Je fais un don

    L’actu vue par REMAIDES : les dernières actualités côté VIH dans le monde

    • Actualité
    • 29.08.2024

    Par Fred Lebreton et Jean-François Laforgerie 

    L’actu vue par REMAIDES : les dernières actualités côté VIH dans le monde

    Ces dernières semaines ont notamment été marquées au niveau mondial par l’annonce du Fonds mondial d’une nouvelle aide pour l’ Éthiopie et par la décision des autorités américaines d’une baisse des prix (sous contrainte) des médicaments pour un meilleur accès de tous-tes aux soins. La rédaction de Remaides fait le point sur ce qui se passe dans le monde (Kenya, Canada, Sénégal et Royaume-Uni), côté VIH.

    IST : des kits de dépistage en Nouvelle-Ecosse (Canada)

    La Nouvelle-Écosse a commencé à distribuer des trousses d'autotests pour dépister les infections sexuellement transmissibles ou transmissibles par le sang et cela dans l'espoir de réduire les obstacles liés à l'accès aux soins de santé sexuelle essentiels, indique La Presse canadienne (13 août). Selon le Dr Todd Hatchette, spécialiste des maladies infectieuses et directeur médical d’une clinique d'Halifax spécialisée dans la prise en charge des IST, la province constate une augmentation des taux de gonorrhée, de chlamydia et de syphilis. De nombreuses IST n'entraînent pas de symptômes, la meilleure façon de lutter contre leur transmission est d'adopter une approche de type : tester et traiter. C'est l'idée derrière le nouveau programme d'autotests qui a été lancé en juillet dernier dans les régions d'Halifax et de Truro. Les personnes qui souhaitent obtenir une « trousse » (un kit) doivent remplir un formulaire en ligne pour vérifier leur admissibilité. Elles reçoivent ensuite la « trousse » avec les instructions pour prélever l'échantillon. Celui-ci est envoyé à un laboratoire, et si le test est positif, un rendez-vous est pris avec un-e professionnel de santé. Au cours des trois dernières semaines, 277 trousses ont été distribuées. Les responsables de la santé travaillent à étendre le programme au reste de la province.

    Ethiopie : le Fonds mondial annonce une aide

    Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a approuvé une aide financière d’urgence de 2,5 millions de dollars pour la fourniture de produits et de services essentiels pour la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme dans le Tigré, l’Amhara et l’Afar, régions du nord de l’Éthiopie qui sont actuellement en proie à des conflits. L’aide financière sera mise en œuvre pendant un an, soit du 1er septembre 2024 au 30 août 2025, sous la forme d’une subvention autonome administrée par l’UNICEF à titre de récipiendaire principal et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à titre de sous-récipiendaire. « Notre priorité absolue est de veiller à ce que la patientèle affectée par le conflit dans le nord de l’Éthiopie continue d’avoir accès aux services de prévention et de traitement », a affirmé Mark Edington, directeur de la division de la gestion des subventions au Fonds mondial. Le conflit dans le nord de l’Éthiopie a eu des impacts sur les programmes financés par le Fonds mondial dans cette zone. Dans ces quatre régions, où vit 36 % de la population éthiopienne, on recense 40 % des personnes vivant avec le VIH, 19 % des cas de tuberculose et 47 % des cas de paludisme. Les services offerts aux populations de ces régions ont été interrompus par le conflit et d’autres problèmes de sécurité. Plus d’un an après la signature d’un accord de cessez-le-feu, les conséquences du conflit se font encore lourdement sentir au niveau de la prestation des services, de l’accès aux soins et des pénuries de médicaments, note l’organisme international. « La destruction et le pillage des structures de santé et l’accès réduit aux soins de santé et aux ressources médicales de base ont occasionné une recrudescence des maladies évitables, dont le paludisme et le VIH, qui pose une sérieuse menace pour la santé publique. En outre, le conflit a gravement perturbé les programmes de lutte contre les maladies et la gestion de la chaîne d’approvisionnement des médicaments essentiels », rappelle un communiqué de l’institution.

