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    L'actu vue par REMAIDES : "Parvenir à l'égalité entre les sexes et mettre fin au sida : l’appel de l’Onusida"

    • Actualité
    • 07.04.2024

    VIH actualités monde

    © Studio Capuche

    Par Jean-François Laforgerie et Fred Lebreton 

    Parvenir à l'égalité entre les sexes et mettre fin au sida : l’appel de l’Onusida

    Parvenir à l'égalité entre les sexes et mettre fin au sida : l’Onusida lance, une fois encore, un appel. De meilleures nouvelles, on en trouvera dans le dernier rapport de la Coalition mondiale pour la prévention du VIH dont les résultats soulignent une « « réduction des nouvelles infections par le VIH dans plusieurs pays qui sont membres de cette coalition, Un signe d’espoir. Enfin, grande satisfaction, la police brésilienne recommande l’inculpation de Bolsonaro pour falsification de certificats de vaccination… contre la Covid. Lui dont la gestion de l’épidémie a causé près de 700 000 morts. Remaides fait le point.

    Parvenir à l'égalité entre les sexes et mettre fin au sida : l’appel de l’Onusida

    Niveau macro. On le sait peu, mais les Nations-Unies comprennent une Commission de la condition de la femme. Durant le mois de mars, ladite commission (#CSW68) va tenir sa 68e session et l’Onusida entend y contribuer. Pour cette édition, le thème prioritaire qui sera travaillé est le suivant (attention : retenez votre souffle !) : « Accélérer la réalisation de l'égalité des sexes et l'autonomisation de toutes les femmes et les filles en s'attaquant à la pauvreté et en renforçant les institutions et le financement dans une perspective sexo-spécifique ».

    Quel est l’enjeu ? Aujourd’hui, aucun pays n'a atteint l'égalité des sexes, et les violations des droits humains concernant les femmes et les violences fondées sur le genre continuent d'alimenter la pandémie de sida. « Le monde n'est pas sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de genre fixés dans les Objectifs de développement durable (ODD) et, dans de nombreux pays parmi les plus pauvres du monde, la crise de la dette réduit les investissements dans l'éducation, la santé et la protection sociale, ce qui nuit particulièrement aux femmes et aux filles », analyse l’Onusida. Dans le monde, aujourd’hui, 129 millions de filles ne sont pas scolarisées, ce qui les prive d'informations vitales sur la manière de se protéger du VIH, estime l’agence onusienne. Les chiffres, édifiants, sont les suivants : « Toutes les trois minutes, une adolescente ou une jeune femme (15-24 ans) a contracté le VIH en 2022 en Afrique subsaharienne, et dans toute l'Afrique, le sida reste la principale cause de décès chez les femmes en âge de procréer ». Comme souvent, Winnie Byanyima, directrice exécutive de l'Onusida, n’a pu que rappeler les évidences et les messages habituels. « Il n'y a plus d'excuses. Mettre fin au sida chez les femmes et les filles n'est pas seulement un impératif moral, mais aussi une priorité stratégique pour atteindre les objectifs de développement durable », a-t-elle expliqué. Et de conclure par des formules déjà prononcées si souvent : « Ce n'est qu'en protégeant les droits des femmes et des filles et en investissant dans ces droits que nous pourrons protéger leur santé, et ce n'est qu'en protégeant la santé des femmes que nous pourrons mettre fin à la pandémie de sida. Nous devons saisir cette occasion pour accélérer les progrès vers un monde où chaque femme et chaque fille pourra non seulement survivre, mais aussi s'épanouir ». La #CSW68, organisée par les Nations unies, réunira des dirigeants-es, des défenseurs-es, des gouvernements, des organisations de la société civile, des activistes et des experts-es pour discuter, convenir d'actions et d'investissements susceptibles de mettre fin à la pauvreté des femmes et de faire progresser l'égalité entre les hommes et les femmes.

    Réduction des nouvelles infections par le VIH dans plusieurs pays de la Coalition mondiale pour la prévention du VIH

    Au rapport. Début mars, l’Onusida a publié un nouveau rapport, intitulé HIV prevention: from crisis to opportunity qui montre que les infections par le VIH continuent de « diminuer dans les pays qui font partie de la Coalition mondiale pour la prévention du VIH (GPC) » et cela « plus rapidement que dans le reste du monde ». Onze pays cibles du GPC ont réduit leur nombre annuel de nouvelles infections par le VIH d'au moins 66 % depuis 2010, indique l’agence onusienne. À titre de comparaison, la réduction moyenne des nouvelles infections par le VIH depuis 2010 est de 38 % à l'échelle mondiale. La Coalition mondiale pour la prévention du VIH (GPC) est une coalition de 38 pays qui travaillent ensemble pour faire diminuer le nombre de nouvelles infections par le VIH afin d'atteindre l'objectif de 95 % des « personnes exposées au risque d'infection par le VIH ayant accès à une combinaison efficace d'options de prévention ».

