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    L’Actu vue par Remaides : « Mpox : nouvelles données françaises et mondiales »

    • Actualité
    • 25.09.2024

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    Par Jean-François Laforgerie et Fred Lebreton
     

     

    Mpox : nouvelles données françaises
    et mondiales

     

    De son côté, l'Unicef a lancé un appel d'offres pour obtenir des vaccins Mpox dans des pays qui en manquent, tout particulièrement au Sud. Par ailleurs, une procédure d’homologation du vaccin anti-Mpox est en cours à l’OMS. Côté France : Mayotte se prépare à une éventuelle arrivée de Mpox. L’actu vue par Remaides revient sur ces différentes infos.

    Mpox : les données françaises au 17 septembre

    Le 18 septembre dernier, Santé publique France (SpF) a publié son dernier bilan (en date) sur la situation épidémiologique du Mpox en France. Au 17 septembre, 160 cas de Mpox ont été déclarés à Santé publique France depuis le 1er janvier 2024, dont neuf sur les sept derniers jours. Seuls des virus de clade 2 ont été détectés (celui responsable de l’épidémie en Europe en 2022). Il n’y a donc aucun cas de clade 1b à ce jour en France. Les cas déclarés de Mpox (clade 2, donc) concernent tous des adultes (entre 18 et 65 ans, avec une médiane d’âge de 36 ans) : 154 hommes et quatre femmes. Parmi ces cas, 6 n’ont pas été confirmés biologiquement. Six cas concernaient des femmes, dont deux ont déclaré avoir été en contact dans les trois semaines ayant précédé le début des signes avec un cas confirmé (un partenaire sexuel pour l'une et une personne du cercle familial pour l'autre) et une avec un cas non confirmé biologiquement. Aucune de ces six femmes n'avait voyagé à l'étranger dans les trois semaines ayant précédé le début des signes.

    Près de la moitié des cas (66) résidaient en région Ile-de-France, 33 en Auvergne-Rhône-Alpes, 18 en Occitanie, 10 en Provence-Alpes-Côte d’Azur, 10 en Nouvelle-Aquitaine. La moitié des cas (75 ; 47%) ont déclaré ne pas savoir s’ils avaient eu un contact à risque avec un cas de Mpox dans les trois semaines ayant précédé les premiers symptômes. Parmi les 121 cas renseignés, un voyage dans un pays étranger au cours des trois semaines précédant la survenue des symptômes était signalé par 32 d’entre eux (26 %). Les pays les plus fréquemment visités étaient l’Espagne, les Pays Bas et la Belgique. Un seul cas avait voyagé dans un pays d’Afrique subsaharienne (Côte d’Ivoire).

    Parmi les 103 personnes dont le statut vaccinal antivariolique était connu à la fois dans l’enfance et depuis 2022, 79 n’ont reçu aucune vaccination, 15 n’ont été vaccinées que depuis 2022, six n’ont été vaccinées qu’avant 1984, et trois ont été vaccinées depuis 2022 alors qu’elles l’avaient déjà été avant 1984. De plus, 35 personnes ont été vaccinées depuis 2022, sans information sur une éventuelle vaccination dans l’enfance. Dans son bulletin, Santé publique France explique que le « nombre de cas de Mpox actuellement déclarés en France est « sans commune mesure avec celui observé au cours de l’épidémie de 2022 ». Le nombre total de cas déclarés au 17 septembre 2024 est de 5 188, dont 83 % ont été confirmés biologiquement.

