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    L’actu vue par REMAIDES : "Prévention, prise en charge, mesures sociales : le VIH et les ALD aussi"

    • Actualité
    • 18.03.2024

    franchises médicales

    © Studio Capuche

    Par Jean-François Laforgerie et Fred Lebreton 

    Prévention, prise en charge, mesures sociales : le VIH et les ALD aussi

    Les franchises médicales qui ont augmenté en mars ; Sidaction 2024 – 22, 23 et 24 mars 2024 ; Élections européennes : France Assos Santé fait sa campagne ; Des coupes budgétaires ; Les personnes vivant avec le VIH qui ont guéri de l’hépatite C qui continuent d’afficher des taux de réinfection faibles ; la prévention et traitement des maladies cardiovasculaires et du cancer chez les personnes séropositives qui vieillissent, etc. Les informations concernant la prise en charge des PVVIH ou qui ont un impact social sur elles n’ont pas manqué. Ainsi, il y a des nouveautés sur le numérique en santé, les dépassements d’honoraires, etc. La rédaction de Remaides fait le point.

    Les franchises médicales augmentent en mars

    Les franchises médicales passent au 31 mars de 50 centimes à un euro par boîte de médicaments et certains actes (kiné, radio, examen biologique) aussi, cela dans la limite d’un plafond journalier passant de deux à quatre euros. Elles passent de deux à quatre euros pour les transports sanitaires avec un plafond journalier de quatre à huit euros. L’ensemble des franchises resteront limitées à 50 euros par an, comme auparavant. Les personnes en ALD n’en sont pas exonérées, mais les mineurs-es, les femmes enceintes à partir du sixième mois de grossesse, les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (CSS) et de l’AME (jusqu’à quand ?) si. De plus, un second décret devrait être pris (probablement en juin) concernant les participations forfaitaires sur les consultations dont le montant est actuellement d’un euro par consultation. Il pourrait passer — les discussions sont en cours — à deux, voire trois euros ; là-encore à concurrence de 50 euros par an et par personne. Cela signifie, a minima, que toute personne (non exonérée) devra s’acquitter (au plus haut) de 50 euros de franchises médicales auxquels s’ajoutent 50 euros de participations forfaitaires. Ces mesures passent mal dans l’opinion publique, d’autant qu’une partie de la société civile s’est clairement opposée à ces hausses. Ainsi, AIDES dans un message sur X (ex Twitter), le 19 février, réagissait à l’augmentation des franchises médicales : « Ou comment faire des économies au détriment de l'accès aux soins pour tous-tes  La hausse des franchises médicales est une mesure punitive qui va sévèrement impacter les personnes malades et en situation de handicap, qui n'ont d'autres choix que de se soigner, et les plus précaires ». Il semble qu’au sein même du gouvernement, on éprouve des difficultés à justifier cette mesure. Le Canard enchaîné (14 février) fait ainsi état des propos du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, lors du dernier séminaire gouvernemental sur les finances publiques : « Chez moi, à Tourcoing [le ministre est député du coin, ndlr], je ne sais pas comment expliquer les 20 milliards d'euros de profit réalisés par Total quand on double les franchises sur les boîtes de médicaments ».

    Sidaction 2024 les 22, 23 et 24 mars 2024

    Le week-end du Sidaction 2024 aura lieu les 22, 23 et 24 mars prochains. Sidaction et ses 35 médias partenaires se mobilisent pour trois jours de sensibilisation et de collecte auprès du grand public. Trente ans après la création de l’association, Sidaction rappelle la nécessité de ne pas arrêter le combat contre le virus du sida. « Depuis trente ans, nous n’avons pas arrêté de nous battre. Plusieurs générations se sont mobilisées pour lutter contre le VIH. Trente ans après le premier Sidaction, nous nous devons d’honorer ces efforts et de poursuivre le combat. Nous ne pouvons pas nous arrêter maintenant. Le combat ne s’arrêtera pas tant que le VIH/sida sera là », explique le communiqué de l’association. Parce que 630 000 personnes sont mortes de maladies liées au sida dans le monde et qu’une personne sur quatre n’a pas accès aux traitements, la recherche doit encore se poursuivre, vers un vaccin et vers un traitement permettant de contrôler définitivement le virus, avance Sidaction. Et l’association d’ajouter : « Aujourd’hui encore, vivre avec le VIH demeure une réalité très stigmatisante pour les personnes nouvellement contaminées ou vivant avec le virus depuis plus longtemps. En 2023, un tiers des Français serait mal à l’aise à l’idée de partir en vacances avec une personne séropositive ou de travailler avec une personne vivant avec le VIH (pour le quart d’entre eux) ». À l’occasion de ce trentième anniversaire, Mylène Farmer prête sa voix au spot de campagne sur une musique de Woodkid. « Sidaction est fière et honorée de collaborer avec ces deux artistes engagés dans la lutte contre le sida ». « Trente ans après la fondation de Sidaction, nous ne pouvons pas arrêter le combat maintenant. Pour y parvenir, il est primordial de continuer de financer la recherche et de lutter ensemble pour toutes les personnes concernées par le VIH ».

    Pour soutenir Sidaction :

    • 📞 Par téléphone : en appelant le 110 (numéro d’appel gratuit) ;
    • 🖥️ Par Internet : www.sidaction.org ;
    • ✉️​ Par courrier : Sidaction – 228, rue du Faubourg Saint-Martin 75010 Paris ;
    • 📱 Par SMS : pour faire un don de 10€, envoyez le mot « DON » au 92 110 (Don prélevé sur votre facture opérateur. Disponible uniquement en France Métropolitaine pour les abonnés Bouygues Télécom, Orange, SFR, Free et EI Telecom. Coût du SMS gratuit).

    Elections européennes : France Assos Santé fait sa campagne 

    C’est au moyen d’un manifeste que France Assos Santé (FAS) lance un appel « aux futurs parlementaires européens pour faire de la santé leur priorité ». Démocratie en santé, pénuries de médicaments, défaillances des politiques de santé publique, les sujets d’interpellation des candidates têtes de liste aux européennes de juin prochain ne manquent pas, estime le collectif qui a décidé de de se mobiliser à « quatre mois du scrutin ». Le manifeste, intitulé Vivre en meilleure santé : ce que l’Europe peut changer, a déjà été adressé aux candidats-es têtes de liste. L’envoi est « assorti d’une invitation à préciser ce qu’ils-elles comptent faire sur les dossiers santé lorsqu’ils seront élus-es au Parlement européen, afin de contribuer au débat démocratique et éclairer les électeurs-rices dans leur choix ».

