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    L’Actu vue par Remaides : « Le sexe made in France seconde partie »

    • Actualité
    • 07.12.2024

     

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    © Anthony Leprince pour Studio Capuche

    Par Jean-François Laforgerie

     

    Le sexe made in France, seconde partie

    Le 13 novembre dernier, les premiers résultats de la grande enquête nationale sur le « Contexte des sexualités en France 2023 » ont été présentés. Les transformations de la société française au cours des dernières décennies, tant sur le plan social et juridique, qu’économique et technologique, ont eu une incidence sur les représentations et les pratiques dans le domaine de la sexualité et de la santé sexuelle. L’ANRS ǀ MIE a initié et financé cette recherche, qui a été conduite par des chercheurs et chercheuses de l’Inserm et de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. C’est la quatrième fois depuis 2006 qu’une recherche sur la sexualité des Français-es est menée. La rédaction de Remaides revient sur les points clefs de cette nouvelle édition en deux articles. Voici le second.

    Que dit l'enquête 2023 sur les sexualités dans les espaces numériques ?

    En 2023, 33 % des femmes et 46,6 % des hommes ont eu une expérience sexuelle en ligne avec une autre personne (connexion à un site dédié, rencontre d’un partenaire, échange d’images intimes). Les activités sexuelles en ligne se sont massivement développées ces dernières années. Dans l’enquête de 2006 déjà, 10 % des femmes et 13 % des hommes interrogés-es s’étaient déjà connectés-es à un site de rencontre. « Le développement massif des outils numériques a ouvert de nouveaux espaces de sociabilité et de nouveaux modes d’échanges sexuels dont on connaît encore mal l’ampleur dans la population », constatent les auteurs-rices. « Les rares études qui portent sur le sujet se focalisent souvent sur les modes de rencontre en ligne, sur l’effet de ces nouveaux espaces de socialisation sur les plus jeunes et sur les risques sociaux et de santé qui ont émergé dans ce cadre », notent-ils-elles. On connaît encore très peu en France la manière dont ces nouveaux usages se sont diffusés dans les échanges sexuels et ont potentiellement modifié les pratiques sexuelles en elles-mêmes. L’enquête CSF-2023 permet pour la première fois de mesurer certaines de ces pratiques dans l’ensemble de la population. « Globalement, 33,0 % des femmes et 46,6 % des hommes de 18 à 89 ans interrogés dans CSF-2023 ont déjà eu une expérience sexuelle en ligne avec une autre personne (s’être connecté à un site de rencontre, avoir rencontré un ou un-e partenaire sexuel-le en ligne, avoir échangé des images ou des vidéos intimes). Ces pratiques sont beaucoup plus fréquentes parmi les personnes les plus jeunes et parmi les minorités sexuelles : 63,9 % des femmes de moins de 30 ans et de 72,8 % des hommes du même âge ont déjà eu des expériences de ce type, de même que 66,6 % des femmes et 73,4 % des hommes qui déclarent une orientation non hétérosexuelle. En 2023, 17,9 % des femmes et 23,7 % des hommes ont déjà rencontré un ou une partenaire sexuel-le par le biais d’un site ou d’une application de rencontre. C’est le cas de 39,4 % des femmes de moins de 30 ans et de 43,5 % des hommes du même âge.
    L’activité sexuelle elle-même peut être numérique quand elle s’appuie sur un échange à distance et sur le partage d’images intimes (c’est-à-dire des images ou vidéos montrant des parties génitales). Le fait d’avoir envoyé une image intime au cours de sa vie ne concerne que 13,8 % des femmes et 17,9 % des hommes de 18 à 89 ans. Ces pratiques sont beaucoup plus fréquentes chez les plus jeunes : 36,6 % des femmes et 39,6 % des hommes de 18-29 ans ont déjà envoyé une image intime et 47,8 % des femmes et 53,6 % des hommes de cet âge ont déjà reçu une image de ce type. À la question sur le consentement lors du dernier échange de ce type, 54,8 % des femmes et 68,7 % des hommes indiquent avoir explicitement consenti à recevoir cette image, tandis que 16,6 % des femmes et 25,0 % des hommes disent qu’ils ne se sont pas posé la question en ces termes. Enfin 28,7 % des femmes et 6,3 % des hommes déclarent n’avoir pas été consentants-es. Si 77,0 % des femmes étaient consentantes quand la dernière image intime reçue venait de leur partenaire ou de leur conjoint, c’est seulement le cas de 51 % d’entre elles quand il s’agissait d’un ami ou d’une connaissance et de 22,4 % d’entre elles quand il s’agissait d’un inconnu. Pour les hommes en revanche, la proportion de consentement est du même ordre qu’il s’agisse de la/du conjoint ou d’une connaissance et il reste élevé (57,2 %) même lorsqu’elle est envoyée par un ou une inconnue.