    Etats-Unis : baisse des prix des médicaments sous contrainte

    À point nommé ! Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette décision arrive au bon moment alors que la campagne de la candidate démocrate à la Maison Blanche Kamala Harris prend son envol. De grands laboratoires pharmaceutiques américains ont accepté, à contre-cœur, d’abaisser le prix de vente de dix médicaments traitant des pathologies graves pour le régime d’assurance des personnes âgées aux États-Unis. Cette baisse « historique », qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2026, a été annoncée jeudi 15 août par le président Joe Biden et la vice-présidente Kamala Harris, qui se disent ravis de cette « étape historique ». Évidemment du côté des industriels du secteur, c’est moins l’enthousiasme. Ces derniers s’étaient résolus en octobre 2023 à participer à des négociations inédites avec le gouvernement fédéral car refuser les exposait à des conséquences « insupportables », notamment des sanctions fiscales. Les groupes suédo-britannique AstraZeneca et américain Johnson & Johnson ont d’ailleurs expliqué (15 août) avoir aussi plié pour assurer que leurs médicaments restent disponibles aux bénéficiaires de Medicare, qui couvre les personnes de plus de 65 ans. « AstraZeneca considère que toute personne ayant besoin de nos traitements doit pouvoir y avoir accès, ce qui était menacé pour les patients de Medicare et Medicaid [assurance-santé des personnes les plus défavorisées, ndlr] si un fabricant refusait » de s’entendre avec les autorités, a commenté le groupe. Le dispositif « Maximum Fair Price » ou « Prix équitable maximum » découle d’une loi phare mise en place à l’initiative de Joe Biden, l’« Inflation Reduction Act » (IRA), un vaste programme de transition énergétique et de pouvoir d’achat. Dix médicaments ont été sélectionnés pour ces négociations, débutées en février et devant aboutir avant le 1er septembre, qui ont été prescrits en 2022 à quelque neuf millions de bénéficiaires de Medicare. Figurent notamment l’Entresto du suisse Novartis (affections cardiaques), le Stelara (psoriasis, maladie de Crohn) du belge Janssen, filiale de Johnson & Johnson, ou encore l’Eliquis (anticoagulant) des américains Bristol-Myers Squibb (BMS) et Pfizer. Ces deux derniers labos ont souligné, dans un communiqué identique, que l’Eliquis était le plus prescrit de la liste (presque quatre millions de bénéficiaires) mais pas le plus cher, et qu’abaisser le prix pour Medicare « ne détermine pas le prix que paieront les patients ». Un argument également avancé par Novartis, affirmant qu’avant le MFP, 98 % des bénéficiaires de Medicare prenant de l’Entresto payaient de leur poche en moyenne 29 dollars par mois. « Le contrôle des prix ne signifie pas que les patients vont avoir un meilleur accès ou payer moins cher à la pharmacie », a-t-il souligné. D’après les informations publiées jeudi et citées par l’AFP, Medicare paiera 295 dollars pour un mois d’Entresto au lieu de 628 actuellement, soit une réduction de 56 %. La baisse la plus importante (- 79 %) concerne le Januvia (diabète) du groupe américain Merck, et la plus faible l’Imbruvica, utilisé dans le traitement des cancers du sang (- 38 %) de la biotech américaine Pharmacyclics. Ces baisses qui permettent un meilleur accès à ces spécialités médicales sont critiquées par les labos. Merck est ainsi « en désaccord » avec l’affirmation selon laquelle le nouveau prix mensuel du Januvia - qui passe de 527 à 113 dollars - « est un prix juste reflétant (sa) valeur », a-t-il indiqué, disant « craindre (...) un effet glaçant majeur sur l’innovation future et l’investissement dans la recherche ». L’accord doit permettre, dès la première année, d’économiser 1,5 milliard de dollars pour les assurés-es concernés-es et six milliards de dollars pour les contribuables, selon la Maison Blanche. Le prix des médicaments, qui n’est pas régulé au niveau national aux États-Unis, y est souvent bien plus élevé que dans les autres pays développés. Il est courant que les assurés-es doivent payer une partie, parfois importante, de leur poche. « Depuis des années, des millions d’Américains doivent choisir entre acheter leurs médicaments ou de la nourriture », a affirmé le président Biden. Mais, pour Johnson & Johnson - dont deux médicaments sont sur la liste -, ce plafonnement aura pour conséquence d’augmenter le coût pour les autres Américains, et de restreindre l’accès aux médicaments. Cette réforme « décourage l’innovation et limite notre capacité à découvrir et à développer de nouveaux médicaments révolutionnaires », a déploré Novartis. Medicare devrait négocier les tarifs d’une soixantaine de médicaments dans les quatre prochaines années, puis d’une vingtaine supplémentaires au maximum chaque année.