    Données mondiales sur le Mpox : les chiffres de l'organisation mondiale de la Santé

    L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié le 14 septembre les données réactualisées concernant le Mpox. Sur la période allant de janvier 2022 à juillet 2024, 103 048 cas, confirmés en labo, ont été recensés dans 121 pays ; ils ont occasionné 229 décès. Sur le continent africain,  5 759 cas ont été identifiés (confirmés en labo) dans quinze pays, provoquant 32 décès sur la période du 1er janvier 2024 au 8 septembre 2024. Parmi les pays du continent africain ayant signalé des cas de Mpox en 2024, douze pays ont rapporté des cas (confirmés en labo) durant les quatre dernières semaines (entre août et septembre 2024). Sur la même période, 1 489 cas (suspectés ou confirmés en labo) ont été signalés au Burundi et 21 835 cas en RDC. Sur le continent africain, ce sont les clades 2 (apparu en 2022) et 1b (apparu en 2023-2024) qui circulent. Compte tenu du nombre de cas recensés, l’OMS estime que le risque Mpox est élevé en RDC et dans les pays voisins ; le risque de maladie endémique (qui sévit constamment dans une région ou un pays) est élevé dans certaines régions de RDC. Au Nigeria, dans les autres pays de l’Ouest, du centre et de l’Est du continent africain, le risque Mpox est considéré comme « modéré » ; pareil dans le reste du monde. Pour l’OMS, le risque individuel est largement dépendant de facteurs individuels tels que le risque d’exposition, le facteur immunitaire (être vacciné-e ou pas), sa zone géographique de vie, le contexte épidémiologique local, le sexe biologique, l’identité de genre ou encore l’orientation sexuelle.

    Mpox : L'Unicef a lancé un appel d'offres pour obtenir des vaccins

    Fin août, l’Unicef a annoncé avoir lancé « un appel d’offres d’urgence » afin d'obtenir des vaccins contre le Mpox afin d’aider les pays les plus durement touchés. « En fonction de la demande, de la capacité de production des fabricants et des financements, des accords portant sur un maximum de 12 millions de doses en 2025 peuvent être mis en place », a déclaré l'Unicef dans un communiqué, cosigné par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'Alliance du Vaccin Gavi et l'Africa CDC (Centre africain de contrôle et de prévention des maladies, dit aussi CDC Afrique). Deux effets sont attendus de cet appel d’offres : « garantir un accès immédiat aux vaccins disponibles contre le Mpox » et « accroître la production ». L’objectif de l’Unicef est de mettre en place des accords d'approvisionnement lui permettant d'acquérir et de distribuer les vaccins « sans délai, une fois que les pays et les partenaires auront assuré le financement, confirmé les besoins et leur niveau de préparation, et que les exigences réglementaires pour l'acceptation des vaccins seront en place ».

    Vaccins Mpox : une procédure en cours à l'OMS

    L'Organisation mondiale de la Santé recommande l'utilisation des vaccins MVA-BN, produit par le laboratoire pharmaceutique danois Bavarian Nordic, ou LC16, produit par l'entreprise japonaise KM Biologics, ou du vaccin ACAM2000, produit aux États-Unis, lorsque les deux premiers ne sont pas disponibles. Ce dernier vaccin a été racheté à Sanofi en 2017 pour environ 109 millions d’euros par la biotech Emergent Biosolutions. En octobre 2017, lors de la finalisation de l’opération, la filiale américaine de Sanofi Pasteur la justifiait dans un communiqué en indiquant que le « focus stratégique » du laboratoire français en matière de vaccins était de « concentrer ses efforts en ciblant les besoins de santé publique vers les maladies infectieuses actuelles et en développement », rappelle un article de L’Usine nouvelle (24 août).
    Les vaccins MVA-BN et LC16 n’ont pas encore obtenu la « préqualification » complète de l'OMS. La « préqualification » des médicaments est un service fourni par l’OMS pour évaluer la qualité, l’innocuité et l’efficacité des produits médicaux, dont les vaccins. À l’origine, en 2001, l’accent était mis sur les médicaments visant à traiter le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme. En 2006, le Programme a été élargi pour inclure des médicaments et des produits destinés à la « santé génésique » (santé en matière de reproduction). Chaque année, des médicaments pour un montant équivalent à plusieurs milliards de dollars sont achetés par les organismes internationaux d’achat pour être distribués dans les pays aux ressources limitées. « La préqualification est destinée à donner à ces organismes le choix d’un large éventail de médicaments de qualité pour les achats en grandes quantités », explique l’OMS. Cette procédure se déroule en cinq étapes : l’invitation, la présentation du dossier, l’évaluation, l’inspection, la décision. C’est un processus long et complexe. Dans le cas des vaccins contre le Mpox, l'organisation a lancé un examen d'urgence. « L'OMS examine actuellement les informations soumises par les fabricants le 23 août et devrait achever son examen en vue de l'inscription sur la liste des utilisations d'urgence d'ici la mi-septembre », indique d’ailleurs un communiqué de l’agence.