    Quelle est l'ampleur des expériences préjudiciables en ligne ?

    L’enquête a permis de les quantifier. « Elles sont mesurées en agrégeant les différentes formes de harcèlement sexuel (réception de messages ou d’images intimes ou sexuelles non sollicités, diffusion à son insu d’images intimes). En 2023, 13,1 % des femmes et 12,8 % des hommes déclarent avoir vécu une expérience préjudiciable en ligne. Cette proportion atteint une femme sur trois et un homme sur quatre chez les moins de 30 ans. Ces expériences préjudiciables sont logiquement plus courantes chez les jeunes compte tenu de leur plus forte présence dans les espaces numériques, mais elles peuvent se produire à tout âge et elles concernent presque autant les hommes que les femmes après 30 ans.

    « La diffusion de ces nouvelles pratiques numériques au cours des vingt dernières années transforme peu à peu le cadre social des pratiques et des relations sexuelles. Ce constat est identique dans tous les pays qui ont mené des études sur le sujet, indiquent les auteurs-rices. Si ces expériences sont pour la plupart positives, elles peuvent aussi conduire à des situations préjudiciables et produire des effets délétères notamment en termes de santé mentale. D’un point de vue de la réduction des risques, il est nécessaire de développer des politiques d’éducation tout au long de la vie sur ces nouvelles formes d’échanges intimes, ainsi que des politiques de prise en charge des personnes confrontées aux violences sexuelles numériques qu’elles peuvent engendrer. »

    Qu'explique l'enquête sur les violences sexuelles ?

    En 2023, 29,8 % des femmes et 8,7 % des hommes de 18-69 ans déclarent avoir subi un rapport forcé ou une tentative de rapport forcé au cours de leur vie. Les déclarations de violences sexuelles ont sensiblement augmenté au fil du temps. L’augmentation est nette entre l’enquête de 2006 et celle de 2023 : 15,9 % des femmes de 18-69 ans déclaraient avoir subi un rapport forcé ou une tentative de rapport forcé en 2006 et ce chiffre atteint 29,8 % en 2023.
    Chez les hommes, les chiffres passent de 4,6 % en 2006 à 8,7 % en 2023. La hausse est particulièrement marquée chez les jeunes de 18-29 ans, passant de 16,5 % à 36,8 % pour les femmes et de 4,7 % à 12,4 % pour les hommes. « Nombre de ces violences sont survenues alors que la personne était mineure au moment des faits. Ces évolutions peuvent traduire à la fois une augmentation de la capacité à qualifier les faits de violence et une augmentation de la fréquence de tels événements, mais aussi une plus grande facilité à les évoquer dans le cadre d’une recherche », analysent les auteurs-rices. « La comparaison des indicateurs concernant la même génération entre deux enquêtes suggère un effet de déclaration, puisque 19,5 % des femmes âgées de 30 à 39 ans en 2006 ont déclaré des violences sexuelles, ce chiffre s’élevant à 26,8 % 17 ans plus tard, chez les femmes âgées de 47 à 56 ans en 2023. L’effet déclaratif ne suffit pas à rendre compte des évolutions et la définition même d’une violence sexuelle s’est modifiée au fil du temps. Rappelons par exemple que le viol conjugal n’est reconnu dans la loi que depuis 1992. Des actes autrefois considérés comme “normaux” peuvent ainsi désormais être qualifiés, à juste titre, de rapports forcés. »

    Quels sont les indicateurs d'activité sexuelle en baisse ?