    L'ONU fustige un record "inadmissible" de violences contre les humanitaires

    L’ONU a fustigé, lundi 19 août, les violences « inadmissibles » qui se banalisent contre les travailleurs-ses humanitaires dont 280 ont été tués-es dans le monde en 2023, un record nourri par la guerre à Gaza et qui risque, hélas, d’être battu dès 2024. « La normalisation de la violence contre les travailleurs humanitaires et le fait que personne ne rende de comptes sont inacceptables, inadmissibles et extrêmement dangereux pour les opérations humanitaires, partout », a dénoncé Joyce Msuya, cheffe par intérim du bureau humanitaire de l’ONU (Ocha), à l’occasion de la Journée mondiale de l’aide humanitaire. « À Gaza, au Soudan, et dans de nombreux autres endroits, les travailleurs humanitaires sont attaqués, tués, blessés et enlevés. Nous exigeons la fin de l’impunité pour que les responsables soient traduits en justice », a renchéri sur X (ex-twitter) le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Selon les chiffres de la base de données Aid Worker Security Database, utilisés par l’ONU, 280 travailleurs-ses humanitaires ont été tués-es dans 33 pays l’an dernier. Soit l’année la plus meurtrière enregistrée depuis le début de cette comptabilisation en 1997 et une augmentation de 137% par rapport à 2022 (118 humanitaires tués-es).Chaque année, l’ONU célèbre la Journée mondiale de l’aide humanitaire le 19 août, date anniversaire de l’attentat contre son quartier général à Bagdad en 2003. Cet attentat à la bombe avait tué 22 personnes, dont Sergio Vieira de Mello, représentant spécial de l’ONU en Irak, et blessé quelque 150 autres travailleurs-ses humanitaires locaux et étrangers.

    Sénégal : la prévalence du VIH est plus forte chez les femmes âgées de 15 à 49 ans

    Sénégal : la prévalence du VIH est plus forte chez les femmes âgées de 15 à 49 ans
    La prévalence du VIH chez les femmes âgées de 15 à 49 ans au Sénégal est de 0,34 %, contre 0,25 % pour les hommes de la même tranche d'âge, a indiqué (14 août) la secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre le sida (SE-CNLS), Safiatou Thiam. Malgré les résultats encourageants enregistrés dans la lutte contre le VIH/sida et toutes les initiatives prises dans le cadre de la mise en œuvre du plan quinquennal, « des défis persistent encore surtout chez les femmes, les filles et les adolescentes porteuses du VIH », a-t-elle expliqué à l’occasion du lancement à Dakar du « Gender Assessement », une nouvelle évaluation fondée sur le genre dans la riposte nationale au VIH/sida. Les facteurs socio-économiques exposent davantage les femmes « à un risque accru d'infection », a souligné l’experte, ajoutant que c'est cela qui explique « la féminisation de l'épidémie à VIH », dans le pays. « Le plus souvent moins éduquées que les hommes, dépourvues d’autonomie financière et subissant l’emprise de normes sociales qui les relèguent à un second rôle, la majorité de cette couche vulnérable est confrontée à des difficultés d’accès aux des stratégies de prévention et de prise en charge efficaces du VIH », a-t-elle détaillé.
    Le Sénégal a rejoint le partenariat du Fonds mondial en 2003. Depuis, d’importants progrès ont été obtenus dans le pays face au VIH, à la tuberculose et au paludisme, mais beaucoup reste encore à faire. La proportion de personnes vivant avec le VIH recevant un traitement antirétroviral est passée de 44 % en 2015 à 77 % en 2020. Reste que toutes les personnes qui ont besoin d’un traitement n’y ont pas encore accès. Le pourcentage de personnes vivant avec le VIH qui connaissent leur statut sérologique est passé de 56 % en 2015 à 80 % en 2020. Le nombre de personnes vivant avec le VIH dont la charge virale est devenue indétectable a doublé entre 2017 et 2020, passant de 33 % à 65 %. Le taux de succès thérapeutique pour la tuberculose est passé de 86 % en 2015 à 91 % en 2019. Le nombre total de décès imputables à la tuberculose a reculé de 15 % entre 2015 et 2019. Entre 2015 et 2019, les cas de paludisme ont diminué de 28 %, de 492 000 à 353 000. Entre 2015 et 2019, les décès imputables au paludisme ont diminué de 50 %. Comme on le voit les progrès sont indéniables, mais des efforts importants restent à faire notamment vis-à-vis des femmes et des jeunes filles. Outre les femmes, les jeunes filles et les adolescentes, la secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre le Sida (SE-CNLS) estime qu’il faut aussi prendre en compte la situation d’autres groupes telles les personnes transgenres, « une population qui commence à émerger au Sénégal », a souligné Safietou Thiam.

