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    L’Actu vue par Remaides : « VIH Zéro en Île-de-France en 2030 : des chiffres et des enjeux »

    • Actualité
    • 24.12.2024

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    © DR

    Par Jean-François Laforgerie

    L’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales ǀ Maladies infectieuses émergentes (ANRS ǀ MIE) et l’Agence régionale de santé  Île-de-France ((ARS IDF) ont annoncé, à l’occasion du 1er décembre,  amplifier leur partenariat, engagé en 2023, pour « poursuivre la baisse des nouvelles infections » et « atteindre l’objectif collectif d’élimination de la transmission du VIH en 2030 ». La rédaction de Remaides y revient.

    Dans un communiqué commun (27 novembre), l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales ǀ Maladies infectieuses émergentes (ANRS ǀ MIE) et l’Agence régionale de santé  Île-de-France (ARS IDF) ont annoncé amplifier leur partenariat, engagé en 2023, pour « poursuivre la baisse des nouvelles infections » et « atteindre l’objectif collectif d’élimination de la transmission du VIH en 2030 ». Constat principal : l’Île-de-France concentre environ 40 % des cas de VIH en France, alors qu’elle ne représente que 18 % de la population. En 2023, on a dénombré encore 2 140 nouveaux diagnostics de séropositivité en Île-de-France, sur les 5 500 au niveau national. Ces dix dernières années ont été marquées par une « baisse globale des nouvelles infections en Île-de-France ». « Les actions déployées y ont grandement contribué : hausse du recours au dépistage dans ses diverses modalités, utilisation croissante de la prophylaxie préexposition (Prep) chez les hommes qui ont des rapports sexuels avec d'autres hommes (HSH), efficacité croissante de la prise en charge des personnes atteintes », analysent les deux structures. Ces chiffres ont permis à l’Île-de-France de se rapprocher des objectifs de l’Onusida « 95-95-95 ». En effet, dans cette région : « 94 % des personnes vivant avec le VIH en Île-de-France connaissent leur état sérologique, avec une baisse notée du nombre de personnes séropositives non diagnostiquées (estimé par Santé publique France à 4 104) ; 96 % des personnes diagnostiquées suivent un traitement antirétroviral et 96 % d’entre elles ont une charge virale indétectable (inférieure à 200 copies/ml, seuil durablement indétectable).
    Mais notent les deux structures dans leur communiqué : de nouvelles contaminations ont toujours lieu, chaque jour. Pour Santé publique France, 1 456 personnes ont été nouvellement infectées par le VIH en 2023 en Île-de-France.

    Après la crise sanitaire, une augmentation des cas découverts de personnes nées à l’étranger a été constatée aussi bien chez les femmes que chez les HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes), tandis que la diminution observée chez les HSH nés en France avant 2020 ne s’est pas amplifiée. En 2023, 43 % des découvertes concernent des hommes et des femmes hétérosexuels-les nés-es à l’étranger et 19 % des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes nés à l’étranger. « Ces indicateurs soulignent l'importance de poursuivre et d’intensifier la prévention combinée, de définir les interventions adaptées au plus près des populations les plus exposées aujourd’hui dans la région pour parvenir à l’élimination de la transmission du VIH en 2030 », explique le communiqué. L’ARS Île-de-France y rappelle qu’elle consacre annuellement 32 millions d’euros en soutien aux associations et acteurs-rices (établissements et structures de santé notamment) engagés dans la prévention, le dépistage et le suivi des personnes exposées ou vivant avec le VIH.

    Le programme "VIH Zéro en Ile-de-France" : une mobilisation régionale pour éliminer la transmission du VIH dans la région

    Parmi les actions et dispositifs financés par l’ARS, le programme « VIH Zéro en Île-de-France en 2030 », en partenariat avec l’ANRS ǀ MIE. Il repose sur un « engagement collectif » et des « actions concrètes ». À l'issue d'un travail collaboratif réunissant les acteurs-rices engagés-es dans la lutte contre le VIH en Île-de-France (associations, soignants-es, chercheurs-ses, collectivités locales), vingt-cinq nouvelles propositions ont été formulées. Certaines peuvent être rapidement déployées, d’autres doivent encore faire l’objet de travaux complémentaires.  « Certaines renforcent les dispositifs existants, tandis que d'autres introduisent des approches novatrices visant à former et élargir le réseau de professionnels-les de santé et de services impliqués dans l'offre de prévention combinée »  , expliquent l’ANRS ǀ MIE et l’ARS ÎDF. Elles se déploient sur trois axes prioritaires :
    - étendre l’accès à la Prep ;
    - renforcer la compréhension locale de l’épidémie ;
    - maximiser l'impact du dépistage et du traitement.
    Revenons sur ces différents points.

    Pourquoi étendre l'accès à la Prep ?

    Bien que le nombre d’utilisateurs-rices de la Prep ait doublé entre 2020 et 2023 pour atteindre 22 353 personnes, son usage demeure trop restreint aux HSH résidant au centre de la région, constatent les deux structures. Elles expliquent que : « l’accès à la Prep reste insuffisant pour certains groupes socialement divers, aux comportements variés et vivant parfois éloignés des services de santé spécialisés, concentrés dans les centres urbains. Pour pallier ces inégalités, plusieurs initiatives sont mises en place : proposer la Prep dans les locaux des associations communautaires, développer les téléconsultations, mettre en œuvre des protocoles de coopération entre médecins, sage-femmes et infirmiers-ères, étendre ces protocoles aux femmes fréquentant les PMI ou les centres de santé généralistes. »

    Pourquoi renforcer la compréhension locale de l'épidémie ?

    Pour permettre aux acteurs-rices et décideurs-ses d’améliorer l’action territoriale, il est essentiel de leur fournir des informations précises et adaptées, constate le communiqué. Le programme COINCIDE, avec l’appui de l’Observatoire régional de santé (ORS) Île-de-France, a cartographié l’épidémie de manière détaillée et accessible à tous-tes. Un outil de cartes interactives permet depuis avril 2024 une visualisation de l’épidémie de VIH à une « échelle territoriale fine ».

    Pourquoi maximiser l'impact du dépistage et du traitement ?

    « Pour mieux organiser les ressources de dépistage régionales et atteindre les publics éloignés des soins, une cartographie précise sera réalisée pour répertorier les lieux de dépistage, leurs horaires, les prestations proposées et les publics ciblés (soins primaires, Cegidd, équipes communautaires, services de protection maternelle et infantile [PMI], centres de santé sexuelle ex-CePF). Des réunions départementales permettront d’ajuster les actions, en particulier, celles réalisées hors des structures de santé (lieux publics, communautaires ou de socialisation). Ces efforts visent à rapprocher le dépistage des populations éloignées des soins, notamment par une offre élargie de tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) », explique le communiqué du 27 novembre.