    Pour l'Unicef : "L'importance d'une action coordonnée"

    « Il est primordial de remédier à la pénurie actuelle de vaccins contre la variole [Mpox, ndlr] et de fournir des vaccins aux communautés qui en ont besoin maintenant. Il est également urgent de mettre en place un mécanisme de distribution universel et transparent afin de garantir un accès équitable aux vaccins contre la variole», a récemment déclaré Leila Pakkala, directrice de la division des approvisionnements de l’Unicef. De son côté, le Dr Jean Kaseya, directeur général de l’Africa CDC, a expliqué : « Alors que nous sommes confrontés à l’épidémie de Mpox, l’achat et la distribution de vaccins dans les délais impartis sont essentiels pour protéger les populations les plus vulnérables, en particulier dans les régions les plus durement touchées. Cet appel d’offres d’urgence est une étape cruciale dans notre effort collectif pour contrôler la propagation de cette maladie. Le CDC Afrique s’est engagé à veiller à ce que les vaccins soient distribués rapidement et équitablement sur tout le continent, en partenariat avec l’Unicef, Gavi, l’OMS et d’autres acteurs clés. Notre réponse unifiée est essentielle pour limiter l’impact de cette urgence de santé publique et préserver la santé et le bien-être de nos communautés ».

    France : Mayotte se prépare à une éventuelle arrivée du Mpox

    D’un problème à l’autre. Aucun nouveau cas de choléra depuis presque deux mois sur l’archipel de Mayotte, un département français dans l’océan Indien, c’est le début d’une victoire, notent les autorités de santé. Mais cette épidémie à peine écartée, voici que se profile l’éventuelle arrivée du Mpox. C’est du moins ce que craignent les autorités sanitaires. Au printemps, une épidémie de choléra avait touché le département le plus pauvre de France et s’était étendue dans plusieurs bidonvilles, faisant craindre une propagation beaucoup plus rapide. Au 31 août, 221 cas ont finalement été recensés, le dernier en date du 12 juillet. Selon l’ARS, cette épidémie a occasionné cinq décès. Face au choléra, l’Agence régionale de santé de Mayotte avait rapidement mis en place une importante campagne de vaccination préventive dans les zones les plus vulnérables. Si le choléra est aujourd’hui à l’arrêt, l’épidémie de Mpox en cours en Afrique centrale, notamment en République démocratique du Congo (RDC), est surveillée de près car Mayotte fait partie des territoires français les plus à risques, le département attirant de nombreuses personnes migrantes originaires de l’Afrique des Grands Lacs. « En 2022, nous avions enregistré deux cas de Mpox à Mayotte », a rappelé Bastien Morvan, directeur de cabinet de l’ARS. « Nous avons donc mis au point un plan de riposte fondé sur ce que nous avions établi à l’époque ». L’objectif est d’identifier rapidement les cas suspects avec un circuit de prise en charge dédié pour les voyageurs-ses arrivant de zones à risques et la possibilité de réaliser des tests au sein même de « l’unité médicale du centre de rétention administrative » de l’archipel. « L’idée est de vacciner les personnes ayant été au contact d’un cas suspect ou confirmé. Nous avons déjà le nombre de doses nécessaires », précise l’ARS, qui n’envisage pas pour l’instant de campagne de vaccination préventive.