    En 2023, 77,2 % des femmes et 81,6 % des hommes de 18-69 ans déclarent avoir eu une activité sexuelle avec un partenaire au cours de l’année. L’activité sexuelle dans les douze derniers mois ainsi que la fréquence des rapports dans les quatre dernières semaines ont diminué au fil du temps, pour les deux sexes et dans tous les groupes d’âge. En 1992, 86,4 % des femmes âgées de 18 à 69 ans avaient eu des rapports sexuels au cours de l’année écoulée ; cette proportion est passée à 82,9 % en 2006 et à 77,2 % en 2023. De même, le pourcentage d’hommes ayant eu des rapports sexuels au cours de l’année écoulée est passé de 92,1 % en 1992 à 89,1 % en 2006 et 81,6 % en 2023. La baisse est beaucoup moins marquée chez les personnes qui vivent en couple. Il reste que la très grande majorité de la population a eu une activité sexuelle dans l’année, y compris aux âges les plus avancés.
    Les femmes qui n’ont pas eu de rapports sexuels dans l’année écoulée déclarent majoritairement que cette situation leur convient, notamment les plus jeunes et les plus âgées. Les hommes déclarent moins fréquemment se satisfaire d’une telle situation, notamment les 40-59 ans.

    L’enquête montre également que, parmi les personnes de 18-69 ans ayant eu un rapport sexuel dans l’année, la fréquence de rapports dans les quatre dernières semaines a diminué de 8,1 en 1992 à 8,6 en 2006 et 6,0 en 2023 pour les femmes et de 9,0 en 1992 à 8,7 en 2006 et 6,7 en 2023 pour les hommes. Par ailleurs, la proportion de personnes de 18-69 ans ayant eu souvent ou parfois des rapports sexuels pour faire plaisir à leur partenaire sans en avoir vraiment envie elles-mêmes, a diminué depuis le milieu des années 2000 chez les femmes, passant de 50,9 % en 2006 à 43,7 % en 2023, alors qu’elle est restée stable chez les hommes (24,4 % en 2006 et 23,4 % en 2023). Ces tendances à la baisse, tant en ce qui concerne l’activité au cours des douze derniers mois que la fréquence des rapports sexuels au cours des 4 dernières semaines, se retrouvent également dans d’autres pays occidentaux, notamment au Royaume-Uni, en Allemagne et aux États-Unis.

    Le sexe, c'est jusqu'à quel âge ?

    En 2023, 56,6 % des femmes et 73,8 % des hommes restent actifs-ves sexuellement entre 50 et 89 ans. En 2023, 56,6 % des femmes et 73,8 % des hommes restent actifs-ves sexuellement après 50 ans. L’absence d’activité sexuelle dans les douze mois intervient plus tôt chez les femmes que les hommes. Une partie de ces différences s’explique par le fait d’être en couple au moment de l’enquête : chez les personnes en couple 77,2 % des femmes et 84,9 % des hommes ont eu une activité sexuelle dans les 12 mois. Par ailleurs, la différence entre hommes et femmes est moins marquée lorsque l’on tient compte de la satisfaction qui décline avec l’âge et plus rapidement chez les hommes que chez les femmes.

    Alors... c'était comment ?

    En 2023, 45,3 % des femmes et 39,0 % des hommes se déclarent très satisfaits-es de leur vie sexuelle actuelle. « La proportion des personnes se déclarant très satisfaites de leur vie sexuelle actuelle est restée relativement stable au fil du temps. Pour les femmes, la proportion s’établit à 47,0 % en 1992, 43,6 % en 2006 et 45,3 % en 2023. La satisfaction sexuelle des hommes a, elle, diminué, passant de 45,0 % en 1992 à 35,1 % en 2006, pour remonter à 39,0 % en 2023. La satisfaction sexuelle est plus élevée aujourd’hui, à tous les âges, qu’elle ne l’était en 2006 pour les deux sexes sauf entre 30 et 39 ans pour les femmes et après 60 ans pour les hommes », indique l’enquête.

    Que disent les chiffres sur les risques liés aux IST ?

