L’Actu vue par Remaides : « Rapport de l’OFDT : une forte adhésion aux mesures de réduction des risques »
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- 05.08.2025
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Par Jean-François Laforgerie
Rapport de l'OFDT : une forte adhésion
aux mesure de réduction des risques
L’OFDT (Observatoire français des drogues et des tendances addictives) a publié en juillet des données relatives aux opinions et représentations des Français-ses sur les drogues. L’édition 2023 de l’Enquête sur les représentations, opinions et perceptions sur les psychotropes (EROPP) réalisée par l’OFDT depuis 1999 met en lumière les évolutions du regard porté par les Français-es sur les drogues. La dangerosité perçue se redéfinit désormais selon les habitudes d’usages et non plus uniquement selon le statut légal du produit. Voici quelques infos clefs.
Le tabac est jugé plus dangereux en 2023 qu’en 1999
Le tabac et l’alcool sont désormais plus souvent perçus comme dangereux, y compris à faible dose. Concernant le tabac, la part des Français-es considérant que son usage est dangereux dès l’expérimentation a augmenté (de 22 % en 1999 à 27 % en 2023), de même que le fait de considérer son usage dangereux à partir d’une consommation occasionnelle (1 % en 1999 à 17 % en 2023). Concernant l’alcool, la part des Français-es considérant que son usage n’est dangereux qu’à partir d’une consommation quotidienne a diminué (de 84 % en 1999 à 71 % en 2023).
La dangerosité perçue du cannabis diminue
Entre 1999 et 2018, le sentiment d’être bien informé-e sur les drogues progressait, il recule désormais en 2023, en particulier chez les femmes (passant de 71 % à 68 % chez les hommes et de 65 % à 58 % chez les femmes). Par contraste avec le tabac et l’alcool, la dangerosité perçue du cannabis diminue sensiblement, passant de 54 % en 1999 des Français-es qui le considèrent dangereux dès l’expérimentation, contre 38 % en 2023, note l’OFDT. En dix ans, la part des Français-es citant spontanément la cocaïne parmi les drogues dont ils-elles connaissent l’existence a augmenté substantiellement, passant de 64 % en 2012 à 74 % en 2023.
La dangerosité perçue de la cocaïne diminue
Les représentations concernant la cocaïne sont très différentes chez les Français-es qui ont en déjà consommé eux-elles-mêmes par rapport aux personnes qui n’en ont jamais consommé. Notamment, les Français-es en ayant déjà consommé sont 74 % (contre 22 % pour les non-expérimentateurs-rices) à considérer que la cocaïne aide à « s’amuser et à faire la fête », près de la moitié (44 % contre 14 %) que c’est un « moyen d’améliorer ses performances » et près d’un quart qu’il est « possible de vivre normalement en consommant de la cocaïne » (24 % contre 6 %).
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Une forte adhésion aux mesures de réduction des risques
Bonne surprise. Concernant les politiques publiques, les Français-es expriment toujours une adhésion aux dispositifs de réduction des risques, notamment les Haltes Soins Addictions (HSA, ex-salles de consommations à moindre risque). Ils-elles sont 73 % à soutenir leur déploiement, bien que seuls-es 20 % en accepteraient une dans leur propre quartier. Le soutien à des mesures éducatives (rappel à la loi, stages) reste élevé (81 % et 67 % respectivement), mais les opinions sur la réponse pénale se durcissent : 35 % des Français-es considèrent désormais que la peine de prison est une « bonne chose » pour les personnes usagères de cannabis, contre 23 % en 2018.
Par ailleurs, l’OFDT a publié pour 2025, un numéro spécial de Tendances qui donne les chiffrées clés en matière de drogue et d’addictions. Cette publication rassemble les chiffres les plus récents pour « quantifier et décrire l'usage de substances psychoactives (drogues et médicaments psychotropes) et les addictions ». Ce document s'appuie sur les travaux de l’OFDT et ceux d’autres organismes producteurs de données. En voici quelques-unes.
Combien de personnes usagères et pour quels produits ?
Ces chiffres sont des estimations des personnes usagères de produits psychoactifs parmi les personnes âgées de 11 à 75 ans en France en 2023.
Alcool :
47 millions de personnes considérées comme expérimentatrices, dont 40 millions d’usagers-ères dans l’année, dont 8 millions d’usagers-ères réguliers-ères, dont 3,3 millions d’usagers-ères quotidiens-nes.
Tabac :
37 millions de personnes considérées comme expérimentatrices, dont 15 millions d’usagers-ères dans l’année, dont 11 millions d’usagers-ères quotidiens-nes.
Cannabis :
21 millions de personnes considérées comme expérimentatrices, dont 5 millions d’usagers-ères dans l’année, dont 1,4 million d’usagers-ères réguliers-ères, dont 900 000 usagers-ères quotidiens-nes.
Cocaïne :
3,7 millions de personnes considérées comme expérimentatrices, dont 1,1 million d’usagers-ères dans l’année.
Ecstasy/MDMA :
3,2 millions de personnes considérées comme expérimentatrices, dont 750 000 usagers-ères dans l’année.
Héroïne :
850 000 personnes considérées comme expérimentatrices.
L’expérimentation est définie comme au moins un usage au cours de la vie. Cet indicateur sert principalement à mesure la diffusion d’un produit dans la population. Un usage dans l’année est défini comme au moins un usage au cours des douze derniers mois. Un usage régulier est défini pour l’alcool comme au moins trois consommations d’alcool dans la semaine et pour le cannabis comme au moins dix consommations au cours du mois.
Combien de décès directs sont liés à l’usage de substances licites (tabac, alcool) ou illicites ou de médicaments opioïdes ?
- 638 décès liés à l’usage abusif (médicaments et substances illicites) ;
- 136 décès liés à l’usage d’antalgiques opioïdes.
Estimation du côté social :
-156 milliards d’euros pour le tabac ;
-102 milliards pour l’alcool ;
-7,7 milliards pour les drogues illicites.
Comment s’organise la prise en charge médico-sociale ?
Il existe en France quelque 500 Csapa (centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie) qui suivaient, en 2019, 314 000 personnes usagères.
On compte environ 150 Caarud (centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues). En 2019, environ 92500 personnes usagères y étaient suivies.
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