    « La pandémie de la Covid-19 a été un accélérateur en termes de coopération entre les « 27 », à l’image de l’achat en commun de vaccins anti-Covid au plus fort de la crise sanitaire. De l’exception à la norme, le mouvement s’est poursuivi, comme en témoignent le transfert au niveau de l’Union européenne, à compter de 2025, d’une partie du travail d’évaluation du service médical rendu des médicaments, en particulier des traitements oncologiques, et, bientôt aussi, la gestion des pénuries de médicaments les plus critiques. Ces avancées cachent toutefois des atermoiements, voire des reculades inquiétantes. Alors que l’Europe de la santé voit ses missions s’étendre, le budget de 5,3 milliards d’euros dévolu à la santé pour la période 2021-2027 a été récemment amputé d’un milliard d’euros, soit 21 % de l’enveloppe totale. La centaine d’associations d’usagers, de patients, de professionnels de santé, de consommateurs et d’organisations non gouvernementales présentes au niveau européen pourrait faire les frais de cette coupe drastique », dénonce FAS. « En matière de santé publique, le tableau est tout aussi sombre : les lobbys de l’industrie agro-alimentaire et de l’industrie pharmaceutique font actuellement obstacle à l’adoption de mesures proposées de longue date et dont l’importance pour notre santé n’est pas contestée », soutient le collectif. « Tous ces points, et bien d’autres, comme la participation systématique des usagers à l’élaboration de toutes les politiques en lien avec la santé, le financement pérenne des associations de patients et d’usagers, la lutte contre les pénuries de médicaments, la question de la durée de protection du marché des médicaments, qui influe sur le prix des médicaments, ou encore un accès équitable au numérique, figurent dans notre manifeste », indique France Assos Santé. Bien que ciblant d’abord les partis politiques, ce document s’adresse aussi aux patients-es et usagers-ères du système de santé. « Au vu des défis qui se présentent pour les prochaines années, il est essentiel que chacun se mobilise pour donner aux futurs parlementaires le pouvoir de faire respecter les engagements sans cesse repoussés, et de faire passer les enjeux de santé publique devant les intérêts économiques. Ce choix dépend de vous », rappelle France Assos Santé, qui s’engage à rendre publiques les réponses de chacun-es des candidats-es têtes de liste.

    "Les Jeux Olympiques et Paralympiques : un confinement social pour les travailleuses du sexe"

    Act Up-Paris fait état (6 mars) de la sortie du rapport « Les Jeux Olympiques et Paralympiques : un confinement social pour les travailleuses du sexe ». Ce document a été écrit « par différentes associations et collectifs de travailleuses du sexe ou de leurs soutiens » et par le collectif luttant contre les JOP (Jeux olympiques et paralympiques) Saccage 2024. Le rapport entend « alerter sur la répression subie par les travailleuses du sexe à l’approche » de l’événement Paris 2024. Pourquoi un tel rapport ? « À l’approche des JOP, les clichés et amalgames sur le travail sexuel et les grands évènements sportifs prennent de l’ampleur dans les médias et les discours politiques. Le mythe de la hausse de la prostitution est martelé pour servir un agenda de répression des travailleuses du sexe, en allant à l’encontre de leurs droits les plus fondamentaux », explique l’article d’Act Up-Paris. Une partie du rapport analyse le « mythe de l’augmentation de la prostitution et son origine et montre en quoi celle-ci est totalement erronée et se fond principalement sur des associations abolitionnistes et des politiques réactionnaires ». La deuxième partie « établit un état des lieux précis de la situation actuelle de la répression que subissent les travailleuses du sexe à Paris », du fait de la tenue de Paris 2024. La troisième partie propose des « pistes à suivre pour sortir des politiques publiques du « tout répressif » et mettre en place une vrai politique d’aide et d’accompagnement des travailleuses du sexe, fondée sur leurs besoins et leur réalité et non des mythes, qui ont la vie dure ». Ce rapport sera lancé « officiellement » lors d’une soirée, organisée le 15 mars 2024 à la Gare expérimentale (18, boulevard Sérurier. 75019 Paris), de 19h à 22h. Cet événement proposera également des tables rondes avec Les Roses d’Acier, Acceptess-T et Le Revers de la Médaille.

    Les PVVIH qui ont guéri de l'hépatite C continuent d'afficher des taux de réinfection faibles

    Afin d’étudier l’enjeu de la réinfection par le VHC chez les personnes vivant avec le VIH (PVVIH), une équipe de scientifiques de six pays — Australie, Canada, France, Pays-Bas, Espagne et Suisse — a regroupé les données de cliniques et d’hôpitaux offrant des soins aux personnes co-infectées par le VIH et le VHC. Les chercheurs-ses se sont concentrés sur 6 144 personnes séropositives au VIH qui avaient guéri du VHC, soit en suivant un traitement par antiviraux à action directe (AAD) (69 %), soit à la suite d’une guérison spontanée du VHC (31 %). L’étude a porté sur la période s’écoulant de janvier 2010 à décembre 2019. Le moyenne d’âge des participants-es était de 49 ans ; 81 % d’hommes, 19 % de femmes avec un nombre moyen de CD4 de 580 CD4/ mm3 ; 81 % avaient une charge virale indétectable ; 46 % étaient des HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes) ; 38 % étaient des personnes injectrices ; 5 % étaient des HSH et injecteurs. Dans un article, le site d’infos sur le VIH et les hépatites virales Catie explique qu’avant « l’arrivée des AAD (vers 2014), les taux de réinfection par le VHC étaient relativement stables ». Entre 2015 et 2019, l’accès aux AAD était effectif dans les pays participant à l’étude. « Durant cette période, le taux d’infection combiné (chiffre reflétant le nombre de premières infections et de réinfections par le VHC) a baissé de 34 % ». Et les chercheurs-ses d’expliquer : « L’incidence de la réinfection par le VHC et l’incidence combinée ont diminué chez les personnes séropositives à la suite de l’introduction des AAD, ce qui laisse croire que la réinfection n’a pas nui [aux efforts visant l’élimination du VHC] chez les personnes séropositives [dans les pays étudiés] ». Dans l’ensemble, l’équipe de recherche a trouvé ses résultats rassurants, indique Catie. « Si les progrès constatés dans cette étude se maintiennent, le VHC est en bonne voie d’être éliminé d’ici 2030 dans des populations importantes, dont les personnes atteintes du VIH et du VHC qui guérissent de ce dernier (…). Il reste beaucoup de travail à faire pour s’assurer que toutes les personnes atteintes du VHC et toutes celles qui en guérissent continuent d’avoir accès au dépistage du VHC et aux services de traitement, de réduction des méfaits et à d’autres services nécessaires au maintien d’une bonne santé ».

