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    L’actu vue par REMAIDES : Comment prévenir les surdoses ? La Fédération Addiction invite au débat

    • Actualité
    • 06.09.2024

     

    cannabis justice 2

     

    Par Jean-François Laforgerie et Fred Lebreton

    Comment prévenir les surdoses ?
    La Fédération Addiction invite au débat

    Période chargée concernant les infos sur les drogues et produits en cette rentrée. Côté tabac, des chercheurs-ses, notamment français, ont mis au point un test comportemental pour améliorer le dépistage de la dépendance, qui permettrait une amélioration notable de la prise en charge. De son côté, le gouvernement britannique compte durcir la lutte contre le tabac en élargissant les zones d’interdiction, y compris en plein air. En France, la Fédération Addiction organise une rencontre nationale les 2 et 3 décembre 2024 sur Comment prévenir les surdoses ? Aux États-Unis, Donald Trump se prononce pour la légalisation du cannabis récréatif en Floride ; un positionnement qui doit beaucoup au contexte électoral de la présidentielle. La rédaction de Remaides fait le point sur l’actu concernant les produits.

    Tabac : un test comportemental pour améliorer le dépistage de la dépendance

    Des chercheurs-ses (France, États-Unis et Belgique) ont développé un test comportemental pour améliorer le dépistage de « l’addiction au tabac » et permettre ainsi une meilleure prise en charge des patients-es, indique un communiqué du CNRS et de l’Université de Poitiers. Ce sont deux équipes (Laboratoire de neurosciences expérimentales et cliniques, Université de Poitiers – Inserm et du Centre de recherches sur la cognition et l’apprentissage, Université de Poitiers – CNRS), en collaboration avec le CHU de Poitiers, le centre Hospitalier Henri Laborit de Poitiers), qui ont principalement travaillé à ce projet dont les résultats ont été publiés dans un article dans la revue scientifique de référence Nicotine & Tobacco Research. Le trouble lié à l'usage du tabac (TUD) est la principale cause évitable de morbidité et de mortalité dans le monde. Au cours des dernières décennies, les campagnes de prévention ont été efficaces pour sensibiliser la population générale aux risques associés au tabagisme, contribuant ainsi à réduire la prévalence du TUD, notent le communiqué du CNRS et de l’Université de Poitiers. Cependant, avec l'augmentation de la population mondiale, le nombre total de fumeurs-ses a augmenté et le nombre de décès dus au TUD est estimé à plus de sept millions par an. L’étude des facteurs qui incitent à l'usage du tabac permet de comprendre plus précisément les mécanismes sous-jacents au TUD et aider les soignants-es à améliorer les efforts d'intervention et de prévention de « ce trouble », qui demeure difficile à traiter et présente une forte prévalence de rechute. Les équipes de recherche ont donc récemment élaboré un test pour mieux appréhender les mécanismes psychologiques et le degré d’addiction des patients-es souhaitant arrêter de fumer afin de proposer les solutions les plus adaptées. La plupart des mesures actuelles du TUD reposent sur des questionnaires d’auto-évaluation de la consommation, de la dépendance et de l'envie de fumer, et ne prennent donc pas en compte le rôle des indices environnementaux associés à la drogue, comme les images ou odeurs de tabac, dans la recherche de la substance, explique le communiqué. « Pourtant, l’usage du tabac dépend fortement d’envies de consommer (« craving ») générées par l’environnement », expliquent les chercheurs-ses. Ils-elles ont donc développé un test comportemental permettant d’appréhender les réactions des patients-es confrontés-es à ces indices environnementaux. En analysant les réponses à ce test, il est possible d’identifier les déclencheurs de l’usage du tabac et de mesurer le degré d’addiction de la personne qui a fait le test, pour finalement permettre un accompagnement médical plus précis et donc un traitement plus efficace.

