Loi prostitution de 2016 : La Cour européenne des droits de l'Homme reconnaît l’impact négatif de la loi sur les travailleurs-ses du sexe
- Communiqué
Paris, le 31 août 2023. Décision inattendue de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) aujourd’hui : plus de trois ans après avoir reçu la requête de 261 travailleurs-ses du sexe (TDS) contestant la Loi Prostitution de 2016, la Cour ne statue pas encore sur le fond. Elle admet de nouveau sa recevabilité en reconnaissant les conséquences néfastes de cette loi pour les TDS. Une victoire d’étape qui vient valider la stratégie contentieuse des travailleurs-ses du sexe requérants-es et de nos associations.
Inversion du rapport de force : les TDS saisissent la CEDH
Depuis la loi de 2016, le rapport de force s’est inversé entre les travailleurs-ses du sexe (TDS) et les clients. Largement précarisées, elles sont désormais beaucoup plus exposées aux risques de contamination VIH/sida et autres IST, ainsi qu’aux violences sexistes et sexuelles. Constatant une extrême dégradation des conditions de vie et de travail des TDS, nos associations avaient donc soutenu leur démarche auprès de la CEDH.
En décembre 2019, plus de 260 TDS, parmi lesquelles une majorité de migrants-es et/ou minorités de genre, avaient saisi la Cour européenne. Leur objectif ? Contester la conformité de la pénalisation des clients à leurs droits fondamentaux : la liberté d’exercer une activité professionnelle, le droit à l’autonomie personnelle et à la liberté sexuelle, les droits à l’intégrité physique et à la vie.
La CEDH juge à nouveau la requête recevable
En avril 2021, la CEDH avait jugé la requête recevable, fait très rare car seule une infime partie le sont (environ 5%). Mais dans la procédure, le gouvernement français a de nouveau introduit la question de la recevabilité, en réfutant la qualité de victime des requérants-es, ainsi que l’épuisement des voies de recours internes.
La décision de la CEDH aujourd’hui, surprenante et ne préjugeant pas du fond, est pourtant bien une victoire d’étape pour les TDS et les associations qui les soutiennent. Elle reconnaît dans sa décision que la seule existence de la loi a un impact négatif sur les TDS : « les requérants produisent des éléments tendant à montrer que la clandestinité et l’isolement qu’induit cette incrimination augmentent les risques auxquels elles sont exposées ». La CEDH considère également que les requêtes ne sont « pas manifestement mal fondées », et acte donc le débat.
SIGNATAIRES : AATDS ; Acceptess-T ; Act Up-Paris ; Aides ; Altaïr ; Arap Rubis ; ARCAT ; Association Bi’Cause ; Autres Regards ; Cabiria ; Centre LGBTQI+ de Paris et d’Île de France ; Centre LGBTQI+ de Marseille ; Collectif des Femmes de Strasbourg Saint Denis ; Elus locaux contre le sida ; EQTAS.E ; Fierté Marseille Organisation/ Pride Marseille ; Frisse ; Grisélidis ; Groupe SOS Solidarité ; HES ; Inter-LGBT ; Le Bus Des Femmes ; Les Pétrolettes ; Médecins du Monde ; Nous Toutes ; Outrans ; Paloma ; PDA ; PASTT ; Planning Familial ; Roses d’Acier ; Sidaction ; STRASS ; Toutes des femmes ; Transat.
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