    Journée mondiale de l'obésité, le message de SOS hépatites & maladies du foie

    Le 4 mars dernier s’est tenue la Journée mondiale de l’obésité. Un événement que l’association SOS hépatites & maladies du foie a rejoint. Dans un communiqué, l’association s’en explique. Alors pourquoi ? « C’est parce que les maladies métaboliques du foie sont en passe de devenir la première cause de maladies du foie les plus graves en France, entraînant la cirrhose et le cancer du foie (…) L’obésité est une maladie systémique, c’est-à-dire qu’elle touche plusieurs organes. Ses complications (risques cardio-vasculaires, diabète, troubles musculo-squelettiques, dyslipidémie, cancers plus fréquents, dépression, stigmatisation, etc.) imposent la coordination en réseau de divers professionnels de santé et un travail à l’échelle sociétale », explique l’association, qui, dans son communiqué, rappelle qu’en France métropolitaine, « 8,5 millions de personnes sont en situation d’obésité (…) Tous facteurs de risques confondus, 800 000 personnes ont de la graisse dans leur foie et ne la supportent pas. Elles vont donc avoir une fibrose qui risque de les emmener progressivement vers une cirrhose, 220 000 sont déjà à un stade de fibrose avancée (…) L’atteinte hépatique n’est pas au premier plan, mais c’est un véritable « mouchard » de difficultés de santé. Tous les voyants sont aux rouges, le cap du un milliard de personnes en situation d’obésité sur la planète est franchi selon l’OMS (…) » qui partage les chiffres de l’étude récemment publiée dans The Lancet. « Aujourd’hui, on attend avec impatience l’arrivée de nouveaux médicaments, mais ils ne resteront que des outils et aucunement une solution à l’épidémie de l’obésité : « dépistage et prévention restent des éléments clés et cela dès 2024 », explique SOS hépatites & maladies du foie, qui constate, en France, « l’augmentation des cas de cirrhose ou de cancer sur la maladie métabolique du foie, nommée plus couramment la maladie du foie gras ». C’est dans ce contexte que l’association agit aussi « contre cette épidémie d’obésité » et met en place « différentes actions, dont la principale est le mois « Juin sans sucres ajoutés » un défi individuel, pour une expérience et des bénéfices collectifs. L’idée de ce mois sans sucres ajoutés est de prendre conscience de la quantité de sucre que l’on consomme chaque jour et d’essayer de réduire les aliments sucrés (…) sans oublier l’activité physique, sans contraintes inutiles et toujours dans la bonne humeur ».

    ➡️ Découvrez l’expérimentation Juin sans sucres ajoutés 2023

    Quel déploiement du programme national de dépistage organisé du cancer du col de l'utérus en France en 2022 ?

    Tous les ans, en France, le cancer du col de l’utérus touche près de 3 000 nouvelles femmes et provoque 1 100 décès. Cela, alors même que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué que ce type de cancer pouvait être éradiqué grâce au dépistage et à la vaccination contre le papillomavirus humain (HPV). Depuis 2018, le dépistage du cancer du col de l’utérus en France repose sur le Programme national de dépistage organisé du cancer du col de l’utérus (PNDOCCU), rappelle une communication de Santé publique France dans un numéro récent du BEH. L’article concerne un travail scientifique dont l’objectif était « d’observer les pratiques de dépistage après la mise en place du PNDOCCU » et « l’intégration du test HPV dans le dépistage en 2020 (pour les femmes âgées de 30 à 65 ans) à partir de données de vie réelle ». En 2022, le Programme national de dépistage organisé du cancer du col de l’utérus était à un stade de déploiement inégal selon les régions, pouvant s’expliquer en partie par des retards de mises en place causés par la pandémie de Covid-19, commente l’article du BEH. En 2022, 4,77 millions de tests ont été effectués dont 530 871 suite à une invitation. Le test HPV représentait 72 % des actes de dépistage chez les femmes âgées de 30 à 65 ans. La proportion de tests sur invitation était de 11,1 % : 10,3 % chez les 25-29 ans, 9,6 % chez les 30-39 ans, 10 % chez les 40-49 ans, 12,4 % chez les 50-59 ans et 15,8 % chez les 60-65 ans. La couverture diminue significativement avec l’âge à partir de 50 ans, pour atteindre 44,4 % à 60-65 ans. Les disparités géographiques étaient également marquées, avec des taux allant de 16,7 % (Mayotte) à 69 % (Bas-Rhin). Les taux de couverture les plus faibles (< 50 %) se retrouvaient en Seine-Saint-Denis ainsi que dans les DROM (départements et régions d’outre-mer), à l’exception de La Réunion. Environ 4,5 millions de tests de dépistage sont réalisés annuellement. En 2017, avant le déploiement du PNDOCCU, 4,729 millions de tests ont été réalisés pour 4,377 millions de femmes âgées entre 25 et 65 ans. En 2022, 4,768 millions de tests ont été réalisés pour 3,927 millions de femmes âgées entre 25 et 65 ans. En 2020, par rapport à 2019, le nombre total de tests et le nombre de femmes ayant eu au moins un test avaient diminué respectivement de 6,4 % et de 10,2 %, diminution partiellement compensée par une augmentation en 2021. En 2022, 3,160 millions de tests HPV avaient été réalisés, soit une augmentation de la proportion de 4 % en 2018 à 66,3 % en 2022 (2019 : 4,4 %, 2020 : 26,8 %, 2021 : 61,2 %). Chez les femmes de 30-65 ans, cette proportion était de 72,4 %. Et les auteurs-rices de l’étude de conclure : « Le programme de dépistage organisé du cancer du col de l’utérus est en cours de déploiement au niveau national, les données du Système national des données de santé montrent une évolution rapide des pratiques pour tendre vers les recommandations en vigueur. Cependant des disparités entre régions peuvent être dues pour partie à la pandémie de Covid-19 en 2020. D’autres explorations restent à mener concernant les parcours de dépistage : profil des femmes, rôle des invitations sur la participation à long terme. »

    ➡️ Plus d’infos

    Prévention et traitement des maladies cardiovasculaires et du cancer chez les PVVIH qui vieillissent 

    Un meilleur accès aux ARV (principalement au Nord), une meilleure efficacité des traitements ont depuis des années permis une baisse spectaculaire de la mortalité liée aux complications du VIH. De fait, une majorité de cliniciens-nes prévoient de plus en plus que de nombreuses personnes sous ARV vivront jusqu’à un âge très avancé. Pour autant, note un récent article du site d’infos sur le VIH Catie, « certaines personnes séropositives continueront de mourir prématurément ».