    Trump se prononce pour la légalisation du cannabis récréatif en Floride

    Le candidat républicain à l’élection présidentielle américaine et ex-président, Donald Trump, s’est déclaré, samedi 31 août, favorable à l’adoption d’un amendement légalisant l’usage récréatif du cannabis pour les adultes en Floride, l’État où il réside. Un référendum constitutionnel sur la question est prévu en Floride en novembre en même temps que l’élection présidentielle. Il est courant aux États-Unis que les électeurs-rices votent simultanément aux scrutins nationaux et sur de nombreux sujets à portée locale. La question est particulièrement sensible pour l’électorat jeune, une nette majorité des moins de 50 ans souhaitant la légalisation de l’usage récréatif du cannabis. « En Floride, comme dans tant d’autres États qui l’ont déjà approuvé, une quantité personnelle de marijuana sera autorisée pour les adultes », écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social. « Personne ne devrait être classé comme un délinquant en Floride pour ce qui est légal dans un aussi grand nombre d’autres États. Nous n’avons pas besoin de gâcher des vies et de gaspiller les dollars des contribuables à arrêter des adultes pour possession de quantités personnelles de marijuana », a-t-il ajouté. Il a néanmoins appelé à l’adoption de lois contre l’usage du cannabis en public « afin de ne pas le sentir partout, comme dans tant de villes dirigées par les démocrates ». Lors de sa campagne présidentielle victorieuse de 2016, Donald Trump avait adopté une position de tolérance sur le sujet, répétant à plusieurs reprises qu’il laisserait les autorités locales gérer la question. Une fois entré à la Maison Blanche, il s’était montré plus discret sur la question, et avait apporté son soutien aux positions dures de son ministre de la Justice, Jeff Sessions, en matière de maintien de l’ordre. Celui-ci avait révoqué en 2018 la politique fédérale de tolérance mise en place par l’administration démocrate de Barack Obama à l’égard de la légalisation du cannabis à usage récréatif, redonnant toute latitude aux procureurs-res pour poursuivre à leur guise les simples détenteurs-rices. Mais la plupart s’en étaient largement abstenus. Bien que trois quarts des Américains-es vivent désormais dans un État où le cannabis est légal, il ne l’est pas encore au niveau fédéral, rappelle l’AFP. Le ministère de la Justice de l’administration du président sortant démocrate Joe Biden a officiellement publié, en mai, sa recommandation de le reclasser dans une catégorie de drogue moins dangereuse qu’actuellement.

    Le gouvernement britannique va durcir la lutte contre le tabac

    Si on en croit les manchettes du Sun, important et populaire tabloïd britannique, la cigarette devrait perdre encore du terrain outre-Manche. Le Premier ministre britannique Keir Starmer a confirmé, jeudi 29 août, vouloir prendre de nouvelles mesures pour lutter contre le tabagisme, sans confirmer ni infirmer les affirmations du journal. Celui-ci affirme qu'il envisage une interdiction de fumer en terrasse pour les restaurants, les jardins que possèdent certains pubs et à l'extérieur des stades de foot. Interdiction aussi « sur les trottoirs près des universités et des hôpitaux, dans certains parcs ». « Nous allons prendre des décisions dans ce domaine, plus de détails vont être révélés », s'est contenté de répondre Keir Starmer, interrogé à ce sujet lors d'une visite à Paris. Et le Premier ministre travailliste de rappeler l’enjeu : « Plus de 80 000 personnes perdent la vie chaque année à cause du tabagisme (…) Il s'agit de décès évitables, d'une charge énorme pour le NHS [le service de santé public] et, bien sûr, d'une charge pour le contribuable ». Le projet a été salué par des professionnels-les de santé. Il a été sévèrement critiqué du côté des représentants-es de pubs.

    La société face aux addictions : un podcast de la Fédération addiction

    La Fédération Addiction a lancé (3 septembre) son podcast, « La société face aux addictions : récits pluriels ». Au fil de cinq épisodes, vous découvrirez des récits croisés, pluriels qui donnent la parole aux différents-es acteurs et actrices du champ de l'addictologie. Ce podcast est accessible sur les principales plateformes. Comment ont évolué les conduites addictives et leurs accompagnements depuis les années 70 ? Comment les professionnels-les des addictions mettent en œuvre la réduction des risques ? La prévention ? Quels sont les impacts de la politique de répression sur les personnes utilisatrices de drogues ? Au fil de cinq épisodes, ce nouveau podcast de la Fédération Addiction abordera toutes ces questions. Pour en savoir plus, une « bande annonce » est proposée.
     

    Colloque : Comment prévenir les surdoses ?