    En 2023, 75,2 % des femmes et 84,5 % des hommes utilisaient un préservatif lors de leur premier rapport sexuel. L’enquête fait le constat d’une « baisse de la prévention en début de vie sexuelle ». Les résultats de l’enquête CSF-2023 montrent une forte augmentation de l’utilisation d’un moyen de contraception lors du premier rapport sexuel entre le début des années 1960 et le milieu des années 2000, passant de 31,8 % pour les femmes et 23,1 % pour les hommes en 1959-1963, avant la légalisation de la contraception en 1967, à 98,3 % pour les femmes et 97,1 % pour les hommes en 2004-2006. Après avoir atteint son maximum, l’utilisation de contraceptifs lors du premier rapport sexuel a diminué pour atteindre 87,2 % chez les femmes et 92,3 % chez les hommes qui ont commencé à avoir des rapports sexuels entre 2019 et 2023.
    « Des tendances similaires sont observées pour l’usage du préservatif lors du premier rapport sexuel, bien qu’il ait augmenté de manière plus frappante au cours des années 1980 et 1990, lorsque des campagnes de prévention ont été déployées pour lutter contre la propagation de l’infection à VIH. Le pourcentage d’usage du préservatif lors du premier rapport sexuel a ensuite diminué pour atteindre 75,2 % chez les femmes et 84,5 % chez les hommes au cours de la période la plus récente. Le recul de l’âge médian au premier rapport sexuel observé dans les années les plus récentes ne coïncide donc pas avec une plus grande protection des premiers rapports sexuels », expliquent les auteurs-rices. Ils-elles affirment que la « baisse récente de la prévention au premier rapport, qui pourrait contribuer à l’augmentation des taux d’IST signalée depuis le début des années 2000, interroge les politiques de prévention actuelles.»
    En 2023, 49,4 % des femmes et 52,6 % des hommes utilisent un préservatif lors de leur premier rapport sexuel avec un-e partenaire rencontré-e dans les derniers douze mois. En 2023, 49,4 % des femmes et 52,6 % des hommes indiquent utiliser un préservatif au premier rapport avec un-e partenaire rencontré dans les douze derniers mois. L’utilisation décline au-delà de 60 ans, ou seuls 25,0 % des hommes rapportent l’utilisation de préservatif avec un nouveau partenaire et 0 % de femmes (mais seules 19 ont un nouveau partenaire parmi les 69-89 ans).

    "Pluralité sexuelle et de genre... et santé"

    Les personnes ayant eu des rapports sexuels avec des personnes de même genre et les personnes qui ont pensé à changer de genre sont exposées à des risques liés à la sexualité plus élevés, en particulier les violences sexuelles, qui contribuent à la dégradation de leur état de santé mentale. Parmi les personnes ayant déjà eu des partenaires de même genre, seule la moitié (56,1 % des femmes et 50,6 % des hommes) déclarent avoir utilisé un préservatif lors du premier rapport sexuel avec un nouveau partenaire rencontré dans l’année.
    De plus, ces personnes présentent une prévalence d’IST plus élevée que la population générale, atteignant 1,4 % pour les femmes et 2,4 % pour les hommes de 18-59 ans. Les déclarations de violences sexuelles (rapports forcés ou des tentatives de rapports forcés) sont très élevées parmi les personnes ayant déclaré des partenaires de même genre : 53,1 % des femmes et 29,5 % des hommes. Ces expériences expliquent en partie la dégradation de leur état de santé mentale par rapport aux personnes hétérosexuelles (35,9 % des femmes de 18-89 ans ayant déclaré des partenaires de même sexe ont un indicateur de santé mentale associé à une dépression modérée ou sévère, contre 21,0% pour les femmes ayant déclaré uniquement des partenaires hommes. Les tendances sont les mêmes pour les hommes (23,4 % contre 13,1 %). Les personnes ayant pensé à changer de genre ont également été victimes de violences sexuelles dans des proportions beaucoup plus importantes que les personnes qui n’y ont jamais pensé (43,1 % contre 17,2 %). Elles rapportent beaucoup plus souvent un état de santé mentale associé à une dépression modérée ou sévère (43,7 % contre 17,8 %).
    Source :
    Contexte des sexualités en France.
    Premiers résultats de l’enquête CSF-2023 Inserm-ANRS-MIE 13 novembre 202.

     

    VHB, HPV : une couverture vaccinale insuffisante

    En 2023, 63,5  % des femmes et 52,9  % des hommes de 15-29 ans sont vaccinés contre l’hépatite B, tandis que 50,6  % des femmes et 20,2  % des hommes du même âge sont vaccinés contre les papillomavirus (HPV). En 2023, la couverture vaccinale contre les infections sexuellement transmissibles reste insuffisante, bien qu’elle progresse significativement chez les jeunes générations. Les hommes sont particulièrement moins vaccinés et moins bien informés de leur statut vaccinal que les femmes. La couverture vaccinale contre l’hépatite B atteint 63,5 % pour les femmes de 15-29 ans contre 52,9 % des hommes du même âge, sans compter les personnes ne connaissant pas leur statut vaccinal qui ont pu avoir été vaccinées. La couverture vaccinale chute de manière significative à partir de 50 ans, où moins de la moitié de la population est vaccinée contre l’hépatite B.
    Concernant les papillomavirus (HPV), la couverture progresse également chez les jeunes, atteignant 61,3 % chez les jeunes femmes de 15-19 ans et 32,9 % des jeunes hommes du même âge. Toutefois, 16,8 % des jeunes hommes ne connaissent pas leur statut vaccinal et ont pu avoir été vaccinés. Et les experts-es de commenter : « Ces estimations sont en deçà des objectifs de la stratégie française de lutte contre le cancer lié au papillomavirus 2021-2030 qui préconise une couverture vaccinale contre le HPV de 80 %. La couverture en France reste également en deçà du niveau atteint dans nombre des pays européens, en dépit de progrès récents, appelant à poursuivre les campagnes nationales d’information et la vaccination en milieu scolaire, qui s’avère la stratégie la plus efficace pour atteindre les adolescents-es. »