    Afin de comprendre quelles étaient les causes de ces décès, une équipe de recherche suisse a effectué une analyse de données se rapportant à 1 630 personnes décédées entre 2005 et 2022. Les chercheurs-ses ont constaté que le « nombre de décès attribuables au VIH et à des causes hépatiques avait baissé au cours de la période à l’étude. En revanche, les décès liés à d’autres causes, telles que le cancer et les maladies cardiovasculaires, sont devenus plus nombreux ». L’équipe de recherche a travaillé sur les données concernant 1 630 personnes séropositives décédées ; à la naissance, le sexe masculin avait été assigné à 76 % d’entre elles, et le sexe féminin à 24 % d’entre elles, indique Catie. Au cours de la période étudiée, l’âge auquel les décès sont survenus a augmenté, passant de 45 ans entre 2005 et 2007 à 61 ans entre 2020 et 2022. Chez les personnes qui s’injectaient des drogues, la proportion de décès est passée de 46 % entre 2005 et 2007 à 23 % entre 2020 et 2022. En revanche, la proportion de décès est passée de 23 % entre 2005 et 2007 à 39 % entre 2020 et 2022 chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes. Dans l’ensemble, 9 % des décès étaient attribuables au VIH. Au début de la période à l’étude, les taux de mortalité liés aux infections (42 %) et aux cancers (44 %) associés au VIH étaient plus élevés, mais ils ont baissé ensuite pour se situer à 20 % à la fin de la période à l’étude, souligne Catie. Dans la période de 2020 à 2022, dix personnes sont décédées de causes liées au VIH. Dans la plupart des cas (huit), il s’agissait de complications d’un lymphome. Ces huit personnes suivaient toutes un traitement ARV dans le dernier mois de leur vie, la non-observance thérapeutique n’était pas un facteur. Au cours de la période de l’étude, 166 personnes (10,2 %) sont décédées de complications de l’infection chronique au VHC. Huit autres personnes ont succombé à un cancer du foie lié à l’infection au VHB. En tout, 373 personnes (23 %) sont décédées de cancers sans lien avec le VIH ou liés à une infection chronique (VHB ou VHC). Le risque de mourir de cancers non liés au VIH ou du cancer du foie a augmenté au fil du temps. Les cancers les plus courants de ce genre étaient les suivants : cancer du poumon (35 %) ; cancer du pancréas (8 %). Par ailleurs, 158 personnes (10 %) sont décédées des suites d’une crise cardiaque ou d’un AVC. « Un taux élevé de cholestérol dans le sang était associé à un risque accru de mortalité liée aux maladies cardiovasculaires. Des facteurs comme l’hypertension et le diabète n’influaient pas sur le risque de mourir de causes cardiovasculaires, ce qui laisse croire que l’on veillait à la prévention ou au traitement efficace de ces comorbidités », explique Catie. Durant la période étudiée, le nombre de décès attribuables au VIH et à des causes hépatiques a baissé, alors que la mortalité liée à des cancers sans lien avec le VIH ou le foie a augmenté. Dans ses conclusions, l’équipe de recherche souhaite la tenue d’études pour explorer la prévention et la prise en charge des principales causes de décès, à savoir les crises cardiaques, les AVC et certains cancers. Elle encourage les cliniciens-nes à recommander des médicaments qui réduisent le taux de cholestérol et de l’activité physique à leurs patients-es vivant avec le VIH.

    ALD : des économies budgétaires sur la santé ?

    Le contexte y contraint, selon la communication gouvernementale… mais en fait tout est une question de choix. Le gouvernement doit faire des économies massives sur les textes budgétaires pour 2025. Comme l’explique Le Quotidien du Médecin (29 février) la santé ne devrait pas être épargnée. Lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le 27 février, le ministre délégué à la Santé et à la Prévention Frédéric Valletoux a évoqué, comme piste de réflexion (à ce stade), la remise en question du dispositif actuel de prise en charge des affections longue durée (ALD). Un dispositif dont le ministre a rappelé qu’il concerne 20 % des Français-es, soit 13 millions de personnes. Comme chacun-e sait, ce dispositif concerne des personnes atteintes de pathologies chroniques inscrites sur une liste dédiée (cancer, diabète, insuffisance cardiaque, maladie d'Alzheimer, VIH, hépatites virales chroniques, etc.) qui bénéficient d'une prise en charge à 100 % par la Sécurité sociale.

    Le 27 février donc, le député (RN) Christophe Bentz adresse au ministre Frédéric Valletoux une question sur la « Prise en charge des affections de longue durée » dans le cadre d’économies sur les dépenses de santé qui seraient envisagées par le gouvernement. À l’extrême droite, on est souvent en boucle sur les sujets : les étrangers-ères notamment. Devant cette hypothèse, le député RN avance donc qu’il vaudrait mieux supprimer l’ AME plutôt que de « faire des économies sur la santé des Français ». Dans sa question, le député d’extrême droite explique que le gouvernement aurait l’intention de « réduire » les « aides relatives à certains dispositifs médicaux » et la « prise en charge des affections de longue durée (ALD), c’est-à-dire notamment les diabètes ou les cancers ». Et le député de la Haute-Marne de demander : « Pouvez-vous nous garantir que les économies que vous comptez faire ne seront pas au détriment de la prise en charge ou de la qualité des soins, c’est-à-dire au détriment de la santé des Français ? ». Le ministre Valletoux explique alors : « Vous avez soulevé une question relative aux ALD, qui touchent 20 % de nos concitoyens, soit 13 millions de Français. Deux tiers des remboursements effectués par l’assurance maladie concernent ces affections : il n’est donc pas illégitime d’examiner la pertinence des dispositifs correspondants, comme cela a été fait régulièrement. Compte tenu du vieillissement de la population et de l’augmentation du nombre des pathologies chroniques, nous savons que le montant des enveloppes consacrées aux ALD ne fera qu’augmenter ». Bref, pas grand-chose en termes d’info, si ce n’est la confirmation que la prise en charge des maladies chroniques va être examinée à l’aune de l’efficience de la dépense. De fait, un travail est engagé, mais rien n’est encore décidé à ce stade.

