiquez avec :

    René Légaré
    Coordonnateur des communications
    514 704 8634
    rene.legare@cocqsida.com

     

     

    Des personnes ressources pourront répondre à vos questions :

    Criminalisation – Liz Lacharpagne, avocate, COCQ-SIDA

    Services d’injections supervisées - Sandhia Vadlamudy, directrice générale, CACTUS

    Travail du sexe – Sandra Wesley, directrice générale, Stella

    Immigration – Ken Monteith, directeur général, COCQ-SIDA

    Accès aux traitements - Pierre-Henri Minot, directeur général, PVSQ