    La Fédération Addiction organise une rencontre nationale les 2 et 3 décembre 2024 sur le thème : Comment prévenir les surdoses ? Dans un communiqué, la Fédération Addiction a rappelé que chaque année, le 31 août, se tint la journée internationale de prévention des surdoses. En 2022, au moins 638 personnes sont décédées en France suite à une surdose liée à la consommation de substances psychotropes. « Ce n’est pourtant pas une fatalité », explique la fédération. Si la situation française n’est en aucun cas comparable avec la crise des opioïdes en Amérique du Nord, le nombre décès par surdoses liées aux produits psychotropes continue d'augmenter. Le chiffre pour 2022 traduit une « hausse constante depuis plusieurs années selon des chiffres malheureusement partiels ». « Les opioïdes, notamment l'héroïne et le fentanyl, sont impliqués dans la majorité de ces cas, mais la cocaïne est de plus en plus présente dans les surdoses mortelles, représentant 31 % des décès selon les informations disponibles. Ce problème est particulièrement marqué chez les hommes jeunes et les populations vulnérables », souligne la Fédération Addiction. Cette dernière constate que des surdoses sont évitables et que leur nombre élevé actuel est imputable au manque d’accès à l’information, aux lacunes de  la prévention et aux difficultés d’accès aux soins et à l’existence de politiques publiques inadaptées. C’est tout l’enjeu de cette rencontre nationale que de travailler à des pistes de réponses.
     

    Cannabis : en Allemagne, il est désormais possible de conduire avec un certain taux de THC

    Le Bundestag (Parlement allemand) a fait évoluer la règlementation en matière de consommation de cannabis avant de prendre le volant. Et cela, cinq mois après sa légalisation. Ces mesures sont entrées en vigueur le 22 août dernier et s'imposent à tous-tes les automobilistes circulant en Allemagne, résidents-es du pays depuis plus de six mois. Le 1ᵉʳ avril 2024, l’Allemagne est devenue le troisième pays européen à légaliser le cannabis récréatif, après Malte et le Luxembourg. Cette mesure concerne uniquement les personnes majeures. Elle a conduit le gouvernement à revoir sa réglementation pour les automobilistes. Comme pour l’alcool, en consommer avant de conduire n’est pas interdit, mais reste très encadré. Le Bundestag a établi un seuil de 3,5 nanogrammes (ng) de tétrahydrocannabinol (THC) par millilitre de sang à ne pas dépasser pour prendre le volant. « D’après les experts, ce taux est suffisamment bas pour éviter qu’un automobiliste ressente encore les effets de la drogue lorsqu’il prend la route », rapporte le Centre européen de la consommation (CEC). Il s'agit d'un taux légal supérieur à celui retenu par les tribunaux allemands (1 ng/ml de sang). Les conducteurs-rices devront patienter plusieurs heures avant de prendre la route en cas de consommation de cannabis en amont, puisque cette dernière provoque un taux de THC variant de 10 à 150 ng/ml de sang. Les spécialistes indiquent également qu'une personne « habituée » à consommer aura plus de mal à faire chuter rapidement la concentration de tétrahydrocannabinol dans son sang qu’une personne ne consommant que très occasionnellement. En cas de contrôle, un-e automobiliste qui dépasse la limite de THC autorisée connaîtra une sanction de 500 euros ainsi qu'une interdiction de circuler d’un mois. L'amende peut s'élever à 1000 euros si la personne est positive à un test d'alcoolémie.

    Biblio : Atlas des drogues

    Production, trafic, consommation... La question de la drogue est devenue une problématique mondiale. De la production à la consommation, la drogue touche tous les continents, tous les pays, toutes les classes d’âges, note l’équipe de Courrier International qui a décidé de consacrer un hors-série à cette question : Atlas des drogues. Du Pérou au Myanmar, en passant par l’Afghanistan ou la Syrie, la drogue est une manne agricole ou touristique. Tandis que dans les rues de San Francisco ou Philadelphie, les overdoses de fentanyl ou de tranq se multiplient — faisant davantage de victimes que les accidents de la route ou les armes à feu. La légalisation fonctionne-t-elle ? Faut-il au contraire tout prohiber ? Telles sont quelques-unes des questions abordées dans cet Atlas qui propose plus de trente cartes et infographies pour décrypter l’économie de la drogue. Elles sont complétées des meilleurs reportages de la presse étrangère sur des sujets comme le voyage mortel du fentanyl ; Qui consomme quoi ? ; Cultiver, transformer, produire ; Exporter, écouler, trafiquer ; Dénicher, acheter, consommer ; Amasser, camoufler, s'enrichir ; Encadrer, accompagner, légaliser.
    Atlas des drogues, numéro hors-série de Courrier International (76 pages, août - septembre 2024), en vente en kiosques : 8,90 euros ; même prix pour la version numérique disponible sur le site de l’hebdo.