    Dans un article, Renaud Honoré et Solenn Poullennec expliquaient (5 février) dans Les Échos que le « poids des ALD dans la structure des dépenses de santé » augmentait. Il représentait près de 66 % de celles-ci, en 2020. Le dispositif des ALD existe depuis le début de la Sécurité sociale, il a été modifié en 2011 (l’hypertension artérielle a été sortie de la liste des ALD). « Si modifier de nouveau la liste des ALD promet d’être un exercice difficile, l’exécutif pourrait chercher à agir sur d’autres tableaux. Notamment en se penchant sur les soins qui ne sont pas liés à la pathologie éligible à l’ALD, et qui ne doivent pas donner lieu à la même prise en charge à 100 % depuis 1987 », expliquent Les Échos. Et le quotidien économique d’expliquer : « Sur le papier, l’Assurance maladie pourrait réduire le coût de la prise en charge des maladies chroniques sans que les patients soient forcément moins bien remboursés, si les mutuelles prennent le relais ». Cette perspective d’une réforme des ALD est déjà largement commentée sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, des militants-es sont très remontés-es. « Il n'y a pas de mots pour dire mon dégoût.  Honte à vous @EmmanuelMacron  #ALD » a ainsi tweeté la militante Elise Rojas. À suivre.

    Taxe lapins : une PPL de la majorité

    La députée (Renaissance) Astrid Panosyan-Bouvet a déposé en février dernier une proposition de loi visant à lutter contre les rendez-vous médicaux non honorés. Cette initiative de la majorité présidentielle fait écho au discours de politique générale du Premier ministre, Gabriel Attal, le 30 janvier, qui défendait déjà l’instauration d’une « taxe lapins » avec comme principe : « Quand on a rendez-vous chez le médecin et qu’on ne vient pas sans prévenir, on paye ! ». Interrogée (28 février) par Le Quotidien du Médecin, la députée de Paris rappelle que ce « texte provient à l’origine d’un amendement [qu’elle avait] déposé dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2024, pour lequel j’avais notamment consulté le Conseil de l’Ordre des médecins. L’amendement n’avait pas été jugé recevable. J’ai donc décidé d’en faire une PPL aujourd’hui, car selon moi la question du civisme est primordiale », confie la parlementaire. Le quotidien médical indique qu’une quarantaine de députés-es de la majorité se sont associés-es à cette proposition. Astrid Panosyan-Bouvet indique qu’elle ouvrira les signatures aux oppositions dans une logique transpartisane dans les prochaines semaines. L’exposé des motifs de ce texte qui ne comporte qu’un seul article explique que « l’objectif de cette PPL est ainsi de sensibiliser et de responsabiliser notre société à cette pratique préjudiciable pour les patients comme les praticiens et ainsi à rappeler l’importance du respect de la règle commune ». Le texte est rédigé de façon à impliquer les professionnels-les de santé qui le souhaitent lorsqu’ils-elles sont confrontés-es à des patients-es indélicats-es, de façon répétée. « Sur déclaration volontaire du-de la professionnel-le de santé, peut faire l’objet d’un avertissement ou d’une pénalité prononcés par le directeur de l’organisme local d’Assurance-maladie, l’absence répétée d’un patient à des rendez-vous médicaux sans en avoir préalablement informé le professionnel de santé concerné au moins 24 heures précédant le rendez-vous médical ». La PPL ajoute que le montant de la pénalité varie « selon la récurrence des absences constatées » et que les modalités d’application – forcément complexes – seront fixées par décret, explique Le Quotidien du Médecin. En janvier 2023, l’Académie nationale de médecine et l’Ordre des médecins avaient établi que 6 à 10 % des patients-es n’honorent pas leur rendez-vous. Deux tiers de ces défections concerneraient un premier rendez-vous.

    Covid : la HAS recommande une campagne de vaccination dès mi-avril pour certains groupes

    Dans un avis du 9 février, la Haute Autorité de santé (HAS) rappelle l’intérêt de maintenir une campagne de vaccination de printemps contre la Covid-19 pour les personnes de 80 ans et plus, ainsi que les résidents-es d’Ehpad et d’unités de soins de longue durée et les personnes immunodéprimées, quel que soit leur âge. Ce rappel fait suite à une saisine de la Direction générale de la santé (DGS). La HAS considère que « les dates proposées [pour cette future campagne, ndlr], à savoir du 15 avril au 16 juin 2024, sont adaptées pour réduire la morbi-mortalité associée à la Covid-19 ». La HAS recommande de prévoir une extension de cette campagne jusqu’au 15 juillet 2024 si la situation épidémiologique le justifie, souligne le Quotidien du Médecin. « Compte tenu du caractère imprévisible d’une nouvelle vague épidémique de la Covid-19 et de l’émergence de nouveaux variants plus virulents susceptibles d’entraîner une baisse de l’immunité contre les formes graves et les décès, la HAS recommande de ne pas exclure la possibilité de mettre en place une campagne de vaccination plus précoce ou plus large si la situation épidémiologique le justifie », explique l’avis. La couverture chez les personnes de 80 ans et plus reste faible début janvier (environ un tiers avec 35,9 % en semaine 03). Et ce alors que la campagne automnale contre la Covid-19 a été ouverte dès le 18 septembre selon l’avis du Covars (soit un mois avant la grippe) et qu’elle se poursuit de façon concomitante avec celle de la grippe jusqu'à fin février 2024 (initialement prévue jusqu'au 24 janvier 2024), précise le quotidien médical. La Haute Autorité rappelle avoir déjà recommandé, en 2023, une vaccination au printemps pour les personnes âgées de 80 ans et plus et les personnes immunodéprimées « dont la protection immunitaire diminue plus rapidement dans le temps ». Les délais minimaux recommandés entre deux rappels restent toujours de « trois mois pour les personnes de 80 ans et plus, pour les résidents en Ehpad ou en unités de soins de longue durée, pour les personnes immunodéprimées ».