    Au Kenya, d'importants progrès dans la lutte contre le VIH

    Le Kenya a réussi à réduire de 68 % les décès des suites du sida (passant de 58 446 décès en 2013 à 18 473 en 2022). Une importante baisse des cas a aussi été constatée : 101 448 en 2013 à 22 154 en 2022. Ces progrès marquent une avancée majeure dans la lutte contre cette maladie, explique l’agence APA (mi-août). Conscient de l’importance de maintenir cette dynamique positive, le gouvernement kenyan a mis en place un comité directeur chargé d’élaborer un plan opérationnel de durabilité de la lutte contre le VIH. Lors de la réunion inaugurale de ce comité, Harry Kimtai, secrétaire principal des services médicaux, a souligné l’importance de cette initiative. « Ce plan servira de modèle pour préserver et développer les gains que nous avons réalisés. Il nécessitera un effort collectif, une réflexion innovante et un engagement indéfectible de la part de toutes les parties prenantes concernées », a expliqué ce responsable dans le communiqué. Harry Kimtai a également appelé à une mobilisation continue au-delà de 2030, exhortant tous-tes les acteurs-rices à redoubler d’efforts. « Avançons avec détermination et unité pour façonner un avenir où le VIH ne représente plus une menace pour la santé, le développement et la prospérité de notre nation », a-t-il lancé.

    Sang contaminé au Royaume-Uni : le gouvernement promet des indemnités en 2024

    Le nouveau gouvernement britannique a confirmé que des indemnités seraient versées d'ici à la fin de l'année aux personnes victimes du pire scandale sanitaire de l'histoire du Royaume-Uni. Entre les années 1960 et 1990, plus de 30 000 personnes ont reçu du sang contaminé et ont été infectées à l'hépatite B, à l'hépatite C, ou au VIH. Certaines l’ont été aux trois virus. En mai dernier, une enquête publique avait conclu que les infections auraient en grande partie pu être évitées et que certains-es soignants-es avaient « consciemment infecté » leurs patients-es, dans un but de recherches, sans leur consentement. Le gouvernement a donc confirmé que des indemnités seraient versées. Les personnes infectées avec le VHC recevront au moins 35 000 livres sterling, soit 40 000 euros. Jusqu'à 2 millions pour les personnes qui ont infectées le VIH, et ce 30, 40, 50 ans après les faits. Pra ailleurs, le gouvernement s'est engagé à fournir une aide juridique et un soutien financier à vie aux personnes concernées. Les patients-es qui ont subi des « expérimentations » médicales sans y avoir consenti toucheront en plus des « primes » d'environ 15 000 livres. Au moins 3 000 personnes concernées sont mortes avant d'avoir obtenu justice.

    Les progrès du Canada vers l'élimination des hépatites virales en tant que problème de santé publique

    Le gouvernement du Canada s'est engagé à réduire l'impact des hépatites virales, de manière à améliorer les résultats en matière de santé et à respecter les engagements mondiaux d'ici 203à. Voici quelques données :
    - En 2021, 89 % des jeunes de 14 ans avaient reçu une dose ou plus du vaccin contre l'hépatite B. Le Canada est en voie d'atteindre les cibles de 2025, soit une couverture vaccinale contre l'hépatite B de 90 % chez les enfants ;
    - On estime que 8 200 personnes ont été nouvellement infectées par l'hépatite C en 2021 ;
    - Le taux d'incidence estimé était de 21 pour 100 000 personnes ;
    - Chaque jour, 22 personnes ont été infectées par l'hépatite C. Comparativement aux autres groupes d'âge, en 2021, le nombre estimé de nouvelles infections était plus élevé chez les personnes nées entre 1980 et 1994. « Des efforts accrus en matière de protection contre l'hépatite C seront nécessaires pour atteindre l'objectif de 2025 de 13 nouvelles infections pour 100 000 personnes », indiquent les autorités canadiennes ;
    - À la fin de 2021, on estime que 214 000 personnes vivaient avec l'hépatite C chronique. Parmi celles-ci, 59 % avaient été diagnostiquées ;
    - 262 000 personnes vivaient avec l'hépatite B chronique. Parmi celles-ci, 58 % avaient été diagnostiquées ;
    - Deux personnes sur cinq ne savaient pas qu'elles vivaient avec une infection chronique et pourraient bénéficier d'un test de dépistage et d'un traitement ;
    - Le Canada est en voie d'atteindre l'objectif de 2025, à savoir que 60 % des personnes soient conscientes de leur infection par l'hépatite B ou C ;
    - Entre 2012 et 2021, on estime que 108 000 personnes atteintes d'hépatite C chronique ont reçu un traitement ;
    - Depuis l'arrivée d'un traitement contre l'hépatite C qui permet de guérir plus de 95 % des personnes traitées, l'accès au traitement a augmenté. Entre 2015 et 2021, le nombre de personnes traitées et guéries a surpassé le nombre de nouvelles infections.