    La prévalence des infections sexuellement transmissibles en population générale

    En 2023, la prévalence de l’infection à Chlamydia est de 2,2 % chez les femmes de 18 à 29 ans et 1,9 % chez les hommes du même âge. En 2023, la prévalence des infections à Chlamydia de 0,93 % chez les femmes ayant déjà eu un rapport sexuel et de 0,58 % chez les hommes. Ces prévalences sont comparables aux estimations de 2006 pour les femmes, mais en légère diminution (non significative) pour les hommes (0,9 % versus 1,6 % chez les 18-44 ans pour qui les données sont comparables). Au regard de la politique de dépistage systématique proposée aux moins de 26 ans, on note une prévalence faible chez les plus jeunes 18-25 ans (1,5 % pour les femmes et 1,6 %), tandis que la prévalence augmente substantiellement dans la tranche d’âge de 26-29 ans qui échappe au dépistage (7,9 % pour les femmes et 4,4 % pour les hommes).
    Les personnes ayant plus d’un-e partenaire dans les douze derniers mois ont un risque plus élevé que celles ne déclarant qu’un-e seul-e partenaire (1,5 % pour les femmes et 2,9 % pour les hommes de 18-59 ans). Une seule infection par gonorrhée a été détectée tandis que la prévalence des infections à mycoplasme génital a été estimée à 3,1 % et 1,3 % respectivement chez les femmes et les hommes de 18-59 ans, soit des prévalences comparables à celles observées dans d’autres pays européens. Les données tendent à « montrer que ces augmentations |d’IST] ne concernent que des populations très exposées et non l’ensemble de la population », indiquent les auteurs-rices.
     

    Enquête CSF-2023 : quelques points de méthodologie

    Des données collectées auprès de 31 518 personnes
    La sélection des personnes a reposé sur la génération de numéros de téléphone aléatoires (80 % de téléphones portables, 20 % de téléphones fixes) suivie de la sélection d’une personne éligible (15-89 ans) par numéro. Au total, 21 259 personnes résidant en France hexagonale et 10 259 personnes résidant dans les territoires ultramarins ont participé volontairement à la recherche. Parmi elles, 17 135 adultes (12 906 en hexagone et 4 229 en Outre-mer) ont participé au questionnaire en ligne et 5 735 répondants-es âgés-es de 18 à 59 ans ont participé au volet sur les IST (4 872 en hexagone et 863 en Outre-mer). La collecte des données a démarré en novembre 2022 et s’est achevée en décembre 2023. Les entretiens ont été réalisés par 133 enquêteurs et enquêtrices de l’institut Ipsos, formés par l’équipe de recherche et les responsables de terrain de l’institut. Au total, les entretiens représentent 65 000 heures de travail.

    Un entrée sur le dépistage des IST par auto-prélèvement
    Un dépistage des principales infections bactériennes sexuellement transmissibles (Chlamydia, gonorrhées et mycoplasme génital) a été proposé à toutes les personnes de 18 à 59 ans ayant déjà eu un rapport sexuel, ainsi qu’un dépistage des papillomavirus (HPV) aux 18-29 ans. L’objectif était d’estimer la prévalence des infections les plus fréquentes tout en évaluant la stratégie de vaccination HPV chez les plus jeunes. Les personnes acceptant de participer recevaient un kit d’auto-prélèvement à domicile à renvoyer par courrier au centre national de référence (CNR) des IST bactériennes qui réalisait les analyses pour les trois IST bactériennes et leur communiquait les résultats. Les prélèvements des 18-29 ans étaient ensuite envoyés au CNR des papillomavirus pour l’analyse des HPV.

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