    Vaccination HPV : un appel pour une extension jusqu'à 26 ans

    Plaidoyer. Plus de 50 sociétés savantes, académies, collèges scientifiques, syndicats et associations de patients-es réclament, dans une lettre ouverte datée du 5 février, une extension de la vaccination anti-HPV jusqu’à 26 ans. « Une nécessité pour accélérer l’élimination des cancers liés aux papillomavirus », plaident ces structures citées par Le Quotidien du Médecin (15 février). Toutes ces structures déplorent « le retard pris par la France depuis 15 ans », malgré les dispositifs déployés ces dernières années pour tenter d’atteindre l’objectif de 80 % de couverture vaccinale d’ici à 2030. « Chaque année 250 000 jeunes filles et plus de 350 000 garçons passent le cap des 20 ans et ne pourront plus bénéficier de la vaccination HPV », s’inquiètent les signataires de cette lettre. Ils-elles chiffrent le retard cumulé actuel à quatre millions de personnes non-vaccinées chez les 20-26 ans, génération qui n’a bénéficié ni des dispositifs récents, ni de l’extension de la vaccination aux garçons en 2021. Comme le mentionne le journal médical, l’enjeu est certes de corriger une « perte de chance », mais aussi « d’assurer l’équité » des genres et des sexualités, alors que la vaccination est ouverte jusqu’à 26 ans pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). Cette demande d’extension avait déjà été soulignée par l’Académie de médecine, fin janvier. Les signataires soulignent aussi que la généralisation de cette extension laisse aux jeunes concernés-es une opportunité d’être vaccinés-es, « sur la base d’une décision individuelle et non plus sur celle de leurs parents ». Là aussi l’enjeu relève de la réduction des inégalités, la couverture vaccinale des jeunes filles vivant dans un milieu socio-économique défavorisé étant « évaluée à moins de 25 % », selon une étude de Santé publique France. Enfin, les signataires expliquent que de « très nombreux pays proposent une vaccination en population générale jusqu’à 26 ans ». Une étude menée en Suède montre que « les femmes vaccinées entre 20 et 30 ans avaient un risque réduit de 62 % de développer un cancer du col de l’utérus en comparaison des femmes non vaccinées ».

    Qualité des soins : la coordination ville/hôpital est à revoir 

    Mi-février, la Haute autorité de santé (HAS) a présenté un état des lieux des indicateurs de qualité et de sécurité des soins dans les établissements de santé. « L’analyse des résultats témoigne de la satisfaction des patients sur la qualité de notre système de santé en 2023. Mais la coordination entre l’hôpital et la ville ou encore la prise en charge dans les services de psychiatrie par exemple restent perfectibles », y souligne le Pr Lionel Collet, président de la HAS, cité par Le Quotidien du Médecin. L’examen des 34 indicateurs de qualité et de sécurité des soins conclut à une « progression satisfaisante » concernant notamment la prise en charge de la douleur chez les patients-es hospitalisés-es (entre 84 % et 89 % de conformité), des marges de progrès ont été relevées. C’est notamment le cas pour les sorties d’hospitalisation. « La transmission et la qualité de la lettre de liaison à la sortie d’hospitalisation restent globalement à améliorer. Essentielle pour garantir une bonne coordination hôpital/ville, cette lettre remplie par l’équipe qui a assuré la prise en charge du patient lui est remise au moment de sa sortie d’hospitalisation pour permettre la poursuite de son suivi en médecine de ville. Elle doit comporter différentes informations administratives et médicales (synthèse médicale du séjour, examens complémentaires, traitements médicamenteux de sortie, planifications des soins). En SMR (soins médicaux et de réadaptation), la qualité de la lettre de liaison à la sortie est satisfaisante avec un score de 80/100. En revanche, en MCO (médecine-chirurgie-obstétrique), le résultat à 59/100 reste insuffisant (37 % des établissements atteignent un niveau satisfaisant), avec toujours des faiblesses concernant la mention des traitements médicamenteux à la sortie. En hospitalisation à temps plein en psychiatrie, la marge de progression est importante, avec un score national à 52/100 et 26 % des établissements seulement qui atteignent un niveau satisfaisant sur cet indicateur », indique le rapport. Le rapport mentionne d’autres indicateurs. « Parmi les nouveaux indicateurs introduits en 2023, la prescription d’antibiotiques en cas d’infection respiratoire basse atteint un très bon score (81 %) : trois quarts des prescriptions d’antibiotiques sont inférieures à sept jours, le quart restant étant justifié cliniquement. »

    Au 15 janvier 2024, 1 158 décisions de certification — concernant plus de 50 % des établissements de santé — ont été attribuées dans le cadre du référentiel en vigueur. Si 22 % des établissements ont obtenu la mention « haute qualité des soins », 33 établissements sont non certifiés. Les résultats font également apparaître des disparités régionales avec parmi les bons élèves, les régions PACA, Centre-Val de Loire et La Réunion. A contrario, les Pays-de-la-Loire, la Guyane et la Guadeloupe concentrent le plus grand nombre d’établissements non certifiés. Enfin, ouvert depuis juin 2022, le service d’information mis en ligne Qualiscope met à la disposition du grand public toutes les informations relatives à la certification, à la qualité et à la sécurité des soins pour chaque établissement de santé. Un outil que la HAS destine également aux médecins dans un souci de meilleure orientation de leurs patients. Une campagne de communication valorisant Qualiscope sera d’ailleurs mise en ligne dans quelques jours, indique le journal médical.

    Méningocoques : "A l'approche des JO, révisons la stratégie vaccinale en urgence!"

    Dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron, un collectif de chercheurs-ses et de patients-es alerte sur le risque d’augmentation des méningocoques à l’approche des Jeux olympiques, période particulièrement à risque. « Depuis plusieurs mois en France, les infections invasives à méningocoques (IIM) sont en forte augmentation. Ces infections causent la mort d’une personne sur dix et provoquent de lourdes séquelles chez un survivant sur cinq : amputation, surdité, troubles cognitifs ou anxiété. La majorité des cas surviennent chez des individus en bonne santé sans facteur de risque identifié », explique cet appel. Dans un communiqué en date du 14 novembre 2023, le Centre national de référence des méningocoques (Institut Pasteur) précisait avoir répertorié 421 cas entre janvier et septembre 2023, soit une augmentation de 36 % par rapport à 2019, alors même que le pic hivernal n’avait pas encore eu lieu. Les nouveaux cas déclarés sont majoritairement liés aux sérogroupes W et Y, contre lesquels il n’y a pas de recommandation vaccinale en population générale, note la lettre ouverte. Après une saisine du 25 avril 2023 de la Direction générale de la santé (DGS) au vu de l’évolution de l’épidémiologie, la Haute Autorité de santé a annoncé évaluer la nécessité actuelle de mettre à jour les recommandations vaccinales contre les infections invasives à méningocoques des sérogroupes A, C, W, Y et B pour une publication en mars 2024. « Face à l’urgence d’agir, nous, acteurs de la société civile en santé, nous nous mobilisons au sein de « MéninGO ! », coalition qui réunit des acteurs de santé engagés dans la lutte contre les infections invasives à méningocoques, une priorité de santé publique ». Cet appel à agir s’inscrit dans un contexte particulier : la tenue des Jeux olympiques et paralympiques Paris 2024 dans quelques mois. « Les grands rassemblements [sont] propices aux contaminations de manière générale et à la propagation des infections invasives à méningocoques en particulier. Chaque cas est un cas de trop ! Face à ces enjeux, nous, membres de MéninGO !, sollicitons (…) un rendez-vous afin d’échanger autour des actions qui permettront de renforcer la sensibilisation à la prévention vaccinale face à cette urgence de santé publique ». À suivre.