    Le rapport explique que les pays du GPC qui ont « donné la priorité à la prévention primaire et au traitement et qui se sont efforcés d'atteindre les personnes les plus exposées au risque ont enregistré les baisses les plus fortes et les plus régulières du nombre de nouvelles infections par le VIH ». Le rapport indique que le « recul des nouvelles infections par le VIH a été stimulé par l'impact cumulatif des options de prévention combinées et de l'accès accru aux traitements antirétroviraux, qui ont également permis d'augmenter la suppression virale chez les personnes vivant avec le VIH ». « Il est remarquable de voir ce qui a été accompli dans la riposte au sida au cours des 20 dernières années. Mais les progrès réalisés jusqu'à présent n'ont pas été équitables et ne sont pas encore durables, et nous ne devons jamais confondre progrès et certitude de réussite (…) Nos progrès sont fragiles, et ce que nous avons accompli aujourd'hui pourrait nous échapper encore plus rapidement que nous ne l'avons fait si nous laissons la complaisance s'installer », a commenté Mitchell Warren, coprésident du GPC. Que dit le rapport ? « Les populations clés, les adolescentes et les jeunes femmes sont toujours exposées à un risque élevé de nouvelles infections. L'incidence du VIH reste inacceptablement élevée dans les populations où les investissements dans la prévention du VIH restent insuffisants. Il s'agit notamment des populations clés dans toutes les régions du monde et des adolescentes et jeunes femmes dans certaines parties de l'Afrique subsaharienne », explique le document. En 2022, environ 3 100 jeunes femmes et filles âgées de 15 à 24 ans ont été infectées par le VIH chaque semaine en Afrique subsaharienne et l'incidence du VIH a diminué moins rapidement que chez les jeunes hommes. Seules 43 % des zones infranationales dans lesquelles l'incidence du VIH est élevée chez les jeunes femmes bénéficient de programmes de prévention spécifiques pour les jeunes femmes.

    Malgré les avancées enregistrées dans les pays du GPC, il reste des défis à relever dans le monde entier pour atteindre les populations clés les plus exposées au risque de nouvelles infections par le VIH, notamment les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), les travailleurs-ses du sexe et les personnes qui s'injectent des drogues. « Chaque semaine, plus de 11 000 nouvelles infections par le VIH se produisent parmi les populations clés et leurs partenaires sexuels dans le monde », indique le document. « Seuls 44 % des travailleurs du sexe, 28 % des homosexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, et 37 % des personnes qui s'injectent des drogues ont eu accès à au moins deux services de prévention du VIH au cours des trois mois précédents, selon les valeurs médianes communiquées par les pays du GPC, alors que l'objectif est de 90 % ». La prévention du VIH reste encore entravée par l'insuffisance du financement de la prévention et par des lois répressives. La stigmatisation sociale, la violence, la discrimination et l'exclusion sociale font encore partie des obstacles à l'accès des populations clés aux services de santé et à l'information, ce qui aggrave leur risque de contracter le VIH. À cela, s’ajoute le fait que des options révolutionnaires de prévention du VIH telles que la Prep ne sont encore accessibles qu'à une petite fraction des personnes qui en ont besoin. Le rapport du GPC affirme que « les programmes de prévention du VIH doivent être à grande échelle, efficaces et équitables. Les actions nécessaires à la réussite et à la durabilité sont connues, ont fait leurs preuves et ont été approuvées : collaborer, suivre la science, s'attaquer aux inégalités, protéger les droits de chacun, laisser les communautés prendre l'initiative et investir dans ce qui est nécessaire. Un recul en matière de ressources ou d'inclusion serait préjudiciable à tous-tes ».

    La police recommande l’inculpation de Bolsonaro pour falsification de certificats de vaccination

    L’affaire est ancienne, mais emblématique des dysfonctionnements qui peuvent se produire chez les élites, notamment dans le champ de la santé. De ce point de vue, la crise de la Covid-19 a été un terrain particulièrement favorable aux dérives (Trump, les formations d’extrême droite, Bolsonaro…). Le 19 mars dernier, la police brésilienne a recommandé l’inculpation de l’ex-président brésilien Jair Bolsonaro, estimant disposer de suffisamment de preuves pour qu’il soit poursuivi pour falsification de certificats de vaccination contre la Covid-19. Un rapport d’enquête, consulté par l’AFP, a été remis au bureau du procureur général, qui devra décider s’il y a lieu d’engager ou non des poursuites. Selon la police fédérale brésilienne, Jair Bolsonaro et huit autres personnes seraient impliquées dans la falsification de certificats de vaccination, « avec l’intention d’obtenir des avantages indus liés au contournement des mesures sanitaires [par exemple, pour des voyages à l’étranger] établies pendant la période de pandémie ». Les faits se seraient déroulés entre novembre 2021 et décembre 2022, selon le rapport d’enquête de 231 pages. Durant son mandat (2019-2022), le dirigeant d’extrême droite n’a cessé de critiquer les vaccins anti-Covid, assurant qu’il n’avait pas l’intention de se faire immuniser contre la pandémie qui a fait plus de 700 000 morts au Brésil. Il a d’ailleurs reconnu par la suite qu’il n’avait pas été vacciné.