Weekend Femmes en Action : toutes mobilisées contre les épidémies!
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Du jeudi 9 au dimanche 12 novembre, sur la côte d’Opale, une soixantaine de femmes du réseau AIDES étaient réunies pour se former, échanger et produire pour lutter contre les épidémies de VIH et d’hépatites. Au programme : des ateliers pour renforcer leur capacités individuelles et collectives, d’autres dédiés aux projets, le tout ponctué de moments de détente et de convivialité.
Elles sont venues de toute l’hexagone et des départements d’Outre-Mer, d’Avignon à Fort-de-France en passant par Besançon, Le Mans, ou encore Angers. Plus de 60 femmes séropositives, militantes, consommatrices de produits psychoactifs, migrantes, trans ou travailleuses du sexe sont arrivées jeudi 9 novembre en fin de journée à Blériot plage, pour 3 jours de partages, de mobilisation et de création. Après un temps de présentation et d’installation, le travail démarrait dès vendredi matin.
Vendredi tout est permis
Après un petit-déjeuner avec vue sur les dunes, les participantes ont commencé à 9h un premier pari : faire émerger une communauté de revendications, afin de définir les sujets sur lesquels elles allaient travailler les jours suivants. Le défi est réussi, puisque cinq thématiques se dessinent assez rapidement :
- Prendre sa place de femme dans AIDES, hier, aujourd’hui et demain
- Affirmer les besoins spécifiques de chacune dans les soins
- Briser les clichés et stéréotypes sur « La Femme »
- Créer NOTRE 8 mars
- Visibiliser le cumul des vulnérabilités auquel les femmes sont souvent exposées
En fin de matinée, un autre exercice est proposé aux militantes. Elles doivent rassembler des éléments d’argumentation sur un sujet qu’elles estiment important (par exemple sur le droit au séjour pour soins, sur la répression des usages de drogues, etc etc) et se préparer à les « défendre ». L’idée : que ces femmes se sentent capables et légitimes pour parler de ces sujets en public, que ce soit dans leur vie privée, en action sur le terrain ou encore face à des médias.
L’après-midi, tout le monde passe en mode « projet », et des équipes se constituent pour aborder les différentes thématiques. On affine les sujets traités, on définit l’angle sous lequel on souhaite l’aborder, et le support qui paraît le plus adapté. Chaque groupe bénéficie du support d’une animatrice et de différents-es experts-es : Céline Le Gouail, une artiste plasticienne, Vincent Boujon, un réalisateur qui se trouve être militant de longue date de AIDES et avait déjà réalisé le film « La piscine » lors des rencontres Femmes séropositives en action de 2011, Sophie Fernandez et Jean-François Laforgerie, qui écrivent et coordonnent respectivement le site Seronet et la revue Remaides.
Le soir, la scène est ouverte aux talents des femmes, et on chante et on danse jusqu’après minuit…
La fièvre du samedi soir
Fortes à la fête mais aussi fortes au travail, les participantes se retrouvent à nouveau à 9h samedi matin pour un temps de renforcement de leur capacité à rassembler, mobiliser et agir avec les autres. C’est pendant ce module que les femmes découvrent un jeu qui leur demande collaborer, penser ensemble et… dépasser la peur du ridicule en passant les unes par dessus les autres avec pour objectif de former un nœud sans jamais lâcher la corde qu’elles tiennent toutes à deux mains.
#FemmesEnAction contrairement aux apparences, ce n'était pas atelier bondage ce matin Mais bien un exercice de travail en équipe autour d'une corde... ? pic.twitter.com/LZdarflM9F
— Association AIDES (@assoAIDES) 11 novembre 2017
Le reste de la journée est mouvementé et studieux, puisque les groupes projets sont occupés à écrire des témoignages, dessiner des poings levés, construire une fresque ou encore filmer des mouettes… On met sur papier ou sur pellicule des expériences personnelles parfois compliquées, on réfléchit à la force de la transmission des moyens d’action. Partout dans le complexe, on voit des femmes qui s’affairent, en petits groupes, et le temps commence à presser puisqu’il est prévu de présenter les projets dimanche matin ! Après le dîner, une soirée festive est prévue, mais elles sont nombreuses à continuer de plancher, concentrées et motivées pour voir leur projet aboutir lors du rassemblement général. Certaines sont encore en train de perfectionner, retoucher, terminer aux petites heures du matin…
Sunday Morning
Le dimanche, c’est avec peu d’heures de sommeil, les chambres vidées et les bagages empaquetés que les quelque soixante femmes se réunissent dans la salle de plénière pour présenter aux autres leurs projets.
Le groupe qui travaillait sur « prendre sa place dans AIDES » a produit une fresque historique mettant en avant les mobilisations et victoires par et pour les femmes dans l’association, ainsi qu’une mise en scène autour de la transmission entre les générations de militantes.
L’équipe mobilisée sur les spécificités dans le soin a écrit et réalisé 6 témoignages en vidéo et en audio, avec des femmes qui expliquent leur attentes et besoins individuels en termes de santé et mobilisent leurs pairs : « Aujourd’hui c’est moi, demain ça peut-être toi, agissons ensemble ! ».
Les participantes rassemblées pour briser les clichés ont décidé de se mettre en scène sur des affiches représentant les différentes facettes d’une même femme : sa vie professionnelle, privée, intime, amicale, ses consommations de produits éventuelles, etc… Elles ont aussi tenu à créer chaque fois une déclinaison pensée spécifiquement pour la région Caraïbes, avec un texte en créole.
Pour la thématique « créons notre 8 mars », les participantes ambitieuses se sont divisées en deux groupes, dont l’un a produit un film « À tire d’Elles » et l’autre a créé une affiche mettant en scène des femmes militantes.
Enfin, le groupe mobilisé sur le cumul des vulnérabilités a présenté des témoignages, en format audio ou vidéo, et pour partie rassemblés sur un site Internet dédié, créé à cette occasion.
Difficile de décrire l’intensité de ce temps de rendu, de ces voix de femmes si courageuses qui livrent leurs vécus, parfois douloureux, avec toujours l’objectif de pouvoir en aider d’autres, leur donner des clés, leur montrer qu’elles ne sont pas seules. Les gorges étaient souvent nouées, mais ce n’est pas seulement la tristesse que l’on ressentait, loin s’en faut. Quand toutes les participantes, à l’invitation de Catherine Aumont, vice-présidente de AIDES, se mettent en cercle en se tenant la main, se regardent dans les yeux et lèvent les bras, c’est une incroyable force collective qui se dégage. De quoi terminer le weekend sur une note d’espoir, celui de voir les projets amorcés continuer de vivre et d’aider les femmes mobilisées.