    Dépassements d'honoraires : UFC que choisir contre la médecine spécialisée à deux vitesses

    La convention tarifaire entre les médecins libéraux-les et l’Assurance maladie est en train d’être renégociée. C’est dans ce contexte que l’UFC-Que Choisir rend publics (22 février) des chiffres alarmants sur l’ampleur des dépassements d’honoraires pratiqués par les médecins de huit spécialités libérales, qui entraînent une « inacceptable inégalité territoriale d’accès à la médecine », et même un « intolérable renoncement aux soins pour de nombreux-ses citoyens-nes ». Dans le cadre de ses analyses sur la « fracture sanitaire », l’UFC-Que Choisir prend systématiquement en compte sa dimension financière, à savoir l’accessibilité à des médecins selon qu’ils-elles pratiquent ou non des dépassements d’honoraires.

    Aujourd’hui, l’association va plus loin. Sur la base de la collecte et de l’analyse de données de la Sécurité sociale relatives aux pratiques tarifaires de huit professions libérales, elle dresse un panorama précis de la proportion de médecins ne respectant pas le tarif de base et du niveau des dépassements d’honoraires pratiqués, explique l’association. Une enquête exclusive réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 1 004 personnes met en évidence les conséquences concrètes du coût croissant des soins sur les usagers-ères du système de santé. Les assurés-es sociaux-les sont sujets-tes sur tout le territoire aux mêmes cotisations à la Sécurité sociale, et la base de remboursement de l’Assurance maladie obligatoire est également définie au niveau national. Pourtant, selon les spécialités, les honoraires pratiqués pour une consultation sont jusqu’à 2,5 fois plus onéreux d’un département à l’autre. Ainsi les dépassements moyens (département le plus cher) sont de 29,2 euros pour les anesthésistes, 26,8 euros chez les cardiologues, 40,3 euros chez les dermatologues, 50,5 euros chez les gynécologues, 37,9 euros chez les gastro-entérologues, 35,5 euros chez les ophtalmologues, etc. Et UFC-Que Choisir de commenter : « Ainsi, le tarif moyen d’une consultation chez le gynécologue s’élève à 50,6 €, et atteint même 80,5 € à Paris, contre un tarif opposable de 30 €. Pour les psychiatres, alors que le tarif servant de base de remboursement à la Sécurité sociale s’élève à 50,2 €, les patients s’acquittent de 13,7 € de dépassements en moyenne, et même 33,4 € dans le département où les tarifs sont les plus élevés. Pour les cardiologues, ce sont les Hauts-de-Seine qui décrochent la palme du tarif le plus élevé, à 77,8 € alors que le tarif de la Sécurité sociale s’élève à 51 € ». L’UFC-Que Choisir donne aussi des éléments sur les causes de ce phénomène. « La cause la plus évidente de cette situation totalement inégalitaire est la croissance rapide de la part des spécialistes autorisés à facturer des dépassements », commente l’association. Elle dénonce d’ailleurs « l’intolérable laisser-faire des autorités » dans ce domaine. « Alors que les négociations de la convention entre les praticiens libéraux et l’Assurance maladie ont repris, l’UFC-Que Choisir se tient vigilante. Si ces négociations devaient aboutir, conformément à la demande faite par les syndicats des médecins libéraux, à une revalorisation des tarifs opposables des consultations, il n’existerait, en l’état, aucun mécanisme empêchant un effet d’aubaine, à savoir que les praticiens qui pratiquent des dépassements profitent de cette hausse du tarif de base pour augmenter leurs honoraires. Il est pourtant indispensable de réduire les écarts entre les tarifs de base et les tarifs pratiqués, écarts que les patients payent de leur poche, soit directement (lorsqu’ils ne sont pas couverts par leur complémentaire santé), soit à travers une hausse de la cotisation à leur complémentaire ». Et de conclure : « Cette réduction est, en effet, une condition sine qua non pour réduire les inégalités sociales de santé, qui sont gigantesques », comme le met en évidence un sondage exclusif réalisé par l’UFC-Que Choisir montrant qu’aujourd’hui les ménages les moins aisés se déclarent trois fois plus en mauvaise santé que les ménages les plus aisés (27 % contre 10 %). Comment s’en étonner, alors que 45 % des personnes les plus modestes déclarent peiner à trouver des rendez-vous médicaux, contre seulement 4 % des ménages les plus aisés ? 

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    Nathalie Bajos, nouvelles présidente du Conseil national du sida et des hépatites virales

    C’est la sociologue Nathalie Bajos qui a été nommée (21 février) par décret du Président de la République pour prendre la succession du Pr Patrick Yeni à la tête du Conseil national du sida et des hépatites virales. C’est la deuxième fois depuis sa création en 1989 que cette instance officielle indépendante (d’abord Conseil national du sida à sa création, puis, à partir de 2015, Conseil national du sida et des hépatites virales), est présidée par une femme. Sixième présidente du Conseil, elle succède à Françoise Héritier, Alain Sobel, Jean-Albert Gastaut, Willy Rozenbaum et Patrick Yeni. Nathalie Bajos est membre du CNS depuis juin 2022.

    Directrice de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et directrice d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), Nathalie Bajos a été directrice de la promotion de l’égalité et de l’accès aux droits du Défenseur des droits de 2015 à 2018 et membre du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes de 2013 à 2016. Elle a par ailleurs été de 2009 à 2015 la présidente de la Commission santé publique et sciences de l’homme de l’ANRS | Maladies Infectieuses Émergentes. Elle est également membre du groupe d’experts de l’Organisation mondiale pour la Santé (OMS) sur la sexualité et la santé sexuelle depuis 2019, et co-responsable des enquêtes françaises sur les sexualités et la santé sexuelle de 1992, 2006 et 2023. Elle est également co-responsable du projet européen Gendhi sur les inégalités de santé au prisme du genre pour les années 2020-2027.

    Dans son communiqué, le CNS souligne les particularités du travail de recherche conduit par cette chercheuse. « Combinant des approches empruntées à la sociologie, la démographie et la santé publique, le travail de Nathalie Bajos a contribué de manière significative à améliorer la connaissance et la compréhension de grands enjeux de la santé sexuelle, concernant notamment les infections sexuellement transmissibles, la contraception, l’avortement et les violences sexuelles ». Elle prend donc la suite de Patrick Yeni, président du CNS entre 2012 et 2023, professeur en Immunologie, chef du pôle maladies infectieuses du Groupe Hospitalier des Hôpitaux Universitaires Paris Nord Val de Seine (HUPNVS), et président du groupe d’experts sur la prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH en 2006. Sous son mandat, le CNS a « apporté une contribution substantielle pour répondre aux nouveaux défis de la lutte contre le VIH/sida à l’échelle nationale et internationale, et notamment œuvré dans le renforcement des droits des personnes », souligne l’instance. Le communiqué précise que la « nomination de Nathalie Bajos intervient alors que les missions et la composition du CNS sont en cours de réorganisation afin d’étendre son champ aux questions liées à la santé sexuelle » ; un signe de plus que désormais les enjeux VIH se mêlent (se diluent ?) dans le grand champ de la santé sexuelle.

    APA : renforcement musculaire avec Actions Traitements et Moove toi

    En 2023, Actions Traitements a complété son programme d’accompagnement avec, pour la première fois, un cycle de boxe en activité physique adaptée (APA) destiné aux personnes de plus de 50 ans vivant avec le VIH. Le premier cycle a connu un beau succès et le partenariat initié avec Moove toi, une structure spécialisée dans la conception et l'animation de programmes d'activité physique adaptée, pour les particuliers-ères et les associations, se voit prolongé. Un nouveau cycle d’APA démarre le 5 mars prochain. Il s’adresse à toutes les personnes vivant avec le VIH (ou une co-infection), quel que soit leur âge, peu importante la condition physique. Cela consiste à travailler le renforcement musculaire et la mobilité à travers des exercices et des situations divers et variés. Plusieurs adaptations et niveaux seront également proposés pour chaque exercice, selon les possibilités de chacun-e.

    Au programme : des circuits trainings en binôme, avec ou sans matériel, des séances en musique. Le tout dans une ambiance conviviale et motivante ! Le principe : 17 semaines ; 1h tous les mardis à 17h. Conçu et encadré par des enseignants-es en APA (Activité Physique Adapté) ; comprend des conseils personnalisés et ludiques ; pas de condition physique particulière requise. Les bénéfices attendus du programme : prévenir les maladies cardiovasculaires ; booster les fonctions cognitives ; améliorer le sentiment de compétence ; renforcer la confiance en soi ; faire une activité physique en groupe…
    Pour plus d'informations et vous inscrire contactez l'équipe accompagnement :

    Cette activité est destinée exclusivement aux personnes vivant avec le VIH ou une co-infection. Première séance, mardi 5 mars 2024 ! 

    Une Italienne indemnisée pour avoir contracté le VIH dans un laboratoire de recherche

    Exposition accidentelle. Une chercheuse italienne qui aurait contracté le VIH à l’Université de Genève où elle a mené des recherches scientifiques, a obtenu une indemnité de la part de l’établissement suisse, a indiqué mercredi 28 février à l’AFP, l’Université italienne de Padoue (Nord) dont elle dépendait. La chercheuse, dont l’identité demeure confidentielle, a effectué un échange d’études en 2011 à l’Université de Genève dans le cadre du programme universitaire européen Erasmus, selon la presse italienne. Elle devait y poursuivre des recherches pour achever sa thèse et a travaillé dans un laboratoire de l’université en utilisant des échantillons du VIH. Rentrée en Italie, elle a poursuivi une vie normale jusqu’en 2019, quand, à l’occasion d’un examen pour pouvoir donner son sang, elle a découvert être positive au VIH. À ce stade, la manière dont elle l’a contracté n’a pas été déterminée formellement, même si des laboratoires italiens ont conclu, sur la base d’un séquençage génétique, que le virus que porte la jeune femme « est identique à ceux qui ont été conçus en laboratoire » à Genève, indique l’AFP. À l’appui de ces conclusions, la chercheuse a entamé une bataille judiciaire qui s’est finalement achevée par un accord à l’amiable et un dédommagement de 145 000 euros. L’accord prévoit l’abandon des poursuites judiciaires, a précisé, à l’AFP, l’Université de Padoue. « La transaction en cours de finalisation n’implique pas de reconnaissance de responsabilité ou de prétentions de l’une ou l’autre partie », a indiqué de son côté l’Université de Genève, sollicitée par l’AFP.

    Sidaction visée par une cyberattaque

    Les informations personnelles d’environ « 20 % des personnes ayant fait un don depuis janvier 2023 pourraient être concernées » par une attaque informatique récente dont a été victime l’association, explique cette dernière dans un communiqué (28 février) sur le réseau social X. « Sidaction a pris connaissance d'une violation du système d'hébergement d'un de ses prestataires impliquant un risque éventuel de divulgation de données personnelles de certains donateurs », indique l’association créée en 1994. Les données de cartes bancaires n’auraient pas été exposées à cette attaque, celles des virements bancaires « IBAN/BIC seraient concernées pour près de 3 % des données impactées », souligne le communiqué. Les données visées par cette cyberattaque sont les noms et prénoms, les numéros de téléphone, les adresses postales et mails, et les montants des dons. « Conscients des conséquences qui peuvent résulter de cet évènement, nous mettons tout en œuvre pour en limiter les effets et avons déjà informé individuellement l'ensemble des personnes concernées. La CNIL a été également notifiée », poursuit Sidaction. Il est toutefois toujours possible d’effectuer un don en ligne « en toute sécurité », souligne l’association, un des acteurs majeurs de la lutte contre le sida en France. C’est la première fois dans l’hexagone qu’une association de lutte contre le sida se trouve ainsi attaquée. Comme le pointe l’AFP, plusieurs cyberattaques ont touché ces dernières semaines le monde de la santé : « plus de 33 millions » de Français-es ont été concernés-es par un vol de données lors d'une cyberattaque au tiers payant, et quelque 300 000 patients-es par une cyberattaque contre l'hôpital d'Armentières (Nord), où certaines données, potentiellement sensibles, ont été diffusées par les pirates informatiques.